On ira danser sous les lampadaires.

Chapitre 1 :

Il venait de ré-emménager.
Il était pressé de commencer sa deuxième année en France, en Fac de Langue, à Nantes.
Originaire de Suède, il était né là-bas et, depuis petit, il avait toujours été obsédé par la France. Enfin.. depuis qu'il avait vu Ratatouille quoi. Il en avait étudié l'histoire, les lieux, la langue qui sonnait d'ailleurs magnifiquement bien à ses oreilles. Il adorait la langue française et sa façon de prononcer les lettres. Elle était compliquée à apprendre mais une fois que tu avais commencé à la côtoyer, tu ne pouvais qu'en tomber amoureux.
Pour reprendre l'image de Ratatouille, lorsqu'il fermait les yeux, il pouvait voir les couleurs des sonorités de la langue danser dans son esprit. Par exemple "bonjour" était une grosse boule rouge, "Merci" était un petit triangle équilatéral bleu clair. Quant à son nom.. "Oscar" c'était une sorte de ligne plate noire. Rien. Il détestait son prénom.

Assit sur son petit canapé lit en tissus, le jeune homme balayait la pièce du regard, un air las sur le visage. Son appartement n'était pas très grand. Il était composé d'une pièce avec une cuisine, une chambre et d'une une salle de bain à part, un 25 m² qui était plutôt luxueux pour un appartement Nantais près du centre. Cet appartement était encore mieux que son ancien. Plus grand, plus propre aussi.. on pouvait quand même voir que le petit appartement avait vécu. Il y avait quelques taches sur les murs et sur le sol et il sentait un peu le renfermé. Il se demandait tout de même parfois, ce qu'il était maintenant advenu de son ancien appartement. Il avait vécu tellement de choses là bas, ça lui avait brisé le cœur de le laisser à son propriétaire.
Ses paupières étaient lourdes. Cette journée avait été épuisante. Passée à bouger des cartons, essayer de trouver une place à ces affaires dans cet espace qu'il aller falloir appeler "chez soi".

Brrr brrr
Un son blanc en forme de Zig Zag le sorti de son demi-sommeil. Il ouvrit un œil afin de voir qui était l'émetteur de l'appel.
C'était Alice.
Il pensa quelque seconde à ne pas la rappeler... et il décrocha.

- Oui allô ?

- "Oui allô ?"
Répéta Alice.
Elle faisait ça souvent les car elle aimait se moquer gentiment de son accent, elle aussi savait apprécier les sonorités des langues.
Elle continua :
- Ouais hum pardon. On est devant chez toi avec Niko, Manon, Lila, Julien, Julie, Jules et Tanguy. C'est quoi le code du portail ?

Oscar poussa un soupir désapprobateur. Ah oui, c'est vrai. "La pendaison de crémaillère". Même après toutes les explications de ses amis, il ne savait toujours pas ce qu'était une crémaillère.
Il était tout de même content d'entendre à nouveau la voix d'Alice et de savoir que ses amis étaient en bas de chez lui. Il avait rencontré toute cette petite bande à la fac de Langues l'année dernière. Quand il était totalement perdu dans les immenses couloirs du bâtiments, incapable de se trouver le courage de  demander à quelqu'un "où était le salle". Il répondit, un petit sourire sur les lèvres.

- Les gars. Il y a des cartons partout et je n'ai rien à manger...

- "Je n'ai rien à manger". Putain tu parles vraiment comme un vieux. T'inquiète on a des chips, un prefou, des bières... on a tout prévu ! Jules a même 3 tabourets. Allez, c'est quoi le code du portail ?

- Oui oui pardon.. "Ya r1 à bouffer." C'est mieux comme ça ? Je fais moins vieux ?

- Ouais super Papi. Allez, balance le code, on est dehors et il pleut comme vache qui pisse là.

- QUOI ?

- C'est une expression du con.

Oscar marmonna. Si il y avait bien une chose qu'il n'aimait pas dans la langue française c'était ses expressions à.. heu c'était quoi déjà.. ? Ah oui. "À deux balles"