monstre de foire - 1 -

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8 septembre ABBB

J'ai finalement réussis à obtenir une solution pour voyager. Après avoir essayé, par les mers ou par les terres, bateaux, chevaux, et même à pied, avec un groupe de voyageur aussi désespérés que moi, sans trouver une seule solution, je pensais que je n'avais plus à me résoudre  : il me faudrait encore économiser longtemps avant de rentrer au pays. Et je me suis maudit plus d'une fois d'avoir raté le départ de mon bateau qui devait rentrer jusqu'en Aoracie il y a maintenant presque six mois. Mais alors que je rentrais dans les taudis insalubres que nous loue ce charlatan de Boraf, j'ai vu la petite affiche coloré du cirque itinérant qui avait prit place au bord de la ville. Aller savoir pourquoi, je me suis dit qu'un cirque itinérant comme celui-ci devait bien avoir une place pour un pauvre homme comme moi. Après tout, je ne suis ni bien gros, ni bien grand (à peine les deux mètres minimum avant d'être considéré «  anormalement petit  »), et j'étais prêt à participer aux travaux, qui refuserait deux paires de mains pour aider en plus  ? 
Je me suis donc rendu là-bas  : j'ai eu de la chance, ils étaient en train de remballer. Le chapiteau était déjà démonté et leurs roulottes prêtes à s'en aller à tout moment. J'ai identifié le propriétaire du cirque assez facilement. Un grand homme, à la forte carrure, une barbe grise parfaitement taillée, qui se tenait au milieu des employés occupés en les regardant comme leur maître, et portant un uniforme rouge sang rehaussé de brodures d'or le faisant sortir du lot au premier coup d'oeil.

Je me suis approché et je me suis présenté avant de lui expliquer mon problème. Son regard sévère m'a presque cloué sur place, et j'ai sentie qu'il me jugeait de la tête au pieds. Enfin, il m'a posé des questions sur mes qualifications. J'ai insisté sur mes talents en mathématiques, et j'ai sentie que cela lui plaisait  ; effectivement, il a posé sa main sur mon épaule et il m'a proposé un poste en tant qu'intendant. Je pourrais voyager dans leur roulotte avec eux à condition que les aider à gérer leur compte. L'homme m'a confié qu'il s'appelait Fortmeintien, et que malheureusement pour moi, le voyage serait long  : leur cirque faits des arrêts fréquents. Huit, m'a-t-il dit, avant la frontière avec l'Aoracie. Peu importe, c'est ma meilleure solutions pour rentrer au plus tôt, et un voyage à travers la Rengia pourrait s'avérer très enrichissant. Je suis soulagé d'avoir trouvé ce cirque.

10 septembre ABBB

Apparemment, un intendant doit aussi nettoyer les cages, nourrir les animaux, et aider les cuisiniers. J'aurais du me douter qu'ils ne me demanderaient pas de simplement faire quelques calculs par jours... Enfin, même si cela s'avère plus fatiguant que prévu, je ne regrette toujours rien, et quand mes bras me crient d'arrêter malgré les regards sévères de Fortmeintien, je pense à avec quel plaisir je serais de retour chez moi, et je continue. J'ai également rencontré quelques autres membres de la troupe, la plupart ne m'ont pas adressé la parole, à vrai dire je reçois plus de regards farouches et méfiants que de grands sourires et d'effusions de bienvenues. Mais, qu'importe  ! Je suis un inconnu, je comprend, ces gens plutôt taciturnes sont appliqués et travailleurs et j'admire l'acharnement qu'ils mettent dans leurs entrainements. Même en pleine route on peut voir les jongleurs utiliser des pierres ramassées sur les chemin pour perfectionner leurs dons. Il y a donc des jongleurs, une contorsionniste, un cracheur de feu et trois acrobates. Cela peut paraître peu pour un si grand cirque, mais étant donné le nombre de cages montées sur roues recouvertes de bâches qui suivent le cortège de roulottes et dont j'ai d'ailleurs du nettoyer une partie, je me doute que la majorité de leur spectacle repose sur le dressage des animaux exotiques que j'ai entraperçut. La cage la plus grande, et également celle qui requiert le plus d'attention et ralentie le plus notre périple est la cage de l'éléphante et de son éléphanteau. J'en avait déjà vu en dessin, mais j'ai été choqué de constater sa vrai taille, «  l'expérience seule peut rendre compte de la vérité  » comme le dit ce sage Ghertange. Il y a également un grand nombre de fauves  : trois tigres, un lion et deux lionnes, une panthère noire et un jaguar. J'ai crut aussi voir des singes, des perroquets et des chevaux, je crois même qu'ils possèdent des crocodiles, bien que je ne les aient pas vu... Il y quelques cages dont je ne connais pas encore le contenu, je pense donc qu'il manque au moins une espèce à la liste que j'ai dressée. Enfin  ! J'en saurais plus quand j'assisterai à la prochaine représentation, qui devrait être pour dans 4 ou 5 jours, après le prochain arrêt. Je ne pense pas être déçu  !

