KEMET [T2]

NARCISSE

Ce matin, je m'étais réveillé seul, encore une fois. Ça me frustrait de ne plus me réveiller avec Bae. Ça me manquait de ne plus pouvoir l'embrasser, la toucher et la regarder pendant des heures.

Je serrais les poings, tout ça parce qu'on me l'avait volé. Je la sentais à l'opposé de ma position, je voulais la voir. Je n'aimais pas qu'elle me boude ni savoir qu'elle était aussi loin de moi, j'allais devoir remédier à ça. Trouver un prétexte pour qu'elle dorme de nouveau avec moi.

Je me levai et pris un moment pour me préparer. Cela me détendit, il valait mieux que je sois calme car Bae n'est pas très patiente quand on la contrarie. Et en ce moment, j'étais tout en haut de la liste.

Lorsque j'arrivai dans le boudoir où elle se trouvait, je la trouvai mal au point dans son lit. Des larmes coulaient sur ses joues. Je serrai les poings, ça m'horripilait de la voir souffrir à cause de ce bébé.

Déjà quand elle était enceinte de moi, je supportais pas de la voir avoir mal à cause de notre enfant, alors celui d'un autre. J'avais envie d'arracher cette enfant de son ventre.

Elle remarqua ma présence et dû voir quelque chose dans mon regard parce qu'elle gémit de douleur en reculant, d'un air effrayé, je me forçai à me calmer. Pour elle, pour ne pas aggraver les choses.

- Mon...Bae...

- Je...vais...bien...juste...mon estomac...

Elle se tourna vers Valentina qui l'aida à se mettre au-dessus de la bassine et à vomir. Son visage était si pâle, elle semblait beaucoup trop fragile et faible. J'avais vraiment envie de tuer ce bébé.

- Je vais...bien..., bredouilla-t-elle à mon attention, elle sentait mon inquiétude.

- Ça va Bae, concentre-toi juste sur ta respiration...

- Il est fâché, rétorqua-t-elle à l'attention de Damien.

- Il est inquiet madame.

- Tu veux bien me trouver des fruits de la passion ?

- Tout de suite, répondit Valentina en échangeant sa place.

- Pourquoi ne m'as-tu pas appelé ? Ethan arrive...

- Parce que...tu ne veux pas vraiment de nous ici...

Je me raidis. Elle affronta mon regard, elle avait décidé que nous devions finalement avoir La fameuse conversation. Je m'assis, Damien et Fedy quittèrent la pièce.

- Bae, j'ai dit que tu pouvais venir ici, même devant les clans...

- Nous, précisa-t-elle, tu dis tout le temps "tu" mais tu vois bien que je suis enceinte, non ? Ignorer ma grossesse ne la fera pas disparaître...

- Si je ne l'ignore pas, je vais le tuer, pesta-je en me levant pour m'en aller.

- Eros, on parle ! Cesse de faire l'autruche et de fuir cette conversation !

- Tu veux que je te dise quoi ? répliquai-je en tentant de ne pas m'énerver.  Tu veux que je sois heureux de cette chose qui me rappelle chaque jour que tu t'es donné à lui...qu'un autre que moi t'a touché ?

- Eros, murmura-t-elle tandis que des larmes coulaient sur ses joues.

- Cette chose...c'est comme Dave qui me nargue à chaque instant ! Il jure qu'il ne t'a pas forcé, tu ne nies pas qu'il ne t'a pas forcé...qu'est-ce que je dois comprendre de tout ça ? Tu as accepté d'aller dans sa chambre, de te dévêtir devant lui et de...de...

Elle détourna son regard, ne sachant quoi dire. J'inspirai profondément pour me calmer, même si je ne disais rien, ce qu'elle avait fait, c'était me tromper, me trahir, elle m'avait été infidèle.

- Eros, je te demande pardon.

- C'est trop tard ! Je ne peux pas voir cette chose et te pardonner ! Je n'arrives même pas à fermer les yeux ou dormir sinon je le vois avec toi, toi qui est censé être ma femme, ma précieuse, dans son lit !

- Eros, écoutes...

