- MAIS QUAND EST-CE QUE TU VAS ME LAISSER PARTIR ESPÈCE DE MALADE ?
J'entendais mon frère se débattre dans l'eunlann. J'étais vraiment frustré de ne pas pouvoir le rassurer, mais il fallait qu'il comprenne tout seul que je faisais ça pour lui, pour l'aider. Tout irait mieux après.
Il pleuvait des cordes dehors, mais je trouvais que ça ajoutait du charme à cet endroit : comme l'orage avait fait disjoncter le compteur, j'avais allumé une bonne cinquantaine de bougies, traçant des chemins de pièces en pièces, plongeant les lieux dans une ambiance chaleureuse. Des formes aux couleurs magnifiques se dessinaient sur le sol quand l'eau venait s'écraser sur les vitres, filtrant la lumière de lune et reflétant les flammes des bougies.
Le manoir de grand-père était situé au sommet d'une colline, autrefois entièrement immergée sous la Mer du Nord. D'où la présence de cet immense phare, initialement perdu au milieu des eaux. Je me souviens encore, étant petit, devoir presque me tordre la nuque pour en apercevoir la lanterne. D'ailleurs, c'est de l'eunlann qu'on en avait la meilleure vue.
Ce nom, « la volière » en gaélique écossais, datait de l'époque où mon frère et moi allions au manoir, les week-ends. Autrefois, les oiseaux se refugiaient dans cette pièce, ne craignant pas les humains. Mon frère et moi adorions aller les nourrir et leur courir après. Cette pièce était très chère à nos yeux ; j'étais sûr que, même s'il men voulait un peu de le laisser seul là-haut, il s'y sentait bien : cet endroit était lourd de bons souvenirs, et on continuait à en créer.
La bâtisse avait été construite des siècles après le phare, par un vétéran parti en Écosse avec sa femme et sa fille. Ils n'avaient pas mal choisi le lieu pour mener leur vie loin des autres et des ennuis...
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L'eunlann
Mystery / ThrillerDeux textes complémentaires rédigés pour un cours à la fac