Jamais elle ne mourra

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Ces abysses ne sont plus celles des martyrs. Il fût un temps où elles n'avaient de repoussant que leur absence de lumière et de chaleur, mais l'abomination finit par y naître, et se dilua rapidement. Voici donc ma nouvelle fosse, une fournaise crachant la rancœur et le dégoût.

Et son éclat conquiert les ténèbres avec une efficacité au-delà de mes espérances. Mais des terres de joie assimilées de cette façon, rien ne pourra jamais poindre. Féroce jalouse, elle tari chaque autre source et stérilise chaque autre motte : la Haine a ça d'adroit qu'elle devient un parasite essentiel. Mais si elle transcende son statut de pillard, elle en garde le même appétit. Me voilà esclave de ses fils me guidant vers de nouveaux hôtes potentiels : elle a faim, et compte sur la mienne pour faire abstraction des moyens. En m'élevant par le putride, c'est autant de salves de graines semées qui pourriront de nouvelles fosses par leurs germes. Et ceux qui logeront la Haine pour la première fois ne sauront l'appréhender au-delà de son sourire enjôleur. Ainsi, sans prédateur naturel, elle s'engouffre dans les balafres pour en ouvrir de nouvelles. Son cycle est bien leste.

Mais l'Homme n'est pas mauvais, et ne doit le devenir ! Ne laissons plus rouiller nos valeurs, et restons martyrs. Seule la Résilience peut lutter contre le pourrissement de tes abysses, camarade, ou tôt ou tard tu deviendras un geôlier de plus, sans pour autant quitter ta propre fosse. Il n'y a de plus grande vertu que de préserver les autres des sévices que l'on a subis.

Aux lueurs putrides de la Haine préférons toujours les ténèbres, car elles ne sont que de la terre meuble en attente du vrai soleil.

Jamais elle ne mourraWhere stories live. Discover now