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Il était une fois, l'imprévu au coin d'une rue.
On ne s'était heureusement pas serré la main, ni claqué une simple bise amicale. Après tout, nous n'étions ni des étrangers, ni des amis...
Là, au détour d'un trottoir, un simple regard et  mon coeur fut un detour. Presque violemment. Arrivée à destination en une nuit mes bras avaient retrouvé seuls les contours de son corps. Comme mus par des automatismes instinctifs. J'avais posé mon visage sur son torse et avais respiré à plein poumons, me remplissant d'oxygène. Étais-je resté en apnée pendant ces 12 mois? Il me semblait respirer pour la première fois. J'en étais enivré, comme une alcoolique abstinent replonge immédiatement dans les verres en buvant un shot de vodka pure. J'emplissais mes poumons de l'odeur boisée et sauvage de son parfum. Il avait changé de parfum, mais avait toujours la même odeur.
Cette étreinte était naturelle, irréfléchie. Nos corps savaient toujours s'emboîter parfaitement, même après cette longue année La mémoire de la peau. De nos corps. De notre attirance .
Je me souviens l'avoir serrée contre mon torse, fermement, pour imprégner son corps au mien, à tout jamais. Ne pas la laisser partir cette fois. Blottie contre lui, je sentais son souffle saccadé et chaud filtrer à travers mon tee-shirt.
Et, bien malgré moi, un nouvel espoir s'est insinué en moi. Une décharge aussi brutale que glaciale remonta le long de ma colonne vertébrale. D'un pas en arrière, je me suis détachée de lui. Combien de secondes étions-nous restés enlacés au milieu de la cuisine  ?
Je fixais sa bouche qui parlait et à travers un vortex déformant et bruyant je m'imaginais des trucs douloureusement impossible : mari, maison, enfants, travail, vie de famille... et « heureuse ».
Il y a des années de cela on avait éclaté mon cœur en mille pièces...Malheureusement, je n'avais depuis rencontré que des hommes pas a mon goût.
Et, comme il était apparue au bout de la rue, il était repartie vers sa vie, comme un souffle, sans se retourner : ni sur moi, ni sur nos retrouvailles, ni sur notre histoire passée.
Moi, j'ai attendu qu'il disparait au bout de la rue, pour être certain de ne pas rater son regard lorsqu'il s'en allait .
J'ai attendu qu'il fasse demi-tour et qu'il revient vers moi, que l'on recommence notre vie ensemble.
J'ai attendu.
Et j'ai appris douloureusement que, parfois, il faut simplement se détourner du passé, tracer un nouveau chemin.
Il fut une fin...
Définitive?

Aminta Diagne Arame Gueye : Mon destin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant