Ashahina: princesse du temps

Rencontre avec une déesse

Si le roi Kunda passait son temps au château, ce n'était pas le cas de son frère Hakun.

Celui-ci adorait flâner à travers le royaume.

À dos de cheval, le prince traversait les rues de la capitale aussi rapide que le vent.

Il galopa jusqu'à la périphérie de Dumba. Une fois qu'il fut sûr d'être suffisamment éloigné du tumulte de la capitale, il ralentit. Il s'apprêtait à descendre quand soudain, le cheval se cambra et piaffa ce qui fit tomber son cavalier.

- Qu'est ce qui t'arrive?? Demanda Hakun à la bête affolée.

Mais le cheval se retourna et s'en alla sans aucune autre forme de procès.

Le prince en tombant s'était écrasé sur son bras et des pierres s'ancrèrent dans la peau de son dos. Nul besoin de préciser qu'il se tordait de douleur.

L'objet de la mise en fuite du cheval ne tarda pas à se manifester. Hakun ressentit au niveau de sa cheville une soudaine douleur vive et forte. Et, pour montrer cela, il poussa un juron de tous les diables!

Le serpent effrayé par tant de bruit et de mouvement, s'enfuit à toute vitesse à travers la forêt.

- À l'aide! S'écria le prince. Au secours!
je me suis fait mordre par un serpent.

- Tu n'es pas obligé de crier si fort! Regardes comment tu l'as fait peur... Dis une voix douce provenant de la forêt.

Le prince pencha légèrement sa tête sur le côté et cru alors être victime d'hallucinations.

En effet, tout au long de sa vie, il n'avait jamais vu de femmes aussi belles que celle-là.

Son corps était comme tout droit sorti d'un moule spécial : aucunes parties n'étaient exagérées. Tout était comme il faut et là où il le faut. Ses yeux étaient élégamment dessinés en amende et ses iris étaient d'un profond noirs adoucit par des paillettes d'or. Ses lèvres pleines et charnue appelaient au baiser et, le tout étant surplombé d'une chevelure noire pure, drue et aérienne ornée de magnifiques bijoux en or. Un bandeau rouge serrait son front. Et un grand pagne bariolé faisait office de vêtement. Le soleil qui se couchait dans son dos était comme l'écrin qui révèle au monde d'entier la beauté du bijou dont il est le porteur.

Tout en elle respirait l'élégance et la grâce. Elle dégageait une douce aura de magie qui rendait chacun de ses gestes et chaque paroles prononcées envoûtant.

Le prince Hakun la vit se courber vers une forme rampante au sol. Elle tendit le bras et le serpent rampa jusqu'à elle, se hissa sur son bras, et se transforma en un simple tatouage.

Les yeux du prince qui étaient déjà assez écarquillés, s'agrandirent encore plus.

- Pauvre petite créature dit-elle en caressant son bras. Il ne vous a pourtant rien fait de mal.

Le prince voulut lui répondre, mais fut prit d'une quinte de toux intarissable.

- Enfin... Mis à part une petite morsure. Bon! Dit-elle en se relevant d'un coup. Je vais vous soignez. Mais promettez moi de ne pas crier.

Pour toute réponse, le prince hocha la tête. Elle s'accroupit alors à son niveau, dénuda la jambe infectée, et entreprit d'aspirer le venin hors de la jambe avec sa bouche.

Au contact des lèvres de la jeune femme, Hakun frissonna. Mais bientôt, une grande douleur investit son corps. Il devait alors tenir sa promesse et se retenir de crier chose qui n'était pas facile.

Heureusement pour lui, au moment où il croyait ne plus pouvoir tenir, la femme s'arrêta. Elle se redressa les joues gonflées de venin qu'elle avala avec une aisance qui aurait fait saliver un homme traversant le désert.

- Bien. C'est fini maintenant, vous  n'avez plus rien à craindre. Dit-elle en se retournant pour partir

- Attendez! S'écria Hakun. Elle s'arrêta mais ne se détourna pas de son chemin. Vous ne risquez rien à avaler du venin de serpent ??

- Vous voyez bien que non! Dit-elle en se retournant tout sourire. À présent rentrez chez vous; je ferai de même. À bientôt !

- Hé attendez! Dites moi au moins votre prénom! Hé!

Mais il n'y avait déjà plus personne.

- Votre Majesté ! Prince Hakun !
Héla un garde à cheval.
Une fois qu'il vit le prince, il mit pied à terre et l'aida à se relever.

- Que vous est-il arrivé ? Votre Majesté vous allez bien?

Le prince s'aggripait au garde et était tout tremblant. Il pensait au fond de lui avoir été victime d'une hallucination. Mais la chaleur des lèvres, et la douleur ressentie plutôt prouvaient le contraire.

- J'ai vu... J'ai vu....

- Qu'avez-vous vu votre Majesté ? Demanda le garde assez troublé par le comportement du prince que tout le monde connaissait très intelligent et terre à terre.

- Une déesse. J'ai vu... Une déesse.

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