Chapitre 1: La Promesse

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Comme tous les matins, Cara cocha la date du jour sur le calendrier. Mais aujourd'hui était un jour spécial. Le compte à rebours était enfin arrivé à son terme. Elle avait vu chaque minute, chaque seconde passer pour la rapprocher de ce moment qu'elle avait tant attendu. Elle le savait, son existence se résumerait à cet instant. La patience était désormais est une vertu qu'elle avait acquise. Elle s'était imaginée le moment fatidique a maintes reprises. Tantôt changeant de décor, tantôt changeant les répliques d'Arnold, nourrissant chaque jour un peu plus ses espérances. Seule une chose demeurait la même, il poserait un genou a terre, la regarderait droit dans les yeux et lui dirait ces mots « Cara veux-tu m'épouser ? ». Cette rêverie avait été sa plus grande compagne durant les quatre dernières années, depuis le jour ou Arnold lui avait fait la plus belle promesse qu'on puisse faire à une jeune fille en mal d'amour. Grace a cela elle avait pu surmonter les difficultés dont sa modeste vie semblait parsemée. Quand elle avait dû partir du seul foyer qu'elle avait connu en France et cela sans ressources, quand elle avait vécu des premiers jours difficile dans l'agence torturée par une directrice tyrannique. Dans toutes ces situations, elle avait su rester forte gardant toujours la bague posée en pendentif sur sa chaine en or, tout près de son cœur. Elle n'oubliera jamais le jour ou Arnold lui remit cette bague. C'était le dernier jour des cours au lycée. A force de chercher le calme au même endroit, ils avaient fini par devenir amis et le toit était devenu leur lieu de rendez-vous secret. Ils y avaient discuté pendant des heures partageant leur joies, doutes et peurs. Cara connaissait Arnold mieux que personnes. Alors qu'aux yeux de tous il était ce grand athlète et premier de la classe, et objet de désir de toutes les adolescentes en quête de romance. Elle le connaissait sous un autre jour. Il s'était livré à elle vulnérable, le cœur à nu, et elle voyait plutôt en lui un jeune homme sensible près a tout pour rendre ses parents fiers et que la peur de ne pas y arriver paralysait parfois. Et il savait qu'il pouvait compter sur elle dans ces moments-là. C'est comme cela qu'elle avait vécu trois ans de lycée à Henri IV, peu lui importait que tout l'établissement pensât qu'Arnold et Juliette était un couple, car c'est dans ses bras a elle qu'il se laissait aller. Elle était la gardienne de ses peines, l'apaisement dont il avait besoin, sa confidente. Et l'amour qu'elle lui portait ne s'éteindrait jamais.

« Tu promets de m'attendre ? » lui avait-il dit.

« Aussi longtemps qu'il faudra » lui avait- elle répondu

« J'ai quelque chose pour toi » Il avait sorti de sa poche une vielle bague en argent sertie d'une pierre ambre.

« Garde la jusqu'à mon retour et quand je reviendrais, je te l'emprunterais pour te faire ma demande »

Après avoir prononce ces mots, il colla délicatement son front contre le sien, lui saisit la taille de ses deux mains et déposa un baiser sur ses lèvres tremblantes, d'abord léger, ensuite tendre et enfin passionnée. Bercée dans un tourbillon d'émotions, ils en perdirent la notion du temps, loin du moment de leur séparation, savourant chaque seconde conscient du trésor qui se cachait dans l'instant présent.

Tous les matins c'était la même chose, alors que la veille au soir tout était nettoyé et range, elle revenait le lendemain main trouver son bureau remplis d'échantillons de parfum qu'elle devait soit remettre en réserve soit utiliser pour constituer des nouveaux book pour les commerciaux. Une fois un peu de place libérée, elle entreprit de faire la liste des taches du jour et ciel qu'elle était longue. Aujourd'hui il y avait deux réunions à l'ordre du jour, une le matin et l'autre l'après-midi. Plusieurs bulk de parfum venant des clients étaient arrives la veille au soir. Il allait falloir s'assurer que chaque Bulk contiennent bien tous les documents nécessaires pour passer la douane et arriver dans les temps à l'usine aux USA. Et ce n'était pas tout, aujourd'hui les ressources humaines recevraient plus de dix candidats pour le poste d'assistante commerciale. Et a l'agence, qui dit visiteur, dit automatiquement café. Cara avait déjà fait le calcul dans sa tête. De la banque d'accueil jusqu'à la petite cuisine, traverser le couloir qui l'y conduisait prenait environ 10 secondes à allure rapide. Et avec le temps de préparation du café il fallait rajouter 30 secondes, ensuite 10 nouvelles secondes pour le retour et enfin 10 dernières secondes pour servir le visiteur et lui faire une rapide conversation d'encouragement. Et voilà une minute envolée. Cela pouvait paraitre peu mais quand il y'avait un dizaine de visiteurs en une demi-journée, le téléphone qui sonne sans arrêt et bien que la plupart des appels venaient de démarcheurs en tout genre, elle avait le devoir de n'en perdre aucun car aux yeux de la direction chacun d'entre eux représentaient un potentiel client. Ajoutée a cela le fait qu'elle devait constituer cinq book par jour pour atteindre l'objectif de 30 a la semaine. Cela lui avait paru insurmontable pendant les premiers jours de formations. Sa prédécesseur avait justement donne sa démission excédée par cette charge de travail. Cara avait craint de se faire licencier pendant les trois premiers mois chez Scent&Beauty. Même après la fin la période d'essai, elle avait continué de vivre avec une épée de Damoclès sur la tête. C'est seulement le mois dernier, mois anniversaire de sa 3eme année dans l'agence qu'elle réalisa qu'elle se sentait désormais maitresse des lieux. Bien sur la vraie maitresse des lieux c'était Mme De Lagarde, et Cara s'était faite à l'idée que le boule au ventre qu'elle lui procurait quand elle apparaissait ne la quitterais jamais. Sans être vraiment terrifiante, c'était une femme qui forçait le respect, femme de peu de mots et très directe. Cara était déjà habitue à ne recevoir qu'un hochement de tête en guise de réponse a son Bonjour Mme Lagarde qu'elle s'évertuait à lui lancer avec le même optimisme tous les matins. Toujours ponctuelle, elle arrivait à 7h tous les jours. Il avait fallu à Cara deux mois avant de parvenir à arriver plus tôt qu'elle. Elle-même n'était censé commencer qu'à 9h mais cela lui semblait insensé d'arriver après la directrice. Alors elle avait entrepris de réduire ses arrivées d'un quart d'heure jusqu'à ce qu'elle puisse arriver avant elle. La directrice n'y avait pas vu d'inconvénient si bien qu'elle avait fini par croire qu'il s'agissait là de ses vrais horaires. Cara n'avait pas changé son heure de départ pour autant elle quittait son poste a 18h comme inscrit dans son contrat. Et son salaire n'avait pas augmenter pour autant. Il faut avouer que jamais elle n'oserait demander. Mais que lui importait, elle se sentait reconnaissante d'avoir obtenue ce poste malgré son peu d'expérience. Elle ressentait de la pression au quotidien, mais malgré cela, elle avait su apprivoiser les lieux. Elle faisait désormais tout par automatisme. Elle avait trouvé le moyen de maximiser son temps tout en gardant le sourire, la bienveillance et la douceur qui s'attachaient à sa personnalité. Il faut dire qu'elle avait acquis une aisance certaine qui donnait l'impression à ses collègues que son travail ne représentait aucun challenge. Et par conséquent il la couvrait injustement du même regard de mépris qu'on réserve à l'hôtesse d'accueil qui passe la journée à se limer les ongles. Elle aimait beaucoup ce travail, et la rémunération était juste assez pour lui permettre de payer son loyer et ses factures et d'envoyer un peu d'argent a sa sœur régulièrement. Christelle et Arnold étaient surement les êtres qu'elle avait de plus cher au monde. En trois ans, Cara n'avait pas réussi à se faire des amis dans l'agence, alors que tous déjeunaient en bandes, elle prenait ses pauses déjeuners dans la cuisine de l'entreprise avec pour seule compagnie son smartphone. Elle réservait ce temps pour écrire à Arnold. Elle lui écrivait de long emails dans lesquelles elle lui faisait le détail de ses journées. Alors que lui préférait les vidéos, il lui en faisait une par semaine, lui racontant ses aventures et ses difficultés d'adaptations. Et le week-end, ils passaient des heures en Face time. Au-delà d'être son amoureux, Arnold était son meilleur ami. Il connaissait ses plus gros défauts, alors que tous ne voyaient en elle que cette jeune fille fragile, lui ne cessait de répéter que c'était une lionne. Arnold ne la quittait jamais, même a des milliers de kilomètres de l'autre cote de l'Atlantique, il ne cessait de hanter ses pensées plus encore au fur a mesure que la date de leur retrouvailles approchait. Chaque tache qu'elle effectua ce jour-là ne fut que par pure automatisme à partir du moment ou elle ouvra les stores de la salle de réunion pour laisser rentrer les premiers rayons de soleil d'été, quand elle nettoya la poussière des étagères en verre, quand elle posa des petites bouteilles d'eau Evian accompagne d'un verre devant chaque place. Bien qu'en 4 ans il ait beaucoup changé physiquement, d'ailleurs son compte Instagram en témoignait, elle gardait toujours en tête l'image de ce garçon a l'air triste qui regardait par la fenêtre pendant les cours. D'ailleurs ses notes excellentes dans toutes les matières demeuraient un mystère pour elle. A quoi rêvait-il ? c'est un question qui était demeure sans réponse. Quel secret cachait cet adolescent qui aimait se donner une image d'adolescent arrogant, superficiel ? Un jour elle découvrirait ce secret mais en attendant, elle seule avait pu être consciente de la richesse intérieure qu'il renfermait. Elle le surprit un jour dans un coin retirée de la cour ou elle avait l'habitude d'aller se refugier casque aux oreilles pour bloquer le bruit des cris venant de la cour. Elle le trouva recroqueville les larmes aux yeux, pris sur le fait il s'était montré agressif, à la fois honteux et furieux d'avoir été pris dans une telle situation. La réaction de Cara fut différente de ce a quoi il s'attendait.

« Ici c'est mon coin a moi, je ne crois pas t'avoir donné la permission de t'y installer, désolée mais tu vas devoir partir. »

« Ah ouais et c'est toi qui vas me faire partir peut-être ? » dit-il curieux

« Dans 5 min tu auras dégagé d'ici tu vas voir »

Arnold se demandait comment cette fille a l'air si gauche mais bien culotée allait bien pouvoir s'y prendre pour le faire bouger. L'assurance et l'absence d'intimidation qu'il lisait dans son regard le déconcertait quelque peu. Il le fut encore plus quand de son sac a dos elle sortit deux enceinte et de son téléphone lança la chanson le plus stupide qu'il lui avait été donner d'entendre et quand elle se mit à danser il en eut la certitude, elle était complètement cinglée. Il avait secoué la tête et était parti brusquement. Cependant Cara remarque le sourire qu'il avait eu du mal à déguiser. A la pensée de ce souvenir Cara ne pouvait elle-même s'empêcher de sourire, alors qu'elle finissait de rassembler les dernières campagnes publicitaires faites pour Elie Saab. Le téléphone sonna et l'extirpa un moment de sa rêverie.

« Beauty&Scent Cara a l'écoute bonjour » Il lui fallu 3 secondes pour reconnaitre le démarcheur de l'entreprise de fourniture concurrents de celle dont ils étaient déjà client. Pour la énième fois, elle lui répéta qu'il n'était pas intéressé par leur offre. Elle retourna aussitôt a sa rêverie le tout en rassemblant ses plaquettes pour s'installer dans la banque d'accueil. Ses gestes étaient rapides, son regard clair, son esprit ailleurs il la ramena de nouveau quatre ans en arrière à Henri IV dans ce coin de pré-haut, les demi-heures qu'ils passaient a l'abri du regard de tous étaient les meilleures de sa journée. Ce lieu avait accueilli leurs larmes et leurs fous rires. Elle avait pris le temps de l'écouter, de le rassurer et de l'encourager. Et elle y était parvenu si bien que cela lui avait coute de le perdre. Sur ses conseils il avait postulé à l'école de politique de New-York. Cara avait la certitude qu'une expérience dans cet établissement rendrait les parents d'Arnold éternellement fiers. 

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⏰ Last updated: Jan 15, 2020 ⏰

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