La déclaration

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Dazai et Chuuya sont de nouveau réunis exceptionnellement et rentrent d'une interminable mission qui leur rappelle celles dont ils étaient habitués à la mafia, mais moins sanglante. Dazai étant à l'Agence, il a pour ordre de ne tuer personne. Le soleil se couche à l'horizon. En route vers leurs organisations respectives, ils s'arrêtent le temps de prendre une pause et de fumer.

Chuuya jette un œil à Dazai, il a le regard perdu dans le vide, il semble préoccupé et plongé dans ses pensées. Avant qu'il ne puisse lui demander quoi que ce soit, Dazai avance de quelques pas pour passer devant Chuuya et se retrouver à lui tourner le dos. Chuuya le regarde avec un air interloqué.

Quelques secondes s'écoulent avant que le brun ne se mette à parler.

« Tu sais pourquoi je te déteste, Chuuya ? »

Dazai est toujours de dos, il se tient là, immobile. Chuuya ne peut pas savoir quelle expression il fait ou les émotions qu'il ressent.

Dazai reprend la parole :

« Je vais te dire pourquoi. Depuis tout petit, j'ai toujours été seul, j'ai rejoint la mafia à 14 ans et j'ai grandi dans cet endroit horrible. Je haïssais le monde. Jusqu'à ce que tu entres dans ma vie et y foutes le bordel. Tu es entré dans ma vie, et maintenant je ne peux plus t'en faire sortir. »

Chuuya écoute attentivement Dazai. Il est perplexe mais ne dit rien.

« Tu m'as sorti de mon quotidien ennuyeux et sombre. Lors de cette mission sur Arahabaki, tu étais à mes côtés et tout était très différent de ce qu'on m'imposait habituellement. Je me suis beaucoup amusé. »

Chuuya devient de plus en plus confus, pourquoi lui raconter ça ? Où veut-il en venir ? Quel est le sens de tout ça ? Des milliers de questions tournent dans sa tête mais Dazai le coupe dans ses pensées et continue son récit.

« Mais après ça, tu es devenu mon quotidien. Tu étais insupportable et arrogant mais ta présence rendait la vie moins dure. Je voulais rester avec toi, je te trouvais intéressant mais être trop longtemps ensemble devenait invivable. Heureusement que j'ai rencontré Odasaku, si j'avais dû passer une seconde de plus avec toi j'aurais explosé. »

Chuuya n'en était pas sûr mais il cru entendre un léger rire à la fin de sa phrase.

Le ton de Dazai devint plus grave.

« Mais après sa mort, je devais partir. Je n'avais pas le choix, je lui avais fait une promesse. Je voulais te parler, tout t'expliquer, te dire au revoir mais j'avais trop peur de ta réaction. J'étais encore sous le choc de l'événement et je ne voulais pas qu'on se crie dessus... pas après ça. C'était trop dur pour moi et je ne savais plus quoi faire, je n'arrivais plus à penser correctement donc je suis juste parti. Et ce soir là, en quittant la mafia, j'ai perdu les deux personnes que j'aimais le plus au monde. »

Dazai reste silencieux un instant. Depuis le début, il ne s'est jamais retourné. Mais au fur à mesure qu'il parlait, il avait de plus en plus de mal à ne pas laisser transparaître ses émotions dans sa voix. Chuuya reste figé sur les déclarations de Dazai, incapable de réfléchir et de comprendre ce qu'il se passe.

« Je te déteste, Chuuya, parce que tu me fais perdre mes moyens. Je n'arrive plus à penser correctement, tu me fais tourner la tête et je ne sais plus quoi dire ou faire, alors je me protège en me braquant. Je suis méprisant car je ne sais pas faire autrement. Tu me fais ressentir trop de choses et je suis perdu. Voilà pourquoi je te déteste. »

Chuuya, encore sous le choc des propos de Dazai, est incapable de faire quoi que ce soit. Son cerveau est comme freezé.

Alors que ça devrait être une évidence, Chuuya reste encore perdu et ne comprend pas le sens de tout ce qu'il vient d'entendre.

Ayant terminé son récit, Dazai commence à partir, toujours en lui tournant le dos. Ce geste fait reprendre ses esprits à Chuuya. Il fonce instantanément vers lui, lui attrape le poignet et tire d'un coup vif pour que Dazai se tourne vers lui.

Leurs regards se croisent. La crainte se lit dans les yeux de Dazai, ses joues sont rouges et brûlantes. Chuuya écarquille les yeux : ses paroles, son expression, tout devient clair à présent. Quand il le réalise enfin, Dazai dégage son bras et s'éloigne une nouvelle fois en marchant plus rapidement, il n'a pas le courage de regarder Chuuya dans les yeux, il a trop peur de sa réaction.

Mais Chuuya ne se laisse pas abattre, il court à nouveau vers lui et enroule ses bras autour de sa taille pour le serrer contre lui. Dazai se fige à ce contact.

« Moi aussi je t'aime, Dazai. »

Confession et AppréhensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant