Stonehenge : Les pierres éternelles

Première Lune

Une brise légère, le clapotis de l'eau de la rivière, les rayons du soleil à son zénith.

On ne verra pas ça souvent au centre de Tokyo ; ça c'est sûr !

Il va falloir que je trouve un endroit pour me mettre à l'abris ; j'ai vu des lions roder et vu la crainte des cervidés autour de moi, ils ont dû très bien s'acclimater aux nouvelles proies dont la forêt regorge et ils ne feront pas les difficiles devant un semblant de singe sans poils, incapable de dépasser les 20 km/h en sprint.. oh ! Sans vêtements du coup.

Mais d'abord, où suis-je ? Et qui suis-je ? Aucune perte de mémoire, une reconnaissance parfaite de la localisation de chacun de mes membres, aucune douleur notable... On dirait que mon corps n'a pas été drogué à première mesure ni abusé mais il serait intéressant de faire quelques test... Ces morceaux de pierres peuvent sûrement m'indiquer ce qui a pu se passer pendant ma phase de sommeil.

Je me suis mise à les collecter, notant à chaque fois l'endroit exact où mes doigts entraient en contact avec elles ; si j'ai l'occasion, j'effectuerai une batterie de test d'identification des potentiels minéraux le constituant et je ne voudrais pas que la transpiration de mes doigts fausse la réaction de la roche avec l'acide dilué. Enfin, ça a plus l'air d'être une roche sédimentaire ou exogène mais il aurait fallu des milliards d'années pour la produire et surement pas instantanément comme c'est le cas pour moi ...

Pas le temps pour ça ! Partons à l'aventure !!

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Pourquoi ... qu'est ce que j'ai pu faire au juste pour que ça m'arrive ..?

Je n'ai causé de tort à personne. Je n'ai fait que grimper sur un arbre pour me mettre à l'abri après des heures de marches en longeant la rivière dans l'espoir de trouver un semblant de civilisation, simplement vêtue de feuilles de bardane et de lianes pour tenir le tout, un semblant de vie... Sur la cime de cet arbre, il faut le dire magnifique mélèze de la famille des pinacées, j'ai même pu observer au loin des sources d'eau chaude où j'aurais pu me déplacer pour me laver et éviter la propagation de bactéries mais il a fallut que je tombe sur ... hum .. comment les décrire ... des cosplayeurs d'un nouveau genre bien trop persuadés d'être les vrais personnages qu'ils incarnent ..? Des gardes forestiers qui célèbrent une divinité régionale en s'habillant de manière .. rudimentaires ..? Dans tout les cas, j'étais venue les interpeller dès que je les avais aperçu et me voilà attachée par des lianes autour d'une lance, transportée comme un cochon prêt à rôtir et avec une lame menaçant ma gorge à chaque mouvement suspect.

-" Si ça ne tenait qu'à moi je la tuerai ici même cette femme ! C'est sûrement encore un espion de ce Tsukasa !!

- Oui mais Magma, le nouveau chef a ordonné que chaque personne que l'on trouvait pendant nos surveillances devait être ramené au village.

- Justement ! C'est complètement ridicule ! Qui te dit qu'elle n'ira pas brûler nos toits et s'enfuir vers l'ennemi pendant la nuit hein !!?

-Nan mais ... je vous veux pas de mal moi ... je veux juste savoir où je suis...

-Ce sont les ordres du chef. Et puis tu vois bien sa tenue ; elle ne serait pas comme ça si elle venait des troupes de Tsukasa. Ils savent comment d'habiller un minimum.

-Hey !! je te permets pas !

-De toute façon , j'ai pas confiance en ce Senkuu ! C'est pas un bon chef , c'est un sorcier !

-Attendez .... vous avez dit Senkuu ?

-Hum ? " répondirent simultanément les deux hommes en se tournant vers la jeune femme pour la première fois depuis le début de la conversation.

-" Ouais, un gars avec les pointes des cheveux vertes et qui parle tout le temps de sciences ; on parle bien du même Senkuu ?" devant la mine suspecte de ses deux geoliersface à sa voix tremblante, elle reprit plus calmement :

-" Emmenez moi le voir ! Il faut absolument que je lui parle !!"

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La foule qui te scrute comme une bête de foire, voila ce que je déteste ! Enfin, pas étonnant quand tu arrives enroulée comme un trophée de chasse après qu'un mastodonte ait hurlé à la mort qu'il faut " prévenir le chef parce qu'ils ont capturé un intrus dangereux " . J'ai pourtant bien tentée de plaider ma cause mais cette grosse brute n'a rien voulue savoir...

-" Puisque je vous dis que je ne suis pas une espionne ; je suis juste paumée et je veux savoir où je suis !" répond-elle pour la cinquième fois, exaspérée.

-" La bonne question à poser n'est pas de savoir où mais quand Lulu-chan ! "

Cette voix taquine, énervante, exaspérante, je la connais très bien et à cet instant c'est la seule chose qui me revient de mon souvenir de la veille, quand je devais rendre les clés du labo de science et que je passais devant le club de science où les explosions étaient fréquentes ce soir là.

-" Je pensais vraiment pas tomber sur toi Lulu-chan, et encore moins te retrouver vivante dans l'enceinte même du village ! Haha !! Avec toi on va clairement faire un grand bond en avant vers l'ère moderne.... Tout ceci est follement excitant !"

Je me souviens que ce soir là, j'étais restée plus tard pour observer les colonies de bactéries qui avaient survécues à notre antibiotique fait-maison. Le ciel se couchait et les rayons traversaient les fenêtres ouvertes du couloir pour venir réchauffer mes bras nus.

-" Il va falloir qu'on te trouve de quoi t'habiller Lulu-chan. Tu aurais de quoi lui prêter quelque chose Kohaku ? "

Je me souviens qu'il y avait une canette d'énergisant de trop dans mon sac, que j'étais partie pour lui offrir et que je me suis arrêtée penaude devant la porte en le voyant boire devant la fenêtre. J'avais pris le temps de l'admirer un instant pour oublier le rythme excessif de mon cœur.

-" Hein ? Mais non ce n'est pas une espionne ! Je la connais mieux que personne et elle n'arriverait pas à mentir correctement pour ça. Vous pouvez lui faire confiance sur ce point ! "

Ma main s'était figée sur le rebord de la porte, ça aussi je m'en souviens. Il avait l'air si détendu, un brin curieux en regardant la cour extérieure où plus aucun élève sans bonne raison ne serait resté vu l'heure. A cet instant, je ne désirais qu'une seule chose... Je voulais qu'il se retourne et qu'il m'appelle par ce surnom qu'il me donnait depuis tout petit.

-" Prêtes à découvrir le royaume de la science Lulu-chan ? "