Il a fallu qu'elles meurent pour qu'on vive

L'effondrement est notre base

Esperanza voyait au-delà des mots.
Elle apportait des centaines d'espoirs
par ses phrases
et
des doutes à profusion lors de ses silences.
Certes,
elle aimait les mots,
les milliards de mots qu'elle pouvait voir,
entendre,
mais s'il y avait bien un mot
qu'elle retiendra dans toute cette tornade de lettres,
c'était bien le mot
« effondrement ».

L'effondrement est un terme
néfaste pour
une bonne partie des consciences humaines.
Il mène la plupart du temps
à un sentiment de perte.
La perte d'une longue série d'efforts,
la perte de quelque chose qui nous est cher
ou bien même
la perte de la base sur laquelle
on s'est construit.

Pourtant,
ce que nous ignorons,
c'est que c'est grâce à lui,
à un effondrement en particulier,
qu'aujourd'hui on existe.

Pour Esperanza,
ce mot était source d'espoir.
Car sans lui,
elle ne serait pas là.
Elle n'aurait pas existé,
notre monde n'aurait pas existé
comme on le connaît à l'heure actuelle.

Les atomes qui forment la vie sur Terre
et
donc par la même occasion
le corps humain,
proviennent de
l'effondrement
(ainsi que l'explosion)
des étoiles géantes qui ont créé notre galaxie.
Des étoiles qui meurent
mais
qui derrière
ont permis la vie.
Tout un effondrement,
toute une perte
pour une tout autre récompense.

Esperanza aimait se dire
que tous les êtres humains
qu'elle croisait,
avaient,
en eux,
un petit bout d'étoile.

Notre vie est un effondrement.
Et peut-être,
que cet effondrement
engendrera derrière des choses meilleures.
Peut-être que nos pertes seront bénéfiques,
peut-être que cet effondrement n'est pas vraiment la fin,
que c'est juste le début d'une véritable existence,
d'une véritable histoire
et qu'il ne manque plus qu'à l'écrire,
lui donner un minimum de sens.
Et si on se donnait un sens.
Un petit truc qui nous ferait nous dire
que oui,
on existe
et que même après notre effondrement
on sera là,
quelque part.
Qu'on ne sera pas uniquement
un nom sur une pierre,
qu'on ne sera pas qu'un visage
sur des photographies,
des adjectifs qui nous qualifierons toute notre vie,
ni même un post sur les réseaux sociaux.
Non,
qu'on sera bien au-delà de tout ça.
Bien au-delà de la Terre,
de l'Univers
et de nos pensées.
Qu'on sera des actions,
un souffle,
des émotions,
un vécu,
une trace,
un souvenir qui traversera le temps
et
bien au-dessus de ce que l'on peut prétendre.

Là-haut,
des milliers d'étoiles géantes
ont explosé,
ces mêmes étoiles
ont créé,
elles ont laissé une trace,
une trace de leur existence dans chaque humain.
Ces étoiles n'étaient pas dotées de la parole,
pourtant
même sans parole,
elles ont raconté leur histoire.
Alors,
ne serait-ce pas le temps de
mettre des mots sur
tout ça?

Peut-être qu'Esperanza a raison.
Peut-être qu'au fond,
nous sommes tous des étoiles
et
qu'il ne manquerait plus qu'à
nous d'écrire la suite de l'histoire.
Que notre effondrement
laissera
de la beauté derrière lui.
Et j'aime penser
qu'Esperanza a raison dans son raisonnement.

«Le fait le plus incroyable réside en une seule connaissance. La connaissance que les atomes qui forment la vie sur Terre, les atomes qui créent le corps humains, tous ces atomes, proviennent de l'effondrement et de l'explosion des étoiles géantes qui ont jadis créé notre galaxie. »

- Neil deGrasse Tyson -