Chapitre 1

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Bristol, Août 1924

William passa sa grande main calleuse sur son visage fatigué, il s'étira en poussant un bâillement sonore. Ouvrant nonchalamment la porte de sa camionnette, il descendit pour aller frapper contre la porte en bois rongé par les mites qui lui faisait face.

- Hey demi-portion c'est moi ! Allez bouge toi, on a pas toute la journée !

La petite silhouette vêtu de noir s'extirpa de derrière la porte, bousculant William au passage et grimpa dans la camionnette, côté passager, sans demander son reste. William haussa un sourcil puis claqua la porte qui manqua de s'effondrer avant de rejoindre à son tour la camionnette.
Le gamin s'était assis sans un mot, sa casquette était bien enfoncé sur sa tête et le col élimé de sa veste trop grande pour lui  cachait son visage.

- Il t'a frappé ? Demanda William d'un ton un peu plus agressif qu'il aurait voulu.

Le mioche répondit par un espèce de grognement étouffé. William approcha sa main, histoire de voir l'étendue des dégâts mais il le repoussa.

- Arrête de faire l'idiot et fais moi voir.

Il l'attrapa par le menton et le força à tourner son visage vers lui, le gamin détourna le regard avec une moue agacé. Il l'avait vraiment pas raté cette enflure, entre le coquard, la lèvre éclaté et les bleus violacés que ses mèches noirs camouflaient un peu, le pauvre mioche avait l'air d'avoir passé un sale quart d'heure. William le lâcha rageusement et se reconcentra sur la route, les mains tellement serrées sur le volant que leurs jointures avaient blanchi.

- On s'en fiche, tout aura disparu dans 5 min de toute façon... Marmonna le garçon en essuyant le sang qui coulait de son nez avec la manche de sa chemise.

Il essayait de le rassurer probablement, mais William n'était pas rassuré, c'était justement pour ça que ce connard se permettait de le fracassé, parce que quelques minutes plus tard tout aurait disparu.

- C'est pas une excuse merde ! Il devrait pas te traiter comme ça et toi tu devrais pas te laisser faire !

Demi-portion haussa les épaules, l'air indifférent, s'il n'était pas déjà amoché William aurait bien aimé lui foutre une claque, histoire de le bouger un peu.

- Mais putain Thomas ! Tu peux pas continuer comme ça ! T'as pas besoin de ce déchet alors casse toi ! C'est quoi le problème, t'es grand tu sais te démerder tout seul, t'as pas besoin de lui !

- Mais lui il a besoin de moi, tu sais très bien que si je le laissais tout seul il finirait en tole à cause de ses dettes, ou alors il crèverait de faim, ou il s'étoufferait dans son vomi après une cuite.

- Et alors ? Laisse le crever, il le mérite.

Demi-portion lui lança un regard noir, un regard qui lançait des éclairs, William savait ce que voulait dire ce regard : "C'est mon père.". Et c'était bien là le problème, c'était son père qui lui avait fait ça. William aussi il avait des gosses, Lola sa petite princesse et Quentin son petit bonhomme, jamais de la vie il n'aurait levé la main sur eux. Bon, une petite torgnole quand ils faisaient une connerie, ok, ça n'avait jamais tuer personne et puis il fallait bien les éduquer ces mômes, mais Thomas était un brave gamin, il méritait pas de se faire éclater la gueule comme ça. Ça l'avais fait beaucoup marrer quand la demi-portion était venue le voir en disant qu'il cherchait du boulot, ce gringalet devait même pas atteindre les un mètre soixante et il était maigre comme un clou. Pourtant le petit gars avait de l'énergie à revendre, il était serviable, il ne se plaignait jamais et il travaillait vite et bien. Ouais, Thomas était un bon petit gars, William l'aimais bien et il avait envie de l'aider mais voilà, Thomas ne voulait pas qu'on l'aide, alors il ne pouvait rien faire et ça lui donnait la rage. Il jeta un coup d'œil vers le gamin avachi sur la portière, le regard dans le vide, toutes les marques avait disparu, il était comme neuf.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 12, 2020 ⏰

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