[Cette histoire se passe en 1920 en Allemagne]
Quand on étais gosses, on était toujours ensemble, à rigoler, s'aventurer, parler ensemble. Nous étions inséparables. J'avais commencer à avoir des sentiments pour toi, c'était... bizarre, mais j'adorais. Je t'adorais.
Je me rappelle de quand j'ai avoué mes sentiments. J'appréhendais. J'avais peur. Peur que ça impacterait notre amitié, peur que tu me rejetterais, si tu aurais dit non. Et, si tu aurais dit oui, peur du jugement des autres, comment les autres auraient réagis quand ils auraient appris qu'il aurait un couple gay dans leur voisinage? Probablement mauvaisement.
Mais j'ai pris ce risque à deux mains, j'embrasserais ma certaine erreur, ou certaine joie. Dehors, sous notre arbre préféré.
" Bébert?
C'est comme ça que je t'appelais, ou plutôt, que le village t'appelais avant.
- Ouais?
- J'ai quelque chose à te dire....."
Tes yeux marrons me fixaient, avides de savoir plus sur ce que j'allais te dire. Tu ne répondais pas, sachant à mon ton que c'était important.
" Je pensais à ça depuis plusieurs mois, et....
- et...?"
Je n'osais pas. Je ne voulais pas. Ma voix se paralysait, mais mon cœur me criait de le faire.
" Tu m'inquiète Dimitri, bon sang qu'est ce qu'il se passe?!"
Ta voix était emplie de chagrin, tes yeux cherchant à lire dans les miens.
" JE T'AIME!! Bon sang Albert , je t'aime, d'accord?!"
Tu n'avais pas répondu, tu me regardais juste avec des yeux surpris. Tu t'étais approché de moi, et tu posa tes lèvres sur les miennes. J'étais surpris, tu ne me rejetais pas!
Et voilà, qu'avec seulement quinze piges, on a commencé à sortir ensemble.À l'issu de cette relation, je voulais que nos familles et amis sachent. Mais, tu étais septique.
" C'est bien de leur dire, mais... Nos parents sont probablement homophobes, et nos amis ont de fortes chances de l'être aussi! Je ne veux pas être séparé de toi... "
C'était ton argument, et pour être honnête, tu avais raison. Un petit sourire triste était affiché sur ton visage alors que tu étais adossé délicatement sur mon ventre, au milieu de ce printemps frai. Je mis mes bras autour de tes épaules, te donnant un câlin d'encouragement.**
19 décembre 1926. Nous avions 21 ans maintenant. Nous nous aimions encore plus que le premier jour, et, même si le mariage entre personne du même sexe était fortement désapprouvé et interdit, je voulais de tout mon cœur être ton mari. Lise, une amie d'enfance, consciente de ma relation avec Albert et actuellement fille de prêtre, m'a aidé pour organiser ce mariage. Nous avions pu nous marier! Illégalement, certes, mais nous avions pu. J'étais si heureux que j'en avais pleuré de joie, et toi aussi.
Mais toute cette joie s'est en-allé d'un jour à l'autre. On était parti boire au bar d'à côté avec des amis, comme chaque vendredi soir d'une semaine ennuyante. Combien de bières avons nous bu? Je ne sais pas, je ne me souviens pas. J'étais trop saoul pour le savoir. Tu étais pas trop saoul, au contraire. Je me rappellerai toujours de ton rire quand je t'avais crié, à moitié saoul, un grand "je t'aime" devant le bar entier, avec, -à cause de mon niveau d'alcool plutôt élevé- mon accent russe refaisant surface. Les amis nous accompagnant avaient eux aussi rigolé, mais je n'avais entendu que ton rire, et ta réponse; un discret "Je t'aime aussi" pratiquement chuchoté. Il commençait à faire vraiment tard, et le bar nous avait jeté dehors à cause ça. Mais aussi à cause des litres de bière que nous avons ingurgité. Tu m'accompagnais jusqu'à chez moi, ou plutôt tu m'avais traîné, jusqu'à chez moi. Tu es sorti ensuite, mais j'aurais dû te retenir.
Le lendemain les policiers t'avait retrouvé mort, avec 14 coups de couteaux dans la poitrine, et le doigt portant notre alliance, découpé. J'eus failli vomir, les larmes coulant le long de mes joues par dizaines. Mes parents et les tiens ont voulus me réconforter, mais il croyait que j'avais perdu seulement un meilleur ami, un "frère", mais la vérité est bien plus pire. J'ai perdu mon mari, et l'amour de ma vie. Mais ils ne le seront jamais.
Et me voilà, sur mon canapé, pleurant à chaudes larmes une photo prise avec toi, me rappelant du temps où tu étais là.
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Yikes! J'aime les trucs dépressifs !
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This moment in 1920
Random" Nous filions le parfait amour, tu m'aimais, je t'aimais, mais j'ai pas su te sauver. Je suis débile. "