Achille ne se trouve beau que quand il est nu et cambré dans mon lit. Achille n'aime le son de sa voix que quand elle est rauque et étouffée, ou qu'elle s'élève vers le plafond en un long gémissement plaintif. Achille ne s'aime que quand je le déteste.
J'ai rencontré Achille il y a un mois, mais je le connais depuis toujours. Je sais qu'il a menti sur son âge quand on s'est vus pour la première fois - un adolescent de dix-huit ans a assez de jugeote pour savoir qu'on ne parle pas aux inconnus plus âgés sur Internet. Je continue de le laisser croire que je ne suis pas au courant.
Achille est petit, il ne m'arrive pas à l'épaule. Quand il m'embrasse, il doit se mettre sur la pointe des pieds, ses tous petits pieds sur le carrelage de ma cuisine. Il est joli, Achille, des boucles brunes et des yeux noisettes, un visage fin et délicat, des lèvres charnues ; mais il aurait aussi bien fait l'affaire s'il avait été moche, puisqu'Achille a un très beau corps tout en courbes comme un tableau de la renaissance, avec des fesses rebondies, des cuisses toutes douces et un torse qui arbore ses côtes quand il s'étire.
Achille a toujours l'air un peu fatigué quand il parle, mais joyeux en même temps. Quand il vient dans mon appartement il me salue toujours de la même façon, avec un "Hello" qui dure au moins trois "o". Il pose son sac par terre, dans le vestibule, et me regarde fermer la porte à clé. On discute toujours un peu, avant ou après, sur mon canapé ou dans mon lit aux draps souillés, de politique, de religion, de son avenir, de cul aussi, bien sûr. Il dit beaucoup de choses très vite et je sais qu'il est intelligent, mais je m'en fous puisqu'il suce bien et que c'est amplement suffisant pour avoir mes faveurs.
Avant de repartir il lui arrive de prendre une douche. J'aime bien ces moments là car ils sont beaucoup plus intimes que quand il se tord entre mes bras. Là, Achille ne cherche plus à me plaire, il ne fait que se laver sans se soucier de mon regard, et je pense qu'il met autant de savon pour essayer d'effacer l'odeur de Cologne et de transpiration que j'ai pu laisser sur sa peau.
Après ça Achille s'en va, jamais sans m'embrasser une dernière fois avant de déverrouiller la porte. Il aime beaucoup ça, m'embrasser, il boit mes baisers avec avidité comme s'ils le gardaient en vie. Moi ça ne me dérange pas. Si le prix pour posséder son corps est aussi bas qu'un peu de romantisme, alors je suis prêt à le payer.
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la beauté des brûlures [✔️]
Non-Fiction"Achille ne se trouve beau que quand il est nu et cambré dans mon lit. Achille n'aime le son de sa voix que quand elle est rauque et étouffée, ou qu'elle s'élève vers le plafond en un long gémissement plaintif. Achille ne s'aime que quand je le dé...