- Quoi ? Même si vous aviez des problèmes, tu ne pouvais pas m'attendre ? Pourquoi Johanna, Sephora et même Ruth n'ont rien fait aux autres ? Pourquoi seulement toi, tu as fait ce choix ? J'ai imaginé notre relation ? Étais-je le seul amoureux dans notre mariage ?

- Eros, ne dis pas ça, je t'aime ! Je t'aime plus que tout...

- Alors pourquoi as-tu couché avec lui ? Pas une fois mais plusieurs fois jusqu'à tomber enceinte, criai-je hors de moi. Tu prenais la pilule avec moi et avec lui, tu ne l'as pas fait ?

Elle se raidit. Je savais qu'elle avait mal mais je n'avais pas fini. Elle avait voulu qu'on ait cette conversation, elle allait donc devoir assumer.

- Je n'étais pas digne d'avoir des enfants avec toi ? Tu ne savais pas pour ma vasectomie donc pourquoi ? Dave mérite plus d'être père que moi ? Je suis trop horrible pour que tu portes mes enfants ? Qu'est-ce que je dois comprendre Bae...

Elle essuya ses joues avec le dos de sa main avant de se redresser, je reculai, je ne voulais pas qu'elle me touche, je ne voulais plus que ses mains qui avait fait des cochonneries avec Dave me touchent.

- Je peux t'expliquer...

- M'expliquer quoi ? Comment tu as osé signer des documents pour divorcer avec moi ? Comment tu as osé accepter d'entrer dans une église, couper tes liens avec moi afin que je ne sente rien et que tu te maries ? Comment tu as pu te donner à lui ?

Je mis un coup de pied à la table qui se brisa. Fedy débarqua aussitôt dans la pièce avec Ethan et nos pères. Je me passai une main dans le visage pour ne pas pleurer, tout ça me donnait envie de mourir.

- Je te demande pardon Eros, chuchota-t-elle d'une voix cassé d'avoir trop pleuré.

- Tu t'es donné à lui...tu savais que c'était la seule chose que je ne pourrais jamais te pardonner...tu as laissé un autre que moi toucher à ce corps qui m'appartient...tu ne lui as pas dit non ! Tu as été consentante !

- Tu aurais préféré que je laisse les jumeaux mourir ? Je me batte avec lui..., s'énerva-t-elle soudainement.

- Oui, répondis-je.

Elle écarquilla les yeux en les levant vers moi, comprenant quelque chose. Elle essuya de nouveau ses joues puis murmura sur un ton sarcastique :

- Tu aurais préféré qu'il me force, c'est ça ? Que j'avorte ou que je perde ce bébé, n'est-ce pas ?

- Oui, dis-je de nouveau sans aucune pitié.

Je sus à cette instant précis que quelque chose venait de se briser et que notre mariage n'existerait plus jamais. Elle n'allait pas me pardonner ce que je venais de dire, et je ne suis pardonnerais pas de devenir la mère de l'enfant d'un autre.

- Veux-tu que je m'en aille ? me demanda-t-elle d'une voix tremblante.

- Non. J'ai promis de te protéger, tant que cette chose est dans ton ventre, ça l'inclut aussi ! Tu peux rester !

- Je suis désolé de t'infliger ça...de t'empêcher de dormir...j'ai la chance d'avoir un cerveau qui trie les choses, je ne me souviens d'aucune de mes nuits avec David, m'avoua-t-elle, mais...ça m'attriste de me dire que toi par contre...tu es torturé par ça...

Je ne répondis pas en m'approchant de nouveau d'elle, je posai ma main sur son ventre qui vibra. Bizarre. Je diminuai sa douleur avant de l'embrasser sur le front pour l'endormir. C'était le maximum que je ne pouvais faire. J'étais toujours en colère mais j'étais incapable de la regarder souffrir.

Je quittai la pièce en esquivant mon père, je me dirigeai vers l'ascenseur. Le miroir me renvoya mon reflet et mes yeux remplit de larmes. je les baissai vers la main que j'avais utilisé pour toucher son vendre. Elle vibrait toujours...