Chapitre Premier : La Grande forêt

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La petite calèche avance doucement sur le sentier de terre. La forêt qui l'entoure semble se séparer en deux pour la laisser passer. L'arrière du véhicule a spécialement été modifié pour y accueillir une petite cabine où Maria entrepose toutes ses potions, ses remèdes et les outils dont elle a besoin pour exercer sa profession d'apothicaire. L'unique cheval ayant pour tâche de tirer la carriole, peine à avancer sur le chemin de plus en plus boueux, jusqu'à s'immobiliser entièrement. Maria soupire, lâche les rennes puis saute à pied joint dans la boue. Elle s'avance vers la monture et tente tant bien que mal à l'extirper de sa prison en tirant sur sa longe. Elle finit par y arriver au bout de trois reprises, et reprend son chemin, le bas de ses bottes tachetées de terre. Elle parcourt ainsi plusieurs lieux avant que la nuit tombe et ne l'empêche de continuer son périple. Maria décide de s'arrêter sous un ancien abri de fermier, laissé à l'abandon au bords du sentier. Elle parvient à trouver quelques morceaux de bois encore sec afin d'y allumer un feu, la pluie de la veille ayant considérablement rafraichi l'atmosphère. La capuche de son grand manteau noir rabaissée sur sa tête, elle observe les flammes titiller la branche sur laquelle elle a disposé un morceau de viande plus très fraiche. Le feu se reflète dans ses yeux noirs, laissant deviner un passé douloureux enfoui au fond de son être. Après avoir avalé son maigre repas, Maria se couche près du feu, protégée par une vieille couverture sale. Le feu finit par s'éteindre au fur et à mesure que l'obscurité de la nuit grandit, laissant la nature reprendre sa place.

Dans la forêt, au loin, une silhouette humaine avance vers Maria, lentement. Elle se déplace de manière à n'émettre aucun bruit lors de son avancée. Dans sa main gauche, elle tient un coutelas si aiguisé que la lune s'y reflète par moment. Dans sa main droite, une petite fiole contenant un liquide verdâtre en ébullition. La silhouette se rapproche, elle n'est maintenant plus qu'à quelques mètres du campement de Maria. Soudain, un craquement de branche retentit dans les bois où tout semble s'être tût. Maria ouvre les yeux, mais ne bouge pas, elle est sur ses aguets. Lentement, elle glisse sa main vers sa cuisse, où une dague y est habillement dissimulé. Le silence pèse toujours sur la Grande forêt, et la silhouette s'est arrêter d'avancer. Maria a maintenant la main sur la poignée de son arme. Elle retient son souffle pour tenter de percevoir celui de son agresseur et ainsi déterminer la distance les séparant. Elle n'entend rien, un professionnel, comme elle. Puis la silhouette se sentant démasqué, s'enfuit alors dans la direction opposée de sa cible. Maria saute sur ses jambes, envoyant balader sa couverture dans le tas de cendres, et se met à la poursuite de la silhouette. La forêt, dont le souffle de vie semblait s'être éteint, retrouve sa vivacité d'antan. La course effrénée de ses deux êtres bouscule le calme habituel des lieux. Maria aperçoit la silhouette s'enfuir au loin et redouble de vitesse se prenant parfois les pieds dans des fourrés et esquivant comme elle le peut, les branches basses. Contrairement à son adversaire, elle ne connait pas bien cette forêt. C'est même la première fois qu'elle y vient. Néanmoins, elle commence à gagner du terrain jusqu'à ce qu'un épais et mystérieux brouillard vert pâle s'immisce entre ses pas, et grossit au fur et à mesure qu'elle avance. La silhouette avance sans hésiter dans ce piège aveuglant tandis que Maria n'a d'autres choix que de ralentir le rythme. Elle marche lentement sur quelques mètres avant de s'arrêter entièrement, évitant ainsi la catastrophe. Maria reprend son souffle à la lisière des bois, en attendant que le brouillard finisse de dissiper ses pieds. Puis, juste avant de reprendre sa course en terrain découvert, Maria aperçoit quelque chose de brillant bouger à ses pieds. Ça ressemble à un reflet, un reflet d'eau, mais au milieu de ce qu'elle croit être une clairière. Car, une centaine de mètres plus bas, rampe un gigantesque fleuve tranquille et silencieux, tandis que la forêt s'étend encore de l'autre côté de la falaise. Et ce n'est que lorsque l'épaisse brume laisse place au trou béant, que Maria en prend conscience. La personne qu'elle poursuivait le savait et a tenté de l'y envoyé, confirmant ainsi qu'elle n'était pas animée de bons sentiments.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 14, 2019 ⏰

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