ii.

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Une des premières choses que j'ai appris sur Achille c'est qu'il était masochiste, ce qui m'arrange bien. Il m'a dit que je n'étais pas son premier plan cul, mais que j'étais son premier plan cul qui acceptait de prendre part à ce genre de perversités. Alors j'ai été doux quand il est venu chez moi, mais chaque gifle, chaque injure n'était pas assez violente, rien ne lui faisait assez mal, rien ne le faisait se sentir assez vivant à son goût. 

"N'aies pas peur de frapper fort," m'a-t-il dit une fois à bout de souffle. "Je ne suis pas en sucre."

J'ai obéi et je lui ai fait mal, au pauvre Achille, je lui ai fait mal jusqu'à ce qu'il finisse, nu et tremblotant, allongé par terre, couvert de larmes et de semence, secoué par l'orgasme. Je lui ai demandé d'où lui venait son masochisme d'après lui. Il a haussé les épaules et il a dit "Ce n'est pas que la douleur. C'est aussi la sensation de ne pas avoir le contrôle. C'est la peur. Ça me fait me sentir en vie. Et ça me fait prendre mon pied." 

Achille aime aussi que je lui fasse mal psychologiquement. Il aime quand je l'insulte et quand je lui crache au visage. Je n'ai jamais peur d'aller trop loin, il me le dirait sinon, et j'aime trop ça pour m'arrêter en plein milieu. 

Achille fait beaucoup de bruit quand on couche ensemble. Il pleure, il crie, il halète au moindre contact et il se cramponne à moi comme si j'étais un canot de sauvetage. Il m'enfonce ses ongles dans le dos alors je le mords pour le punir. 

Un jour, j'avais acheté une bouteille de cidre, comme ça, pour le plaisir. J'ai dit à Achille de me servir un verre, en riant. Mais Achille s'est levé, les yeux baissés comme un chien battu, s'est dirigé vers le frigo et m'a versé un verre de cidre en murmurant un "oui monsieur". Le voir si servile, si penaud, si pressé d'obéir à mes ordres, ça m'a fait bandé comme jamais et il m'a sucé au milieu de la cuisine avec, dans son regard, une docilité qui s'apparentait presque à celle d'un vulgaire animal. 

- J'ai toujours voulu avoir un chien", j'ai dit en emmêlant mes doigts dans ses cheveux. "Maintenant je suis servi." 

Après ça j'ai porté Achille jusqu'au lit et je l'ai baisé jusqu'à ce qu'il crie grâce. 

- T'as d'autres plans cul à part moi ?" je lui ai demandé une fois.

- Non", il a répondu et je l'ai cru. "Et toi ?"

J'ai ri. 

- Ouais, plein. Hommes et femmes, trans ou pas. Très peu sont des masochistes, c'est pour ça que c'est bien de t'avoir sous la main."

Je lui ai jeté un coup d'oeil et j'ai vu qu'il n'avait pas l'air vexé, contrairement à ce que je m'attendais. Il avait même l'air satisfait. Achille aime quand je dis qu'il m'appartient ou que je le traite comme un objet dont je pourrais me débarrasser. J'apprendrai plus tard que cette partie de lui était bien plus profonde que de vouloir entendre quelques insultes humiliantes.


la beauté des brûlures [✔️]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant