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Et cela passe, bien entendu, par accepter votre relation.

Allongée dans mon lit, perdue dans le calme nocturne, mon esprit s'enlisait dans cette phrase qui ne cessait de me hanter, se répétant sans fin, telle une mélodie obsédante.

L'onde de choc, encore vive, m'avait plongée dans un état de déni si profond que j'en venais à nier l'existence même de ces mots, refusant d'accepter qu'ils aient réellement été prononcés.

Et pourtant, la reine Akzak me les avait bien adressés. Elle m'avait remis cette note, où l'adresse d'Arole était inscrite d'une encre sobre mais solennelle, et où figurait également le numéro de son garde personnel. Elle m'avait enjoint de l'appeler si je trouvais en moi la détermination d'aller à sa rencontre.

Mon Dieu, mes yeux peinent encore à croire ce qu'ils contemplent. Tout, en moi, résonne de cette incrédulité mêlée d'un étonnement que je ne parviens à réprimer, comme le reflet d'une expression mitigée, presque incrédule, que j'avais laissée paraître lorsqu'elle m'avait tendu cette note.

À ce moment-là, en saisissant ce morceau de papier, j'avais pensé qu'elle se jouait de moi, une fois de plus, savourant peut-être la mesure du pouvoir qu'elle exerçait pour me troubler, voire me blesser.

Mais à cet instant précis, lorsque son sourire s'est dessiné, bienveillant et dépouillé de toute ironie, elle m'a rassurée de quelques paroles apaisantes, et il m'a semblé pour la première fois que rien, dans ce geste, n'était feint.

L'émotion m'a soudain submergée et, je l'avoue, j'ai senti les larmes monter, prête à éclater en sanglots devant elle.

Après des mois de tourments où sa menace planait telle une ombre oppressante, des semaines d'angoisse où je redoutais à chaque instant pour mon propre avenir, pour celui de ma famille, après ces nuits blanches passées à scruter les ténèbres, à chercher des réponses dans l'obscurité de mes doutes, et après ce mois éprouvant où j'avais l'impression de n'être qu'une coquille vide, amputée d'une part de moi-même que je ne retrouverais peut-être jamais... à cet instant, je voyais enfin poindre l'aube, une lumière tremblante mais réelle, au bout de ce tunnel d'obscurité.

Si ce matin, en ouvrant les yeux, quelqu'un m'avait murmuré que la reine Akzak et moi allions non seulement échanger, mais que dans cet échange, elle se livrerait en me racontant des fragments de son passé, qu'elle se montrerait vulnérable et, finalement, qu'elle finirait par accepter mon lien avec Arole... jamais je n'aurais pu accorder foi à une telle prophétie.

Allongée, le regard fixé sur le plafond jauni par le temps, constellé de traces d'eau s'étendant telles des ombres fantomatiques, je peinais encore à réaliser pleinement l'ampleur de ce que je venais de vivre.

Je me redresse, lentement, et mes doigts frémissants se posent sur la note que la reine m'avait remise.

Je déchiffre encore et encore les lettres gravées dans cette encre austère, comme si la réponse à mes angoisses pouvait y être dissimulée. Mais plus je contemple ces mots, plus mon cœur s'alourdit, frappé d'une anxiété métallique, me privant presque de souffle.

Plusieurs questions me passent par l'esprit, Suis-je réellement prête à le revoir, après tout ce qui s'est passé ?

Trouvera-t-il la force de me revoir lui aussi, d'accueillir mon regard, même après le torrent de mots cruels que je lui avais déversé ce jour-là, sous cette pluie battante, sans le moindre remord ?

le prince et la chrétienne [TERMINÉ] ( RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant