Les Gavroches

Prologue

Charlie Chaplin a dit une fois: La vie est une tragédie vue de près mais une comédie avec du recul.
Et je suis d'accord avec lui.
J'aime bien ce gars. Si on enlève le chapeau les gens se mettent à le détester. Si on le remet il est à nouveau adoré.
Il ne suffit de rien pour se faire détester.
Moi on me détestait quand j'étais gosse.
Je n'avais que deux amis.
Matt et Ollie.
Ah...
Ils étaient géniaux.
Toujours à se bagarrer pour rien.
À l'époque, la France était une France meurtrie. En guerre, la Tour Eiffel détruite. C'était effrayant. Nous vivions à Paris. Le pire endroit du monde, il y avait des alcooliques, des prostitués, des voleurs, des criminels et puis nous. Nous n'étions pas des anges par rapport à eux. Au contraire nous étions pires.
Mais c'était bien car cela nous permettait d'éviter de se faire attaquer. Les gens avaient peur de nous. Mais si on réagissait comme ça c'est parce que nous aussi nous avions peur. Nous ne voulions juste pas l'avouer.
Surtout Matt.
Il a toujours été froid, distant. Il n'aimait pas montrer ses sentiments sauf la fois où il m'a révélé les siens. Il adorait se battre avec Ollie et j'étais son préféré. Il n'aurait jamais dit ça si il avait su ce qui s'était passé.
Nous passions notre temps à voler. Puis nous avons commencé à nous impliquer dans des affaires de meurtres, d'enlèvement, de vente de drogue ou pire...d'espionnage. À cette époque valait mieux être coupable de vol que d'espionnage. Tu pouvais recevoir la peine de mort peu importe ton âge.
Heureusement si vous lisez cette histoire vous vous doutez que nous n'avons pas été exécutés.
On était des malins. Des renards parmi des poulets comme le sont les policiers. On échappait à tout. On formait un super trio.
Je suis un peu perdu. Cette époque me manque mais en même temps je suis content que ce soit derrière nous.
On a failli mourir plusieurs fois mais nos aventures en valait la peine.
On n'a jamais connu l'amour mais l'amour qui régnait entre nous trois suffisait.
Tout le monde nous détestait mais on s'en fichait.
C'est drôle.
Quand on est petit on se contente de rien mais on voit les choses en grand.
Et quand on est grand on se contente de beaucoup mais on a l'impression qu'on a rien.
On dirait une sorte de monde inversé.
L'utopie qui devient la dystopie.
Le chat qui devient le chien.
Le terroriste qui devient jardinier.
Quoique...
Je suis sûr y'a des terroristes jardiniers.
Je veux dire.
Avant j'étais un petit criminel.
Maintenant j'écris des livres et des poésies.
J'ai un mari. Une fille.
Et je pense que ça suffit...
-« Papa ! »
-« Coucou Loane ! Ça va ma chérie ? »
-« Ouais ! Mais papa, y'a papa qui veut pas me raconter son enfance. »
-« Oh tu sais que ton père n'a jamais été très ouvert. Mais je peux te raconter la mienne. »
-« Ouais ! Dis moi comment t'as rencontré papa ! »
-« Bien. C'était y'a bien des années. J'avais 13 ans, on me surnommait Luc et ton père c'était Matt. Il y avait Olivia avec nous qui était à l'époque Ollie. Et on était connu sous le nom des Gavroches. »
-« Les Gavroches ? Pourquoi les Gavroches ? »
-« Et bien vois tu Loane...les Gavroches c'est comme ça qu'on désignait autrefois les enfants des rues de Paris. »
-« Mais c'était y'a longtemps ! »
-« Oui...mais ce terme ancien et mystérieux faisait son effet crois moi... »
-« Et du coup tu l'as rencontré comment papa ? »
-« Laisse moi te raconter... »
J'installa ma petite écureuil sur mes genoux, je regarda à la fenêtre.
Fais le.
Et je commença à lui raconter cette histoire...mon histoire...notre histoire.