Il y a maintenant 170 ans de ça, une jeune femme nommée Paulette était allongée à la place où tu est assis,entre mes racines. Ce n'était pas une mauvaise fille, je l'aimais bien. Mais vois-tu, elle avait un très gros problème : elle était enceinte. Et à cette époque, avoir un enfant sans être marié était très mal vu. Je sais qui était le père : un écureuil me l'avait dit. Il ne fait pas faire confiance aux écureuils, toujours à dire des mensonges et à faire des blagues ! Mais celui-là était un vieil ami, c'est pour cela que je le crois. Une fois un écureuil m'a fait croire que... bon, bref. Il m'affirma donc que Paulette traînait beaucoup avec Francois, le plus grand fils du meunier. Je ne l'aime pas trop le François, c'était un coureur de jupons. Paulette le savait aussi et ne voulait pas s'engager avec lui. L'était sage la Paulette.On me rapporta qu'elle essayait de cacher son ventre le plus possible par des robes amples par exemple. Elle passait toutes les journées aux champs pour ne croiser personne. Elle habitait chez son père, elle n'avait que seize ans. Mais un beau jour, voilà que l'enfant voulait sortir. Elle s'est enfuie et a courût le plus loin possible. En arrivant dans ce bois, elle a vue mes racines sortant de la terre, et peut-être s'est-elle dit qu'elle y serait confortablement installée pour accoucher, et protégée du froid. Et c'est comme ça que dans une forêt en plein mois d'octobre, une petite fille vint au monde entre mes racines. Elle était vraiment minuscule. Un petit duvet brun lui recouvrait le crâne. Elle était magnifique. Paulette, épuisée, la nourrissait et la berçais. Nous aurions presque pu former une famille : la petite dans les bras de sa mère, et moi, penché au dessus d'elles. Dans ma jeunesse, j'avais appris le langage des humains. Alors quand Paulette chuchota « adieu Lysie » après que la petite soit endormie, je compris qu'elle ne resterais pas. Je le savais depuis le début qu'elle ne pouvait pas ramener cette petite boule rose qui bougeait ses pieds en dormant, mais pourtant j'espérais... Elle posa l'enfant et l'enroula dans quelques draps en faisant un tapis de feuilles mortes. Puis elle pris un caillou et écrive en grosse lettre son nom sur mon tronc : «Lysie». Elle jeta un dernier regard à sa fille puis partie d'un pas pressant vers le village. Nous étions seuls, Lysie et moi.
Au bout de quelques heures, je commençais à me dire que la petite ne pourrais pas dormir éternellement, quelqu'un devais s'en occuper. Je n'avais malheureusement pas de lait pour la nourrir, que de la sève mais les humains n'aiment pas ça. Les habitants de la forêt s'étaient rassemblés pour la regarder. Ils parlaient tous en même temps, mais pas trop fort de peur de la réveiller. J'envoyais mon ami Nono à l'autre bout de la forêt, car je savais qu'une famille de renard venant d'avoir des petits y vivait. Mais si, tu sais, mon vieil ami Nono l'écureuil ! Il s'appelle Noisette, comme toute sa famille, alors je lui ai donné ce surnom pour le reconnaître. C'est lui qui m'a appris pour Paulette et Francois. Mais revenons à Lysie ! Nono parti donc chercher Patte-Blanche, la renarde. Je me disais que ça ne la dérangerais pas de s'occuper d'un enfant de plus. Quand Lysie se réveilla, ses pleurs emplirent la forêt jusqu'à ce que tout les animaux curieux qui étaient autour d'elle se taisent, terrifiés. Si bien que quand Patte-Blanche arriva, il n'y avait plus personne. Les renards ne sont pas très bavard contrairement aux écureuils, alors elle pris simplement Lysie par le cou et parti. Je me senti très seul. Seul, avec son nom gravé sur mon écorce.
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Fille de la forêt
Short StoryQuand un viel arbre vous interpelle pour vous raconter une histoire, mieux vaut l'écouter...