Quand je suis rentrée chez moi, papa était affalé dans le canapé. Il comatait sûrement. J'avais à peine eu le temps d'ouvrir la porte d'entrée que Raphaël et Luis accoururent vers moi en criant.
« - Montre ta blessure, criait Rapha'.
-Comment t'as fait ? C'est un requin qui t'as attaqué ? Nan ze sais ! Un dinosaure !
-Doucement les garçons !
-ASSIA, ASSIA !!! »
Ma mère vint seulement vers moi puis m'enlaça. Évidemment Pas un seul mot. ç' aurait été trop beau. Soudain mon père éleva la voix. Il cria mon prénom. À contre cœur, je me rendis jusqu'à notre vieux canapé usé. Mon père, en l'espace d'une journée, avait pris dix ans. Oh mon dieux. Il m'ordonna de lui montrer mon bras.
« -Pff... Chochotte. Dit-il
-Q-quoi ?
-T'as bien entendue, t'as quinze ans pas quatre-vingt-quinze, si ? s'emporta-il
-N-non. Soufflais-je
-Bah alors ! Bouge-toi, au lieu de te la jouer attrape poussière ! Va faire le repas tiens !
-... QUOI !?! C'est une blague j'espère ? Tu rigoles là ??? Nan mais tu oses me dire ça ! Mais
t'es un monstre papa !!! Tu m'envoies à l'hôpital et à mon retour, ça-y est ? C'est finit ? On
oubli tout ! TU RÊVES !!!
-COMMENT TU ME PARLES ?!? Rappelle moi ce que tu es sans moi ? Je vais te le dire moi :
RIEN.
-Si. Mieux. »
Mon père me regarde, choqué. Sa main tremble dangereusement. Ai-je été trop loin ? Sans doute. Mais c'est trop tard. Que va-t' il faire maintenant ? Me frapper ? Crier ? Rien ? Ou peut être même qu'il oserait me virer. Pas besoin. Je vais le faire seule. Et, après l'avoir défié une dernière fois du regard, je parti.
J'avais fourré quelques vêtements dans un sac de sport ainsi que mes minces économies. Je voulais à tout prix m'éloigner de lui. Pour trouver une solution. Mais que faire ? Je courrai, encore et encore. Mes poumons me brûlaient. La douleur due à la blessure au genou que je m'était fait il y a deux ans, me faisait atrocement souffrir. J'avais peur que mes jambes ne puissent bientôt plus me porter. Je ne savais même pas où aller. Il fallait que je m'arrête pour réfléchir. Malheureusement je n'y arrivai pas. Comme si un mode « courir en boucle » était actionné. Quand je réussis enfin à m'arrêter, j'étais en pleine ville. Je consultai une brochure des bus, espérant sans doute y trouver une destination lointaine. Pourquoi pas Honolulu ou même un village perdu dans l'Himalaya ? Je me suis plutôt décidée à rejoindre une auberge de jeunesse au nord de la ville.