Ｆａｉｌｌｅｓ (ou le rantbook d'une ado en noir et blanc)

Séléné

Petite Lune abîmée. Petite Lune couverte de cicatrices. Ses yeux gris sont embués d'avoir trop pleuré. Séléné est peut-être plus enfant qu'on ne veut le croire. Elle me protège, elle est ma carapace silencieuse. Je crois qu'elle n'a pas assez grandi. C'est sûrement pour ça que malgré tout je suis atteinte.

Certains mots me blessent, me transpercent. Pleine de larmes retenues et de drames silencieux, Séléné regarde son ciel sombre parsemé d'étoiles lointaines et inatteignables. Peut-être se sent-elle seule. Elle se mouche dans les étoiles quand elle ne peut juste plus soutenir le regard du monde. Exposée, tellement exposée, aux moindres douleurs, aux moindres syntagmes.

Mais pourtant, débordante de bonté, elle n'abandonne pas. Jamais. Chaque choc est encaissé, et, frémissante, quand un ravin se creuse à nouveau, Séléné attend dans son beau silence que la cicatrice revienne.

Elle a peur du monde. Peur de ce qu'il pourrait lui faire. Peur des atteintes verbales et physiques. Peur que son noyau se fissure à son tour.

Séléné, ma petite lune, prends soin de toi. Tu as encore une longue vie à supporter. Ta carapace poussiéreuse ne sera peut-être pas assez solide, mais ça ira. Ça ira.

J'ai confiance en Séléné. En ses sourires doux et ses yeux tranquilles. Parfois, elle a pleuré de ne pas avoir réussi à me protéger. Mais je ne lui en veux pas. Elle n'est pas toute-puissante, elle est terriblement humaine elle aussi.

Les failles ne sont pas toutes tristes et sombres. Les failles sont des parts de moi creuses et pleines. Peut-être douces et remplies de chaleur, humaines jusqu'à n'en plus pouvoir.

Séléné, belle coquille pâle.

Séléné, l'enfant protecteur.

Séléné, Lune.