°Every Night°

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•The Irrepressibles - In This Shirt•
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Le jeune homme était allongé dans son lit, dos au matelas. fixant le plafond blanc de sa chambre. La pénombre et les nombreuses larmes qui s'échappaient de ses yeux l'empêchaient de distinguer les petits détails insignifiants que sa chambre renfermait.

Écouteurs dans les oreilles, une musique triste passant dans les oreillettes, il écoutait sans vraiment se concentrer. Il entendait plus qu'il écoutait, en réalité. Les sonorités et les paroles de la chanson lui échappaient complètement car il était perdu dans ses pensées.

Chaque nuit, le même schéma se répétait.

Quand Kunpimook avait vécu sa première soirée du genre, il avait naïvement pensé que le jour d'après, tout irai bien et que tout reviendrait à la normal.

Et bien, Kunpimook avait malheureusement tord.

Une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois, etc...

Ça fait maintenant un mois que toutes ses nuits se suivent et se ressemblent.

Tous les soirs, il rentre des cours, épuisé. Il mange avec sa famille puis part s'enfermer dans sa chambre. Il fait ses devoirs - s'il en a - puis met son pyjama avant de se glisser dans les draps froids qui ornent son lit deux places. C'est à ce moment là que son calvaire commence.

Une fois toutes les lumières éteintes, tout le monde endormi, ses pensées se laissent aller. Son esprit vagabonde à droite, à gauche, puisant dans ses souvenirs les plus douloureux pour les faire resurgir au moment où il s'y attend le moins.

Toutes les questions que Kunpimook se pose et qui n'ont pas de réponse ressortent en même temps, faisant de son cerveau un champ de bataille immense, où plus personne ne s'entend.

On dit souvent qu'on a deux vies.

Notre première vie est le jour, quand tout est éclairé, quand on est entouré, qu'on parle, qu'on rit, qu'on s'occupe. On fait tellement de choses qu'on a plus le temps de penser à nos problèmes ou aux choses qui nous dérangent, alors pendant ces moments là, tout va bien.

Par contre, notre deuxième vie, elle, est la nuit. Il fait sombre, souvent, personne n'est avec nous, pour nous réconforter ou pour nous parler. Il n'y a pas de possibilités infinies de choses à faire, alors on se noie dans nos pensées et dans notre triste enfouie au plus profond de nous même.

Au milieu de ces milliers de souvenirs qui apparaissent d'un coup, venant de partout, Kunpimook suffoque. Il n'arrive plus à respirer, il n'a plus d'air. Sa tête lui fait mal, ses yeux et son nez lui piquent, son corps est prit de spasmes incontrôlables et il explose enfin.

Après toute une journée à faire la comédie au lycée, à faire comme si il allait bien, à jouer l'élève sociable qui parle et rigole avec tout le monde, à sortir des blagues toutes les cinq minutes, il explose.

Cette image, ce n'est pas lui. A force de toujours aller bien, les gens ont cessé de s'inquiéter pour lui, assumant sans preuve qu'il n'avait aucun problème, et que sa vie était parfaite.

Il avait tellement bien joué la comédie qu'il n'arrivait plus à se détacher de ce personnage quand il se trouvait dans son établissement scolaire. Il s'y accrochait tellement fortement que, parfois, quand il rentrait chez lui et qu'une de ces nuits se passait, sa vraie vie et sa vraie situation le frappaient de plein fouet.

Et ça devenait insupportable.

Toutes les nuits qu'il passait à pleurer, en se disant qu'il n'était pas assez bien, que personne ne voudrait de lui et qu'il était bizarre l'affaiblissement considérablement.

Toutes les nuits à se poser des questions dont il sait pertinemment qu'il n'aura jamais la réponse le décourageaient au plus haut point.

Toutes les nuits à vouloir s'endormir rapidement après une longue et dure journée de cours mais se faisant vite rattraper par ses démons et ses souvenirs parasites l'épuisaient.

Dans ces moments là, Kunpimook perd totalement la notion du temps. Il peut rester une heure, deux heures, même toute sa nuit à pleurer, sans pouvoir s'endormir.

Et, encore une fois, il est confronté à ce genre de nuit. Celle dont on ne veut pas entendre parler, celle qu'on ne veut même pas imaginer.

Pourtant, à l'inverse des nuits précédentes, Kunpimook se sent bien. Il se sent bien parce qu'il sait pertinemment que ce sont ses dernières minutes, que cette nuit sera sa dernière.

Tout doucement, il se redresse se mettant en position assise sur son grand lit. Il essuie ses yeux trempés puis décide d'enfin bouger. Il pose un pied sur le sol froid, puis l'autre, et fini par se lever complètement. Il marche dans sa chambre, la contemple pour la dernière fois, et sourit faiblement.

Il se souvient des douloureux moments qu'il a passé dans cette pièce, à pleurer horriblement fort et à hurler quand il se retrouvait seul, sans personne pour l'entendre et pour l'arrêter. Il se souvient de ses souvenirs, justement, qui l'empoisonnent, et dont il pensera une dernière fois.

L'adolescent s'approche de son armoire, l'ouvre doucement pour ne pas faire trop de bruit, et décroche tous les vêtements se trouvant grâce à un cintre sur le petit cylindre de fer qu'il réussit à atteindre grâce à sa chaise de bureau, le cylindre étant assez haut. Il les pose délicatement son lit puis prend une corde qu'il a volé dans le garage de ses parents quelques jours plus tôt. Il l'accroche au cylindre, se tourne pour faire face à sa chambre une dernière fois, et enroule la corde autour de son cou. Avec ses pieds, il pousse ensuite la chaise sur laquelle il était appuyé pour qu'il soit totalement dans le vide et qu'il n'y ait plus rien pour le retenir.

Voilà, comment c'était déroulée la dernière nuit de Kunpimook.

Voilà comment sa vie et ses chagrins s'étaient terminées.

Il s'était pendu et avait fini par arrêter de respirer.

Every Night [GOT7]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant