Purple

Chapitre 10

La plupart des Chiens dormaient encore lorsque des gardes sont venus chercher Alix.

Le soleil était à peine levé dans le ciel et l'équipe de traque épuisée récupérait de la chasse de la nuit précédente. Luc, qui n'y avait exceptionnellement pas participé, faisait partie des rares déjà réveillé. Durant l'expédition précédente, le stratège avait reçu une balle dans le bras. Il ne s'était pas démonté pour autant, gardant son sang-froid en achevant son ennemie, mais la blessure aurait pu s'avérer sérieuse. Il s'était évanoui en rentrant dans leur caste à cause de la perte de sang, malgré le fait que Aure lui avait fait un garrot de fortune pour le reste de la nuit. Il avait fait de son mieux pour ne pas perdre connaissance mais son corps l'avait finalement trahi à peine les portes du bâtiment franchies et des soigneurs avaient dû être appelé en urgence. Alix avait tellement paniqué – en gardant un visage parfaitement neutre – qu'il lui avait ordonné le repos et dispensé des deux prochaines expéditions. Luc avait protesté au début, mais son ami était resté sur ses positions. De toute façon, même lui devait admettre que sa blessure au bras l'empêchait de se battre correctement et efficacement, puis il y avait toujours le risque qu'elle se rouvre et qu'il ne perde trop de sang. Il avait été recousu et il cicatrisait rapidement, alors il savait qu'il pourrait retourner au combat dans quelques temps, mais il restait frustré de se trouver à l'arrière alors que ses amis – sa famille – s'enfonçaient dans les Terres Inhabitables pour aller chasser.

Par conséquent il faisait en sorte de se rendre utile malgré son immobilisation. Il faisait le ménage, arrangeait les machines abîmées de la salle d'entrainement et se levait toujours avant tout le monde pour préparer les repas et éviter aux autres d'avoir à s'encombrer avec ça.

C'était justement ce qu'il était en train de faire lorsqu'il entendit les coups donnés à la grande double porte menant à l'extérieur. Il sursauta et lâcha immédiatement ce qu'il était en train de faire, s'essuyant rapidement les mains avant de courir ouvrir les portes. Il se retrouva alors face à deux gardes de la caste des dirigeants. Les voir venir d'eux même n'était pas habituel, ainsi Luc sentit son appréhension monter alors que l'une d'elles prit la parole :

« Nous venons chercher le général. Les dirigeants ont demandé à le voir immédiatement. »

Luc savait bien qu'il n'avait pas à poser de questions ni à demander pourquoi. Alors à la place il hocha sagement la tête, lâchant la porte.

« Je vais le chercher tout de suite, il dort encore. »

Et sans plus attendre il se précipita dans le dortoir plein. Il se faufila entre les couchettes le plus silencieusement possible, jusqu'au lit qu'il partageait avec son ami et grimpa à l'échelle. En effet, Alix dormait encore, entortillé dans sa couverture, alors il posa sa main sur son épaule pour le secouer doucement. Lorsque ses yeux s'ouvrirent lentement, il se pencha pour murmurer ;

« Des gardes sont là, les dirigeants veulent te voir. »

Toute trace de sommeil envolée, le soldat se redressa d'un coup, murmurant un « j'arrive » avant de sauter de son lit pour aller s'habiller. Luc le laissa faire, ne pouvant pas s'empêcher de ressentir de l'inquiétude. Lorsque son ami sortit habillé d'une douche individuelle, son tacticien l'arrêta en lui tendant ses chaussures, ayant déjà enfilé les siennes.

« Je t'accompagne, déclara-t-il d'un ton sans appel.

-Tu ne pourras pas monter avec moi, tu le sais ça ?

-Je t'attendrais en bas, comme d'habitude. »

Alix acquiesça finalement et enfila ses grosses chaussures avant d'aller rejoindre les gardes qui attendaient toujours patiemment à l'entrée. Luc le suivit à la trace, sans rien ajouter mais ne voulant pas pour autant le laisser seul. Les gardes l'escortèrent jusqu'à la tour des dirigeants et la porte se referma sur Luc, le laissant seul à l'extérieur avec ses inquiétudes.