« J'avais beau essayer de me retenir, c'était impossible de lutter contre la pulsion destructrice qui m'envahissait. J'étais incapable de me retenir de tuer, c'est d'ailleurs ce que je venais de faire, pour la dix-huitième fois. Je venais d'assassiner une personne qui ne m'avait absolument rien fait, mais une fois de plus je n'ai pas réussi à repousser cette pulsion meurtrière présente depuis le fameux événement, il y a précisément trois mois. L'explosion qui a ravagé la ville et qui a fait de moi ce que je suis maintenant. Mais c'est plus fort que moi, j'ai envie de tuer, envie de faire du mal, envie d'enlever la vie à des êtres humains. C'est ce que j'ai fait, il y a précisément trois heures, quarante-deux minutes et vingt-cinq secondes, j'ai tué quelqu'un, James il s'appelle, s'appelait. Célibataire, sans enfant, trente et un an, junkie et violent. Je l'ai tué, dans une ruelle sombre, derrière une benne à ordure. Il était vingt-deux heures trente-sept. Je suis arrivé derrière lui alors qu'il agressait une femme légère, je l'ai frappé une première fois à l'arrière du crâne, il a lâché la fille en pleurs qui s'est sauvée. Il s'est retourné et il m'a décoché un coup de poing dans la mâchoire, je n'ai pas vacillé, j'ai senti le goût métallique et sucré du sang dans ma bouche et j'ai essayé de fuir, mais mes jambes n'ont pas bougé. J'ai essayé de lutter je savais que j'allais le tuer, j'en mourrais d'envie, j'allais le faire, c'était certain. Je lui ai demandé de partir, il m'a ri au nez en me répondant, je cite "Je vais te mettre la raclée de ta vie connard, tu vas crever.". Je n'ai pas bougé, j'ai encore essayé de lutter contre mon envie irrépressible de le tuer. J'ai fini par abandonner, j'ai compris une fois de plus que je ne pouvais pas lutter et qu'il allait mourir, qu'il devait mourir. Après nous il n'était qu'un toxicomane qui violait des putes avant de les tabasser. J'ai fait un pas vers lui, il a reculé et a essayé de me frapper, raté. Je ne l'ai pas loupé, je l'ai frappé au visage, une fois, deux fois, il est tombé. Il avait l'air d'un agneau terrifié devant un loup affamé. Et le loup c'était moi. Je me suis agenouillé devant lui et je lui ai brisé le poignet gauche, c'est un son que j'affectionne particulièrement, ce craquement d'os suivi d'un hurlement. Je l'ai regardé dans les yeux, j'ai regardé longtemps la douleur dans son regard alors que je lui brisais le bras droit. J'ai réitéré l'opération avec ses jambes, l'une après l'autre, avec la soif grandissante de le faire souffrir davantage et de voir son visage se tordre de douleur. J'ai sorti le canif qu'on m'avait offert à l'obtention de mon diplôme à l'université. Je l'ai ouvert et j'ai regardé l'éclat de la lune sur la lame. Je l'ai approché lentement de son visage et d'un geste bref et rapide je lui ai plongé dans la jambe droite, avant de lui planter dans l'autre jambe. Il m'a regardé encore plus effrayé et il m'a dit, je cite "Tu es cinglé.", ce à quoi naturellement j'ai répondu "Et toi tu es mort." juste avant de lui trancher la gorge d'un geste lent, en admirant le sang couler et recouvrir ma main. J'aurais pu m'arrêter là et c'était déjà horrible, mais non, mes pulsions me poussaient à aller plus loin encore dans l'atrocité de mon acte. J'ai étendu le corps au milieu de la ruelle, les bras tendus comme un christ sur sa croix. Je lui ai arraché les yeux et le bruit était semblable à un bonne bouteille de Bordeaux qu'on ouvrirait. Et je lui ai ouvert le ventre, je me suis servie de ses intestins pour lui fabriquer une belle auréole et deux jolies ailes, ironique, n'est-ce pas ? J'ai fini par lui arracher le cœur, il n'en avait pas dans la vie alors il n'en aura pas besoin dans la mort. Et j'ai signé, oui j'ai signé, comme les quatorze autres fois. J'ai signé 'Ange', le surnom que m'ont donné les médias après les trois premiers meurtres, et c'est vrai, je suis un ange, à la fois ange gardien et ange de la mort. Après ce meurtre, j'ai pris le chemin du retour, j'ai fait cinq fois le tour du parc, comme d'habitude, et je suis rentré dans ma maison de banlieue avec le cœur encore chaud de ma dernière victime dans la poche. Je l'ai mis dans un bocal sur l'étagère du sous-sol, avec les dix-sept autres. Je suis remonté, j'ai pris une douche et je me suis affalé dans le canapé de mon salon vide de vie. J'ai allumé la télévision et j'ai vu l'œuvre abominable d'un tueur en série psychopathe, au journal de la nuit. Une habitante quinquagénaire qui promenait son chien avait trouvé 'une vision d'horreur', le corps ensanglanté et mutilé d'un homme. Et j'ai souri tout en pleurant, un monstre voilà ce que j'étais, une personne mauvaise, mais un tueur en série sur lequel la police était incapable de mettre le grappin. Jamais un témoin, aucun ADN, aucun lien entre les victimes, du moins aux yeux de la police. Rien pour coincer cet 'ange' meurtrier, non rien, pas même un mobile, pas un suspect, non rien. Mais moi je sais, moi je sais ce qui les relie, je sais que c'est moi. Je sais ce que je suis. Un assassin. »
Je m'appelle Isaac Langston, J'ai vingt-et-un an et je viens d'obtenir ma licence de littérature à l'université Langlade.
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Assassin
Short StoryComment je suis devenu l'assassin le plus recherché de la ville.