Chapitre 1

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J'aimerai vous dire que tout va bien dans ma vie, que je suis heureuse, que chaque jour est un cadeau. Mais ce serait mentir. Bien sûr je ne dis pas que tous mes journées sont un enfer, mais j'imagine que c'est comme tout le monde : j'ai des hauts, j'ai des bas. Peut-être plus de bas que de haut, certes.

Pourquoi ? Me direz-vous.

La vie est faite pour être vécue à 100% et si c'est avec le sourire c'est encore mieux parait-il. Je ne peux pas prétendre que j'ai la banane tous les jours. Je le pourrais, si on voulait bien m'accorder un peu plus d'attention. Je vous l'ai dit dans ma description : je suis réservée. Et pourtant, il ne me semble pas que ce soit le plus gros barrage entre les autres et moi. À vrai dire, je me sens inutile. Non, en fait le terme n'est pas tout à fait exact. Je dirais que ma vie est ennuyante. De mon point de vue, elle ne l'est pas vraiment. Mais pour les autres, il me semble que oui.

C'est dingue à quel point j'ai l'impression qu'aujourd'hui, à notre époque, les problèmes sont fondamentaux. Sans problèmes, nous devenons comme inintéressant. Selon ma théorie, nous nous ennuyons. Alors pour divertir notre quotidien, quoi de mieux que des ragots, des histoires parfois sans queue ni tête qu'on exagère pour se rendre intéressant. J'ai l'impression que nous ne vivons que pour ça. Pour colporter des rumeurs, se scandaliser sur telle action d'une telle personne que nous ne connaissons parfois même pas a faite.

Les réseaux sociaux n'ont rien arrangé. Bien au contraire. Alors qu'autrefois, les rumeurs naissaient dans les cours de récréation et ne se ramenaient pas à la maison, aujourd'hui cela semble le contraire. Bien trop souvent elle commence sur les réseaux et se répand jusque dans les cours. Où que nous soyons, les rumeurs nous suivent, comme une gangraine dont on ne peut se défaire.

Les réseaux sociaux, parlons-en tiens ! Je suis de la génération qui a évolué avec eux. Tant de sites possibles. Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat et j'en oublie encore. Il fait savoir que mes parents m'ont protégé de tout ça au début. Pour vous dire, j'ai reçu mon premier portable en troisième et je n'ai eu mon compte facebook qu'à la fin de ma seconde. Si bien que mon collège a été une période plutôt tranquille. Mon compte Snapchat, je ne l'ai ouvert qu'en terminal et Instagram peu après.

Je crois que de tous, Instagram est le pire. Il semblerait que nous détestons tellement notre propre vie que nous nous en créons une meilleure, cent fois plus intéressante que notre vraie vie. Nous nous embarquons dans ce domaine virtuel, publiant des photos de nous modifiés, ou alors maquillés comme des clowns si bien que pas un centimètre de notre peau n'est pas recouvert de fond de teint.

Notre image ne nous plaît pas. Il semble que vous voulions atteindre sans cesse un degré de beauté de plus en plus haut. Qui nous a inculqué ce standard de beauté de la peau parfaite, du nez fin, du visage gracieux et sculpté ? Les stars américaines. Je crois que parfois nous ne nous rendons pas compte de l'envergure que prend l'influence des États-unis sur nous.

Comment faire comprendre à une petite fille sur Instagram qu'elle n'a pas besoin de ressembler aux Kardashians pour être belle ? Alors même que tous les idolâtres comme si elles étaient une religion à elles toutes seules. Nous savons tous que cette plastique de rêve n'est qu'une illusion, que le chef d'oeuvre d'un chirurgien esthétique qui sait manier à la perfection le scalpel et les injections.

J'ai une question pour ses personnes qui en font des muses, qui les vénèrent comme un homme vénère son dieu : à votre avis, comment tout cela terminera ?

Vous pensez vraiment que Kylie Jenner, ou une de ses autres poupées toute faites, vieillira aussi joliment ? Non, ou alors elle abusera de la chirurgie esthétique, comme elle l'a toujours fait. Car elle peut se le permettre après tout. Elle est riche, et grand bien lui fasse ! Elle ne peut que se féliciter d'avoir si bien réussi sa vie en profitant des autres, de son image qui n'est qu'un mensonge.

Mais à votre avis, le jour où Kylie aura besoin d'une greffe en urgence, un foie, un rein, peu importe, et que quelqu'un de votre famille, votre frère, votre sœur, un de vos parents ou enfants, en réclame un depuis des mois, est en liste d'attente depuis une éternité, qui des deux aura l'organe ? Kylie, la déesse qui peut payer gracieusement le chirurgien, ou une pauvre famille qui n'a plus que leurs larmes pour pleurer ?

Enfin bon, je n'avais pas pour objectif de vraiment parler de ça. J'écris, c'est tout. Je tiens à préciser que je n'ai rien contre ses stars de téléréalité, qu'elles peuvent très bien vivre leurs vies comme elles le veulent. Mais je trouve juste que la balance de l'équilibre est grandement cassée.

Je pense que nous devons récompenser les plus méritants, aider les plus pauvres et toujours faire en sorte d'être en paix avec soi-même. Je vous rassure, je ne suis pas bouddhiste. C'est mon opinion, comme tout ce que vous trouverez dans ce livre.

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