ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ i

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J'aime la danse. Vraiment. 

Je ne sais pas si je veux en faire mon métier. Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de vivre cette vie là. Je ne sais pas si c'est la vie donc je rêve. Mais je sais que j'aime l'idée de pouvoir m'exprimer par les mouvements de mon corps. Je sais que j'aime me perdre dans les mélodies. Je sais que je me sens libre quand je danse, que je ressent dans ces moments quelque chose que je ne ressent nul part ailleurs. 

Si maman n'avait pas été professeure de danse, je n'aimerai peut-être pas la danse, car on m'a élevée dans l'idée d'être une grande ballerine, ça ne fait pas de doute. Si maman avait enseigné le basket ou le derby je passerai surement mon temps libre à dribbler ou a pousser des filles en roller. Mais maman enseigne la danse. Alors je danse. Et j'aime ça. 

Elle aurait voulu être danseuse étoile, elle vivait pour briller sous les projecteurs. Mais lorsqu'elle avait 18 ans, et que sa carrière de ballerine était prête à commencer, elle s'est blessée à la jambe et a du dire adieu à ces rêves. Aujourd'hui encore, elle boite quand elle marche dans les couloirs de l'école de danse. Mais elle n'est pas du genre à s'apitoyer sur son sort. Si elle ne pouvait pas accomplir son destin, l'un∙e de ses enfants s'en chargerait. 

Quand j'ai eu trois ans, elle m'a inscrite aux premiers cours. Elle avait fait cela aussi pour mon frère, ma soeur jumelle et ma soeur ainée. Mais aucun des autres membres de la famille n'a été aussi convaincant que moi. Mon frère a vite abandonné -fatigué de se faire traité d'un mot que je n'écrirai pas-, ma jumelle a laissé tomber le sport et ma soeur ainée n'a jamais eu le niveau pour dépasser le premier examen. J'étais alors le seul espoir, et j'en étais fière.

Les premières années ressemblaient plutôt à des garderies qu'à des leçons, il n'y avait que des petites filles en tutu rose qui courraient partout et hurlaient sans motifs particulier. On ne pouvait même pas entendre ce que la professeure disait. Puis, avec le temps, les petites filles qui venaient pour se défouler sont parties et le cours est devenu plus calme. Plus calme et plus intéressant. Et j'ai compris pourquoi ma mère tenait tant à la danse classique. 

Aujourd'hui je m'appelle Esmée. On m'appelle Em. J'ai 17 ans, j'ai des cheveux afros difficiles à faire entrer dans mon chignon de danseuse, j'aime la danse et pas vraiment grand chose d'autre, la danse prend trop de temps pour avoir du temps libre. J'aime aussi l'école, une occasion en or de voir mes ami∙es, même si je n'en ai pas beaucoup... Passons. Vous lisez ma descente aux enfers. 

𝐒𝐢𝐱𝐭𝐞𝐞𝐧 (𝗴𝗶𝗿𝗹𝘅𝗴𝗶𝗿𝗹)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant