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Le véhicule venait de s'immobiliser un peu plus loin, à la lisière de la campagne.

Nous nous retrouvions alors perdus en pleine nature, au cœur d'une forêt où la brume hivernale avait déployé ses ombres, tissant un voile mystérieux sur la nature endormie.

À travers la vitre, mes yeux s'étaient perdus dans ce paysage voilé, noyé dans un brouillard laiteux et épais. Le monde semblait dissous dans cette lumière éthérée, laissant à peine percevoir les contours de l'horizon.

Un silence solennel régnait depuis qu'elle m'avait tendu cette invitation à échanger. La reine elle-même était présente aujourd'hui, après un mois d'absence qui avait paru une éternité.

J'avais longtemps hésité avant d'accepter sa proposition, débattu entre mes doutes. Pourtant, j'avais finalement cédé, et me voilà maintenant à ses côtés.

Mon regard glissa, se détournant de l'environnement pour se fixer sur mes mains, où mes doigts s'agitaient avec une nervosité que je ne parvenais pas à réprimer.

Elle était là, assise à mes côtés, tangible et réelle, et pourtant j'avais encore du mal à y croire. Que pouvait-elle bien vouloir, maintenant ?

Que cherchait-elle, ici, dans ce lieu où je m'étais si soigneusement dissimulé ?

Comment m'avait-elle retrouvé ?

Était-elle venue pour me réclamer un éloignement définitif, pour me chasser encore, m'annonçant que notre abri secret n'était plus à l'abri de ses regards ?

Je ne parvenais pas à saisir la raison de sa présence, ni l'énigme qu'elle incarnait en cet instant si inattendu.

La dernière fois que nos paroles s'étaient croisées, elle m'avait dit qu'elle ne souhaitait plus jamais croiser mon chemin, et que cette nuit-là, tout ce qui s'était passé devait rester scellé, figé dans le secret entre nous trois, aussi intangible que le souffle d'un souvenir interdit.

Et pourtant, aujourd'hui, elle était là.

J'avais eu du mal à interpréter cette réaction au début , je l'avoue. Mais avec le recul, je me disais que l'essentiel avait déjà été accompli : ce qui devait prouver la présence du divin à leurs yeux l'avait fait, et c'était là l'essentiel.

Peu importait l'écho de cette réaction, en moi, il restait une certitude, elle, tout comme son époux, n'oublierait jamais celui qui leur avait offert la guérison.

Une guérison annoncée, sobrement, trois semaines après le miracle, par des mots dépouillés de détails.

Elle : Je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu as accompli cela.

Sa voix, enfin libérée, résonna dans l'habitacle et rompit ainsi le silence lourd qui nous entourait.

Nerveusement, je levai les yeux vers elle.  Sa tête était tournée vers le paysage, perdue dans ses pensées, comme si la réponse se cachait quelque part dans l'immensité qui s'étendait devant nous.

Moi : Comme je vous l'avais dit autrefois, c'est le divin.

Son regard se tourna enfin vers moi, et je baissai instinctivement le mien, submergé par une vague d'appréhension. Je sentis son regard m'analyser en profondeur, scrutant chaque nuance de mon être. 

Puis, lorsque je relevai les yeux vers elle, nos regards se croisèrent une seconde fois. Pourtant, elle détourna quelques secondes après son attention, se focalisant sur l'horizon où les gardes, surveillaient l'extérieur.

Elle : Comment est-ce possible ? Cela défie toute logique.

Moi : Dieu m'a accordé le don de guérir le roi par la prière. Je comprends que cela puisse sembler insensé, une chimère, et que vous puissiez me considérer comme une folle, mais je vous assure, l'existence de Dieu est bien réelle.

le prince et la chrétienne [TERMINÉ] ( RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant