Drôle d'halloween

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Dans les fines rues envahies de monstres, trois amis cheminent.

De portes en portes, ils toquent sans savoir ce qu'il y a dans les demeures éclairées.

La squelette à chapeau à une porte bien précise prend la parole.

"Auriez-vous des friandises pour de drôles de créatures aux poches pleines de maléfices?"

L'homme à la moustache digne de la nuit qui approche, sourit.

"Si vous possédez le temps, mes friandises remplaceront vos maléfices."

Voilà comment il disparait laissant les trois amis, solitaires avec le temps.

Dans chacun des paniers, il revient disposer une poignée de caramels empoisonnés par le sucre.

Puis fermer la porte pour laisser les farceurs continuer leur recherche.

"C'était là un de nos congénères vampires, un maitre sorcier."

La squelette, tout sourire au chapeau, a parlé.

Mais son ami, au déguisement loufoque en rajoute.

"Et de ses beaux yeux, il t'a ensorcelé."

Elle ne le contredit pas et sourit, encore une fois.

"Par son numéro de téléphone,aussi."

Uniquement dans son panier, à elle, en osier, un bout de papier, il avait glissé.

La chasse aux bonbons s'arrête à la vue du noir horizon.

La soirée alors commence, et la correspondance avec.

Il est minuit passé quand le chapeau prend congé de ses amis.

"Je sais, ça n'est pas sage de rejoindre un homme par une nuit pareille. Mais l'aventure m'appelle et je ne suis pas moi."

Le seul ami restant, le seul assez éveillé pour lui répondre, la salue avec un lèger sourire.

Après tout, elle est adulte, sa sécurité est sienne.

La squelette retrouve le mystérieux et l'humour commence enfin.

Elle le défie en énumérant tout ce qu’il pourrait lui faire.

"...Me violer, me torturer, puis me tuer. Dans n'importe quel sens."

Il s'esclaffe.

"Je ne suis pas adepte du viol de cadavre. Ce n'est pas recommandable."

Elle s'esclaffe à son tour.

"Tout dépend du stade de décomposition."

Ils continuent de discuter d'horreurs sans pareilles en riant aussi fort que la nuit.

Et leurs cœurs sonnent en une symphonie silencieuse.

Pris d'une envie de la faire taire, sous la lune brune, il l'embrasse, une main sur ses hanches.

Mais leur discussion continue, comme si Cupidon avait manqué son coup.

C'est avec regret que l'homme à la moustache annonce son départ.

"Tu pars, ainsi, sans lâcher une pantoufle de verre? Comment vais-je te retrouver?"

Même si le numéro du mystérieux est bien enregistré dans son portable et dans sa mémoire, elle a peur de ne plus le revoir.

"Le bal a lieu tous les ans. Je reviendrais et je serais ton cavalier pour la seconde fois. Passe une bonne année."

Et d'un baiser déjà froid, il scelle cette promesse.

HalloweenWhere stories live. Discover now