Par la porte se referme l'image

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- Un autre ? Miss Fortescue soulevait la cafetière de sa main gauche, la mettant en évidence aux yeux de Dermot.

- Non merci, ma tasse est... vide. Je pensais qu'elle était encore remplit.

De son index, il repoussa sa tasse de l'autre coté de la table.

- C'était ma combientième ? Le jeune homme regardait la porte, situé à sa droite, son regard alternait avec empressement entre celle-ci et la fenêtre qui donnait accès au portail par lequel il fallait passer pour atteindre l'entrée de la maison de thé.

- Douzième, mais je suis mauvaise en calcul quand c'est gratuit.

La vieille femme reprit la tasse et alla s'asseoir à une table limitrophe où était disposée son bouillon.

- De toute façon, je pense que tu as perdu la main.

-Oh je la retrouve quand il faut, particulièrement quand tu rentres après six ans d'absence.

- Personne ne sait que je suis rentré ? Les yeux de Dermot quittèrent la porte pour la première fois depuis qu'il s'était assis pour venir se poser sur la femme qui l'avait élevé à partir de son neuvième anniversaire.

- Oh non, à part le bedeau, monsieur Yeatman, votre discrétion vous a évité le regard de toute la ville. Tu tiens ça de ton père.

- Je tiens surtout des questions de lui. Le monde entier m'en pose.

- Je comprends. Miss Fortescue pris sa main et la serra fort, la sensation la renvoyant dix-neuf ans en arrière, à un soir de Mai où elle avait tenu la main d'un garçon pendant que son père adoptif l'abandonnait dans cette même maison de thé. On voit souvent des touristes et des journalistes s'enquérir de lui.

- Et vous leur dites quoi ?

- On leur dit que tant qu'il ne l'appelle pas par son nom, on ne parlera pas.

- Ils l'appellent comment, les fumiers ?

- Le monstre, et on ne peut les blâmer.

Dermot Sondewigen retira sa main de celle de miss Fortescue. Son dos, précédemment courbé, se raidit dans sa chaise.

- Les blâmer ? C'est vrai qu'on ne peut pas blâmer la stupidité, c'est naturel chez certains. Des nigauds comme ça j'en ai eu un par jour, et je les blâme chaque nuit pour m'avoir ruiné le soleil avec leurs questions et leur ignorance.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Le regard de Dermot s'était de nouveau porté sur l'entrée.

- Ils parlent, ils parlent. Au début, je les frappais, je pensais qu'il suffisait d'un certain nombre d'hématome pour qu'ils ferment leur bouche. Maintenant j'ai compris que je pouvais rien faire, il n'y a que moi et ceux qui ont vécu avec lui dans cette ville qui peuvent le comprendre. Mais moi il m'a adopté alors je dois continuer à le défendre, et si ce n'est par la castagne, alors par la parole.

Pendant quelques minutes un silence les avait enveloppé mais Dermot avait ouvert son cœur, celui-ci ne pouvait être retenu de déverser sa colère intérieure.

- Tu sais ce qui m'énervait le plus quand je conversais avec ces ahuris ?

- Les questions ?

- Hmm, c'était les questions. Il était comment ? Tu étais maltraité ? Tu avais essayé de fuir combien de fois ? Et pourquoi elles m'énervaient d'après toi ?

- Leurs stupidités ?

- Nan, c'était que je pouvais pas y répondre.

- Comment ça ?

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⏰ Last updated: Nov 10, 2019 ⏰

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Dermot SondewigenWhere stories live. Discover now