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Nouveau coup de frein, et ils n'avaient avancé que de deux mètres ! Jessica se rencogna au fond de la banquette arrière et regarda sa montre : le temps s'égrenait et elle n'aurait jamais son avion à ce rythme.

Pour ne rien arranger, la météo avait semble-t-il décidé de faire des siennes et une neige abondante s'écrasait à présent sur le pare-brise, poussée par de bruyantes rafales de vent.

- Voulez-vous que je mette un peu de musique ? demanda le chauffeur, penaud.

- Non, merci, ça va aller.

Jessica s'efforçait de rester aimable et de ne pas laisser son stress prendre le dessus. Cet avion, elle devait absolument l'avoir.

Arrivée dans le sud-ouest au début du mois d'août, elle n'avait pas revue sa famille depuis et ils lui manquaient terriblement. Elle se réjouissait de passer Noël avec eux. Au moins, auprès des siens, elle oublierait pour un temps sa solitude et le quotidien pas toujours rose d'une jeune professeure de français dans un lycée difficile.

- Plus que trois kilomètres, annonça l'homme moustachu au volant.

Elle ne répondit pas. A ce rythme, il leur faudrait des heures pour arriver à destination. A cause des intempéries, le trafic déjà saturé devenait un vrai accordéon. Les gens n'osaient plus rouler.

Quelle idée de rentrer chez elle un 24 décembre ! Si elle avait su, elle aurait pris l'avion du matin au lieu de réserver celui de la fin de journée. Certes, le prix variait du simple au double, mais si elle avait consenti à dépenser quelques dizaines d'euros de plus, elles serait déjà arrivée.

Elle soupira, bien décidée à prendre son mal en patience. Le conducteur avait malgré tout allumé la radio sur une chaîne musicale et elle s'obligea à ne plus regarder l'heure sur son téléphone pour se détendre. A bien y réfléchir, elle aurait dû y aller en navette.

*

C'est en courant à toutes jambes, la valise malmenée derrière elle, qu'elle franchit la première porte de l'aéroport de Biarritz-Anglet-Bayonne. Une heure d'avion suffirait à traverser la France pour rentrer chez elle dans le Nord, mais encore fallait-il être dedans.

Paniquée, elle perdit encore plusieurs secondes à trouver un panneau d'affichage. Une foule de gens s'amassait au pied des écrans d'informations et un important brouhaha résonnait dans tout l'espace.

Jessica n'aimait pas les aéroports. Trop grands, trop froids, trop impersonnels. Celui de Biarritz-Anglet-Bayonne ne faisait pas exception. En dépit des boutiques destinées à approvisionner les voyageurs en marchandises plus ou moins onéreuses (le duty free n'était pas étendu à tout l'aéroport, comme elle avait pu le constater à l'arrivée lors de son premier voyage quatre mois plus tôt), elle ne trouvait aucune chaleur dans ces espaces infinis de verre et de béton.

La nuit était tombée plus tôt que d'habitude en raison des nuages et l'ambiance générale était encore plus froide. Jessica sentait l'anxiété s'insinuer en elle à chaque inspiration.

Lorsqu'elle s'approcha d'un panneau et joua des coudes pour parvenir à lire les inscriptions, elle eu du mal à trouver la ligne concernant son avion.

Plusieurs vols clignotaient pour signaler un problème et ses yeux accrochèrent le mot « ANNULÉ ». Des hauts-parleurs diffusaient en continu des messages d'information au sujet de certains vols pour annoncer des départs retardés voire annulés sur certaines destinations.

Un frisson parcouru la jeune femme et elle tenta de se rassurer :

« Ce sont des destinations lointaines, pas des vols intérieurs », se dit-elle. Elle imaginait déjà devoir renoncer à son réveillon à cause de la neige.

Noël à l'aéroportWhere stories live. Discover now