Tome 1 - 24 lettres

Première lettre

Rien n'est plus paisible que la grande maison des Ballers, un petit déjeuner pris en famille préparé avec soin par la maîtresse de maison, Madame Ballers Dona, une femme d'une quarantaine d'années, assez mince avec de long cheveux noir et des yeux verts clair, son long nez crochu et ses grandes oreilles n'enlèvent en rien son charme. À table, son mari Monsieur Ballers Erick, un grand homme d'une cinquantaine d'années, un peu bedonnant, les yeux marrons, la bouche charnue et le nez camus, il ne possède plus beaucoup de cheveux indubitablement les ravages de la calvitie. Avec eux, leurs deux enfants Ashley, la cadette et Ashton, l'aîné âgés de dix-huit et vingt ans. Le jeune homme est aussi grand que son père, facilement un mètre quatre-vingt-dix, il a les cheveux hérissés court blond ainsi que des yeux noisettes. Imberbe et maigre, il ressemble beaucoup à son paternel quand il était jeune. Aussi, il est très impulsif, il perd rapidement le contrôle sur lui-même, en revanche, il est très protecteur avec ses proches.

Ashley, quant à elle, mesure seulement un mètre soixante, elle possède des cheveux lisse naturellement mi-long brun ainsi qu'une frange rideau qui camoufle ses sourcils qu'elle trouve trop épais. Également, une bouche pincée recouvert de rouge à lèvre et des yeux saillants vert foncé. Elle détient un piercing au niveau des oreilles en forme d'anneau. Heureusement, elle n'a pas hérité du nez ou des oreilles de sa mère. Très charmeuse et manipulatrice, elle attire les hommes à son bon vouloir, elle paraît sociable mais aussi très hautaine sur les bords et imbue d'elle-même.

Ce matin, ils discutent de l'anniversaire d'Ashley qui a lieu demain, celle-ci insiste sur le fait qu'elle ne souhaite rien de particulier, juste un moment en famille. Il faut savoir que Madame Ballers est secrétaire du directeur régional d'une grosse enseigne américaine, Monsieur Ballers, quant à lui, est le grand directeur d'une entreprise italienne. En effet, c'est une famille bien fortunée où l'argent et le confort n'est pas un problème. Grâce à cette richesse, chaque année, ils organisent une grande fête d'anniversaire, à l'époque, quand Ashley était petite, elle a eu le droit à un grand magicien, un clown, des musiciens célèbres qu'elle admirait. Son frère n'a pas été déchu de toute attention, il a eu le droit aux même traitement. Alors comment pouvaient-ils savoir que cette année-là, aucune fête n'aura lieu, seulement des larmes, des cris, de la terreur et beaucoup d'incompréhensions.

La journée débute, Ashley rejoint ses deux meilleures amies qu'elle connaît depuis l'enfance, Zynsky May-line surnommée au quotidien May et Walsh Lindsay. Très heureuse de les revoir, elle sait tout au fond d'elle que c'est la dernière fois, elle sourit comme à son habitude alors qu'une profonde douleur est ancrée dans ses entrailles ce qui va la conduire au désespoir de son futur acte. La journée se passe comme à son habitude, les trois cancres ont encore fait la misère à leurs professeurs mais c'est la dernière journée où on voit le trio réuni. Ashley le sait mais elle n'en parle pas, celle-ci propose à ses amies d'aller boire un verre dans un bar, elles déclinent toutes les deux. May doit rentrer tôt à cause de son père qui a une annonce à faire à toute la famille tandis que Lindsay en raison de sa mère qui a divorcé récemment, celle-ci sombre peu à peu dans l'alcool alors elle essaye de la modérer. A cet instant précis, les deux jeunes filles ignorent que leurs refus vont être la source de nombreuses angoisses et de remords.

— De toute façon, on se voit demain pour ton anniversaire ! Réplique May, un grand sourire aux lèvres.

Ashley acquiesce avec un petit sourire mélancolique, les trois amies se séparent pour emprunter chacune une route différente pour rentrer chez elles. C'est la dernière fois que Ashley verra ses meilleures amies qui l'ont accompagné depuis sa tendre enfance alors elle les admire pendant de longues secondes en se rappelant tous les moments passés ensemble, les bons comme les mauvais.

Sur la route du retour, Ashley sait qu'elle sera seule dans cette grande maison, son frère rentre vers dix-neuf heures, il essaye d'enregistrer un album pour la quatrième fois, les trois premiers n'ont rencontré aucun succès malheureusement mais il continue quand même d'espérer, ses parents rentrent habituellement quelques minutes en suivant. Tout est calculé d'avance, elle rentre, pose son sac sur le palier de la maison et se rend dans sa chambre. Elle fouille sous son lit jusqu'à sortir une boîte de taille moyenne, toute noire. En l'ouvrant, il y a une corde d'environ un mètre, une enveloppe blanche fermée avec écrit « À l'attention de mon frère, Lindsay et May-line » et en bas en plus petit « ne l'ouvrir que quand vous serez réunis ». Elle place cette lettre sur son bureau et, avant de commettre l'irréparable, elle fait un dernier tour dans cette villa où elle a passé toute son enfance. Elle se souvient des moments passés avec son frère à jouer à la console dans cette immense salle à manger. Même avec le temps, la pièce n'a pas changé, une grande télévision murale avec devant une table basse rempli de magazine divers et variés, le canapé noir en cuir quatre places et deux fauteuils de la même gamme, un à gauche, l'autre à droite, une cheminée titanesque qui recouvre pratiquement tous le côté droit de la pièce. À l'arrière de la salle, une grande table en bois avec pas moins de douze couverts possible. En s'asseyant sur le canapé, elle se remémore les moments de disputes et de tranquillité avec les parents en train de regarder la télé, les moments de moquerie quand son frère s'est retrouvé puni dans un coin de la pièce alors qu'elle était libre comme l'air. Elle scrute tout autour d'elle, nostalgique, elle se lève et se dirige vers la cuisine. Des flashs de souvenirs n'arrêtent pas de se bousculer dans son esprit comme les moments d'amour ou les goûters passés avec ses fidèles meilleures amies. Une demi-heure est passée, il est dix-sept heures et demi, il est temps, se dit-elle. Elle remonte dans sa chambre, par acquis de conscience mais aussi par besoin affectif, elle écrit un dernier message à ses deux fidèles meilleures amies :