– Jarrel ! Jarrel, réveille-toi ! Allez, s'il te plaît !
Deux gamins à la peau mate se tenaient autour d'un jeune homme, visiblement endormi sur le sable beige.
– Attends Emel, je vais le réveiller moi !
L'autre enfant fit signe à Emel de s'écarter. Il s'approcha, se pencha puis hurla :
– JARREL !
Le jeune homme se redressa sur le champ, dans un sursaut qui manqua de peu la tête du gamin.
– Ouah ! T'es super efficace Ribel !
Jarrel fureta autour de lui, légèrement confus, puis comprit assez vite que les gamins l'avaient sorti de son sommeil. Il s'apaisa et remonta son bandeau rouge terni par le temps sur ses cheveux qu'il replaça en arrière. Se frottant le visage, il grommela.
– Vous auriez pu employer une autre méthode..., souffla-t-il d'un air réprobateur, clignant faiblement des paupières.
– Ça fait une heure qu'on te cherche Jarrel ! râla Emel.
– Oui ! Tu nous avais promis de venir chercher de l'eau avec nous... ronchonna l'autre.
Jarrel soupira tout en esquissant un sourire espiègle. Sans se presser, il s'étira longuement en poussant un faible grognement. Quelques bracelets de bois s'entrechoquèrent. Cette sieste sur le sable était si agréable...
– Allez ! Lève-toi !
Les deux enfants trépignaient d'impatience, d'autant plus que Jarrel prenait un malin plaisir à les faire attendre. Il leva les yeux au ciel. Sa couleur bleu profond lui indiqua que l'après midi avait déjà commencé. Il tourna la tête vers le soleil, se protégea les yeux et évalua grossièrement sa position.
Il était encore tôt. Pour une fois, Jarrel n'avait pas tant dormi que ça.
– Bon, je retourne au village chercher les seaux ! décida Ribel.
– On t'attends là-bas dans une décade ! lâcha Emel, croyant pouvoir faire bouger le jeune homme plus rapidement.
Les deux garçons filèrent en chahutant, laissant le loisir à Jarrel de les contempler paisiblement s'éloigner au loin. « Une décade », jugea-t-il. Il leva à nouveau les yeux au ciel, cacha le soleil de son pouce et évalua précisément la distance qui le séparait de l'horizon. « Ça me laisse vraiment pas beaucoup de temps ». Il haussa les épaules. Jarrel se leva et épousseta le sable poussiéreux resté sur son pantalon en toile bouffante. Il secoua aussi les deux larges bandes de tissu rougeâtre qui partaient de chaque côté de son bassin pour descendre jusqu'à ses chevilles. Elles étaient attachées à une fine ceinture de tissu brun. Il s'étira de nouveau, puis regarda autour de lui. Il se trouvait à quelques décades à pied du village, dans un endroit plutôt vide, plat et reclus où il appréciait venir se reposer. Jarrel se mit en route vers le village en marchant nonchalamment sur le sable du désert.
Deux décades plus tard, il arriva à l'orée du village. Quelques habitations se dessinaient au loin. La plupart étaient de petite taille, sans étages, faites d'un bois sombre, grossier. Il y faisait chaud mais les habitants y vivant étaient jeunes et robustes. Certaines habitations étaient bâties avec du bois clair et drapées d'étoffes légères couleur sable ; seuls les vétérans du village avait vécu assez de temps pour obtenir de telles ressources. Il était assez facile de les distinguer tant les autres habitations se ressemblaient. Jarrel examina le soleil ; il était maintenant en retard. Sans plus traîner, il traversa les champs qui ceinturaient le village, en empruntant les petits sentiers qui quadrillaient la zone.
VOUS LISEZ
Carbures
ParanormalEmma est une guerrière du désert. Diego est herboriste. Jarell doute. Le monde est déchiré par des rails que parcourent des trains sans conducteurs. Tous acheminent une étrange matière noire et visqueuse au centre du monde, là où trône la Ville. Dan...