15 septembre ABBB

Je dois bien avouer qu'il m'a fallut de longues minutes à fixer le papier jaunissant de mon carnet avant de rassembler suffisamment de mot pour vous dire ce que je viens de vivre et qui remplis encore ma tête en cet instant. J'ai assisté à ce fameux spectacle, et je dois avouer qu'il est encore plus impressionnant qu'on ne puisse seulement l'imaginer. J'ai été submergée par les talents des membres de la troupe, ainsi que par l'incroyable éléphante et de son petit, les fauves m'ont fait frissonner par leur puissances et leur souplesse, j'ai été amusé par les pitreries des singes, les placides crocodiles m'ont fait sursauter en surgissant d'un coup pour attraper les pièces de viandes qu'on leur offrait, et la danse aérienne des perroquets était réellement féériques, mais c'est le dernier numéro qui m'a plongé dans cet état dont je ne sais comment me sortir. Je dois admettre que je m'attendais à tout sauf à ce qui m'est apparut. Sur la piste sablée couverte des confettis et des paillettes des précédents numéro est entré l'habitant, ou devrais-je dire habitante, de la dernière roulottes fortifiées de barreaux que je ne n'avais pas pu identifier. La créature qui s'est avancé sous les lumières n'était ni couverte de fourrures, ni de cuir, ni même de plumes ou d''écailles, c'était bien de la peau à peine cachée par une courte robe à froufrou que portait sur le dos la vedette du dernier numéro. Pardonnez-moi si je m'attarde sur celui-ci mais, à parler franchement, même un roman serait bien peu pour décrire cette scène. C'était une jeune fille. De très petite taille, anormale même, elle ne devait pas dépasser le mètre soixante. Mais si ce qui la rendait si singulière ne se limitait pas à une petitesse, oh non. La fille n'avait que deux bras, même chose pour ses yeux  : son front dégagé ne montrait aucun troisième œil. Fortmientien est entré sur la piste, s'est placée à côté d'elle et annoncé l'Intrigante Demie. Celle-ci semblait un peu bête. Son regard était plus torve que celui des plus endormies des bêtes du cirque et elle ne bougeait presque pas, la tête un peu baissée. Malgré ses difformités, il m'a été d'abord dur d'ignorer les traits si similaires à ceux d'un homme, ce qui ne semblait perturber personne autour de moi. Fortmientien a présenté la Demie, Eilie la Demie, et ensuite a donné sur un ton bien scientifique pour quelqu'un qui ne sait pas tenir ses comptes, une suite d'explications sur la nature de la jeune femme. Diminuée de moitié, elle n'est qu'une demie-femme, que cela soit ses bras ou son intelligence. Seul les choses absolument nécessaires, comme ses jambes, étaient encore au bon nombre. Ainsi elle n'était que l'ombre, l'esquisse d'un homme, et n'en avait ni les capacités mentales, ni la conscience. Le numéro a commencé, et j'en ai bien vite compris l'intérêt. Fortmientien, tenant une longue laisse qui lui avait été accroché autour du cou, lui faisait exécuter des tâches simples, que la pauvre créature était incapable de mener à bien, gênée par ses membres manquant. La jeune estropiée se ridiculisait dans des tentatives pathétiques de faire de la corde à sauter en jonglant, de porter un plateau tout faisant un dessin dessus, ou tout simplement de tenir quatre pamplemousses dans ses mains. Chaque petite activité qui nous paraissait aisée était pour elle une épreuve, et ses essaies étaient emprunt d'une telle maladresse que la salle retentissait de rires. Les spectateurs étaient hilares devant les ratés de la jeune femme... je ne sais pas comment la décrire en vérité, elle ne semblait pas être qualifiable d'humaine, mais ne faisait pas pour autant partie d'une autre espèce. Je dois avouer, à regret, que je n'ai pas apprécié ce numéro comme les autres. Je ne sais pas encore comme décrire ce que je ressentais et pensais exactement, je suis très confus à tout dire, et je ne pense pas être capable de vous expliquer pourquoi n'aie-je pas rit avec les autres. Toujours est-t-il que j'ai été profondément marqué par scène, malgré mon incapacité à en dire plus sur la raison de cela. J'espère pouvoir en dire plus bientôt. Il reste encore 5 représentations avant que nous reprenions la route, je tenterais de comprendre mieux mes propres émotions d'ici là.

Monstre de foireWhere stories live. Discover now