On m'a toujours dit que les grands amours,malgré les obstacles et les tumultes, finissent toujours par se retrouver.
Que, quelles que soient les épreuves, quelles que soient les barrières érigées par le destin, si le divin, maître suprême des arcanes de l'existence, a gravé cette union dans le livre éternel de l'univers,
Alors, irrémédiablement, deux âmes éprises l'une de l'autre s'élèveront pour se retrouver.
Aujourd'hui, je suis en mesure de témoigner de la justesse de cette sagesse intemporelle.
Il y a encore quelques semaines, j'étais convaincue que cet amour était voué à disparaître, emporté par le flot impétueux de nos différences et des circonstances qui semblaient infranchissables.
Ce soir-là, lors de ma remise de diplôme, j'avais perçu quelque chose d'inexplicable, une force indéfinissable qui nous liait, lui et moi.
Pourtant, l'impossibilité apparente de cet amour me semblait accablante.
J'en étais venue à penser que même le divin ne bénissait pas cette union, que j'avais mal interprété les signes du destin, et que cet amour n'était qu'un mirage, une chimère née de mes propres aspirations.
Mais aujourd'hui, tout cela s'éclaire.
Je comprends enfin ce que disait Rainer Maria Rilke dans lettre à un jeune poète, quand il disait que,
Un amour, pour qu'il soit grand, doit traverser des épreuves, il doit mûrir, il doit souffrir, et c'est dans cette souffrance qu'il se purifie et s'épanouit.
L'amour véritable, celui que l'on n'échange contre rien au monde, n'est pas une ligne droite, n'est pas fait de perfection.
Il est forgé par ces moments où l'on doute, où l'on vacille. C'est un sentier escarpé, bordé d'ombres et de pièges, mais qui mène toujours à des sommets d'une beauté ineffable.
Et tel est l'amour qui nous unit, Arole Akzak et moi, Merveille Rolzou.
Je refermai mon carnet, un léger sourire flottant sur mes lèvres, tandis que mon regard se posait sur l'horloge murale affichant 10h45.
C'était vendredi, et comme chaque vendredi, la journée de travail s'annonçait plus courte.
— Avez-vous préparé la salle d'opération comme je vous l'ai demandé, mademoiselle ?
Je levai les yeux, surprise, et croisai le regard perçant du Dr. Anderson, qui venait d'entrer dans la salle de repos.
Son visage, froid et impassible, se détourna presque aussitôt de moi tandis qu'il se dirigeait vers une étagère où étaient soigneusement rangés divers instruments médicaux.
Moi : Oui, docteur. J'ai tout préparé comme vous l'aviez demandé.
Lui : C'est toi qui effectueras l'opération aujourd'hui !
Lâcha-t-il avec une indifférence désarmante, tout en enfilant des gants qu'il venait de tirer d'un tiroir.
Son ton détaché contrastait violemment avec le poids des mots qu'il venait de prononcer. J'eus l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds.
Ma bouche resta entrouverte tandis que mon cœur semblait prêt à s'arrêter net.
Moi : Q... Quoi ?
Balbutiai-je, encore sous le choc, mes yeux incrédules fixés sur lui.
Il se tourna vers moi, ses sourcils légèrement froncés, affichant ce regard glacial que j'avais appris à redouter depuis mon arrivée ici.

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LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE
Roman d'amourTravailler au palais royal ? Ce n'était pas dans ses rêves. À vingt ans, Merveille n'avait qu'un seul objectif : réussir ses études en médecine , aider sa famille, et garder pour elle certaines blessures qu'on préfère ne pas nommer. Quand une oppor...