II : 850 000 j'aime

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« Mata, regarde ! 85 000 j'aime ! », s'exclama Mélench.
Il venait de poster un tweet de remerciement pour les habitants d'Hiroshima. Matatabi arriva derrière son épaule pour regarder le post.

«Tu t'es trompé c'est pas 85 000 c'est 850 000 »

Le candidat sourit à cette nouvelle. C'est plus que ce qu'il n'aurait jamais cru. Par contre il allait devoir changer de lunettes au risque de confondre encore des nombres.
Son prochain meeting allait se dérouler à la Seine Saint Denis, l'endroit le plus dangereux de France après Marseille. Il n'avait pas hâte d'y être, pourtant cette ville se trouvait sur sa liste d'obligations.

Toujours accompagné de son mari et du cortège des partisans de la France insoumise, il se rendit le lendemain dans le 93. Il tremblait par appréhension. À n'importe quel moment il pouvait se prendre une pierre sur la tête et mourir ou finir à l'hôpital à cause de coups de feu.

L'atmosphère était surprenante. Il n'y avait pas un chat, tout semblait vide. Il régnait un immense silence autour des tours et barres, sur lesquelles soufflait le vent. Jean-Luc fit quelques détours pour trouver des habitants, jusqu'à tomber sur une place gigantesque où se trouvaient toute la population du 93. Devant eux, un homme aux cheveux gris se tenait debout sur une estrade. Mélenchon songea : «c'est qui ce type qui me vole ma rencontre abonnés ? ». Des grandes toiles colorées flottaient derrière l'homme, des sortes de drapeaux rouge, blanc et bleu.

Non, ce n'était pas les drapeaux de la France, ni de la Russie, ni des États-Unis, ni du Royaume-Uni mais celui du Rassemblement National, anciennement appelé Front National.
« C'est donc le fameux Aziox Yagura ! ».
Aziox, de ses un mètre soixante et un, maniait les mots comme Baba maniait les camions. Les gens de la Seine Saint Denis l'acclamaient, des coups de feu résonnaient -les racailles des cités avaient ramené les kalash pour manifester leur joie- et on pouvait entendre la foule crier "Dehors les étrangers !"

« Ils sont cons putaing, pensa Mélenchon, la moitié d'entre eux sont soit arabes, soit turques, soit marocains. Et ils écoutent un mec de droite ? C'est de la sorcellerie, personne n'écoute les friqués d'habitude... ».
Matatabi chuchota quelques mots à Mélenchon. «C'est trop tard, ils sont corrompus par l'extrême droite. Le seul moyen pour toi de les convaincre c'est de gagner »

Mélenchon était mécontent. Il misait tout sur cette rencontre. Il en avait besoin pour ses stats twitter mais Aziox lui avait coupé l'herbe sous le pied. Il jura qu'il aurait sa revanche.

Deux semaine plus tard, les candidats se livrèrent à un débat télévisé. Mélenchon devait débattre contre Angelina Uzumaki, une candidate du parti Alliance Royale Capitaliste, un des plus grands dangers parmi ses rivaux.

Sous tension dans les coulisses, Mélenchon ne tenait plus. Il sentait le stress s'amplifier au fil de l'attente. Son homme n'avait pas pu venir le soutenir à cause d'une vilaine grippe. À sa dernière gorgée de Cristalline, toujours sponsor de la France insoumise, une main se posa sur son épaule. Et parmi toutes les mains existantes sur terre, celle-ci était de loin celle dont il avait le plus besoin.

« Coucou petit frère »

Jean-Luc se retourna. Baba était là, devant lui. L'ancien prisonnier était venu le soutenir. Mélench et lui se firent une accolade fraternelle, et le candidat lui notifia à quel point cela le rendait heureux de voir un membre de sa famille. Comme il savait que Baba trouvait toujours le moyen d'aller où il veut et de s'en sortir tranquillement après, il ne posa aucune question sur sa présence dans les studios de TF1 en plein Vigipirate. Le moment d'entrer sur le plateau arriva et Babanane fit une frappe amicale à son frère pour le pousser à avancer.

Mélenchon, Président insoumisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant