Jour 2 (non corrigé)

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Verglas & Talons

Fuyumi n'avait rien contre le froid. C'était un fait indéniable et, pour être plus précis, elle adorait le froid. La glace également. Toutefois, en ce lundi soir, elle trouvait la fine couche de givre, qui s'était créé sur le bitume, insupportable. Tout cela pour une seule raison : la tenue qu'elle portait.

En effet, nombreux sont ceux qui lui diront que sortir de chez elle, au début de l'hiver, en tailleur avec une simple chemise, collant, manteau et, surtout, des talons, n'était pas la meilleure idée qu'elle ait eue. Elle leur donnait totalement raison. D'ailleurs, si ça n'avait tenu qu'à elle, elle serait venu avec son jean habituelle et son gros pull. Malheureusement, aujourd'hui n'était pas n'importe quel jour ; elle avait eu le plaisir, sur quatre petites heures, de rencontrer chaque parent de chaque élève de sa classe. Il se trouvait que les rendez-vous parent professeur de fin de trimestre était autant redouté par les élèves que par leur maîtresse. En même temps, ce n'était pas sa faute si un de leur gamin n'était pas capable de lire correctement.

Elle manqua de peu de tomber et se rattrapa à un lampadaire. Cette journée allait de pire en pire. Pourquoi fallait elle qu'elle soit aussi « présentable » pour dire à des parents que leur enfant n'avait pas écouté du trimestre. Elle avait fait un effort mais en avait pris pour son grade ; certain osait remettre en question ses talents d'enseignante, la traitant d'incompétent. Elle s'était retenue pour ne pas hurler. C'était la seule chose qui lui tenait à cœur et qu'elle réussissait, se faire insulter de la sorte était plus qu'hors des limites.

Elle se rattrapa cette fois-ci à un grillage. Elle voulait hurler ; jamais elle ne rentrerait chez elle vivante. Elle était si fatiguée et, malgré le vent glacial qui lui lacérait les jambes, elle transpirait. Ses cheveux lui collaient à la nuque et au visage, son visage était roussi et son souffle cœur. Avait-elle attrapé froid pour se trouver dans un tel état. Ce serait le comble, surtout qu'elle avait un alter de glace. Elle tentait de mettre un pas devant l'autre, ce disant qu'à ce rythme-là, elle n'en avait plus que pour vingt minutes. Cela peut sembler peu encourageant, mais cela allait bientôt faire une heure qu'elle se trouvait dans cette galère. De plus, il va de soi que les chères compagnies de transport aient choisi ce jour précis pour faire grève. Elle aurait bien pris là voiture, mais l'idée de passer le quadruple du temps coincé dans les embouteillages ne l'enchantait guère.

Bien entendu, à force d'essayer de mettre un pied devant l'autre, l'inévitable arriva. Maudis soit celui qui a décidé de mettre cette espèce de plaque blanche à bosses devant le passage piéton. N'y avait-il pas un moyen moins dangereux de prévenir les personnes aveugles qu'ils pouvaient traverser ici ? Surtout qu'il y avait plus de chance que les dit aveugles s'étale sur le sol à cause de ça puisqu'ils ne verraient pas la menace. Franchement, c'était une plait pour tout le monde, même pour ceux que ça devait aider. Et, bien entendu, Fuyumi ne s'était pas loupée. Tout était devenu flou. Elle ramassa ses lunettes mais elle comprit que ça irait en s'empirant.

–Mais c'est pas vrai !

Elle avait laissé ce cri désespéré lui échapper. Il n'y avait personne autour de toutes manières. Les verres étaient complètement fissurés. Maintenant, elle allait devoir rentrer chez elle à tâtons. Si seulement elle pouvait gifler le pervers qui lui sert de supérieur juste pour l'avoir obligée à endurer ça. Elle l'aurait remis à sa place si ça n'avait pas été que ça deuxième année d'enseignement et si la hiérarchie au japon n'était pas si importante. Il ne lui restait plus que ses yeux pour pleurer.

–Vous avez besoin d'aide ?

Elle essuya rapidement son visage ; elle n'était pas seule. Qu'elle idiote était-elle pour s'être laisser aller de la sorte au beau milieu de la rue ? Elle releva les yeux : c'était inutile. La vague silhouette d'un inconnu s'était dessiner devant elle. Au son de sa voix, c'était surement un homme. Des tâche de jaunes, de noirs et de blanc se chevauchait et elle n'arrivait pas à correctement distinguer son interlocuteur.

–Vos lunette son cassé... Est-ce que vous pouvez me voir ? Souhaitez-vous que je vous raccompagne ? Que j'appelle une ambulance peut-être ?

–Je... (Sa voix se serra dans sa gorge, les larmes menaçant de couler à nouveau.) Je veux juste rentrer chez moi...

–Je vois, donnez-moi votre main.

Sa voix était douce et rassurante, si profonde qu'elle en avait des frissons. Elle agrippa sa main et se hissa doucement. Cependant, d'elle qu'elle voulu marcher, elle tomba contre son torse, s'accrochant à ses épaules. Elle le sentait : le talon de sa chaussure droite s'était cassé. Elle ne put s'empêcher de rouge alors que le jeune homme la laissa se stabiliser. Elle ne savait pas vraiment s'il était jeune, mais penser ainsi lui éviter de se tourmenter trop l'esprit.

–Je suis profondément désolée...

–Ce n'est pas grave, répondit-il. Souhaitez-vous que je vous porte ?

C'était beaucoup trop, ses joues étaient en feu. Elle ne le connaissait même pas ? Quel genre de personne se proposait pour vous porter jusqu'à chez vous à par un violeur ou un psychopathe. Elle ne répondit pas et enleva simplement ses escarpins – choses qu'elle aurait faire bien avant. Elle avait tout de même besoin de lui pour rentrer mais voulait minimiser tout contact physique. Au pire, s'il essayait quoique ce soit de tordu, elle savait se défendre ; son père restait tout de même le numéro un.

–Vous n'avez pas froid ?

–Ça ira, se contenta-t-elle de répondre. J'habite dans la rue proche du parc japonais, monsieur...

Elle laissa sa phrase en suspens, ses yeux glacials, déphasés, cherchant les siens. Il ne comprit pas de suite et s'éclaircit la voix.

–Oh, Takami Keigo, si c'est mon nom que vous voulez...

Elle passa outre l'hésitation dans sa voix. Lui avait-il donné un faux nom ? Elle respira profondément ; si elle commençait à penser comme ça, elle n'était pas sortie.

–Très bien, merci Takami-san.

Ils avancèrent progressivement en direction de sa maison. Elle se hasarda à lui poser quelque question. S'il disait vrai, il avait lui aussi vingt-deux ans et était dans le coin à cause de son travail. Il ne s'était pas vraiment étalé sur le sujet : son boulot était peut-être détestable. Etrangement, lorsque le malaise se dissipa, il commença à parler beaucoup. Ses mains étaient fermes dans les siennes et, malgré sa vue déficiente, elle pouvait parier qu'il avait un physique quelque peu avantageux. Le trajet était plus long qu'elle le pensait et, sans le vouloir, elle commençait à s'être attaché à cette inconnu. Ce n'était surement pas la meilleure des idées mais quelque chose en elle lui criait que, tant qu'elle serait avec lui, rien ne pourrait lui arriver. C'était son instinct d'enseignante et de femme aussi.

Plus elle y pensait, plus ça l'embarrassait. Le fait de ne pas bien distinguer son visage le rendait encore plus attirant. Elle avait pu deviner le vague contour de sa chevelure et leur blond impressionnant. Elle ne savait plus si elle devait se réjouir d'être enfin au pied de sa porte.

–Eh bien, on y est...

Elle s'avança et posa sa main sur le portail. Toutefois, elle s'arrêta. Il avait mis sa main sur son épaule.

–Je sais que ça peut vous sembler déplacer mais... vous êtes vraiment très belle, est-ce que ça vous dérangerait que l'on reste en contact.

Elle resta bouche béate devant lui.

–Oublier ce que je viens de dire, ce n'est pas grave, se résigna-t-il finalement.

Ce fut sur ses mots là qu'il partit. Fuyumi n'avait rien pu dire et se rendit compte qu'elle ne lui avait même pas donné son nom. Toutefois, au plus profond d'elle, elle avait l'impression que quelque chose d'incroyable venait de se passer. Si seulement elle avait sa paire de lunettes supplémentaire...

C'est extrêmement stressant n'est-ce pas ? Comme je l'ai dit, les premier chapitre ne sont là que pour poser les bases pour la suite. Gardez en tête que ce n'est que le début du mois uwu.

PS- il me manque encore deux défis pour que mon calendrier soit complet, n'hésitez pas à me faire vos suggestion ^^.

24 jours : 3ème éditionWhere stories live. Discover now