Chapitre 0. Better off - Ariana Grande

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La lumière du lampadaire, éclairant le banc sur lequel était assis Erwan, grésillant de temps à autre,  se reflétait dans ses yeux verts emplis de larmes. Il les gardait baissés, afin de ne pas croiser le regard de sa future-ex copine, assise en tailleur par terre devant lui, traçant des cercles dans la poussière, nerveuse.  Son regard, à elle, était fuyant, coupable, et en même temps, étrangement froid. Aucun des deux n'osait regarder l'autre. Aucun des deux ne parlait, jusqu'à ce que la jeune femme brise le pesant silence qui s'était installé.

- Écoute. Honnêtement, tu sais quoi, ça va me manquer tout ça. Mais rien de plus. Tu le sais, que c'est fini. Tu le savais, que j'étais pas bien, que pour moi ça faisait quelques semaines que je me considérais plus comme étant ta copine. Me raccrocher aux sentiments que je pensais avoir pour toi, j'ai fini par le faire comme une habitude. Notre couple était une habitude, une routine, plus du tout un bonheur et... Bordel je sais pas comment t'expliquer ça. Je déteste te faire du mal.

Erwan releva la tête afin d'observer celle qui était en train de mettre fin à leur relation. Maintenant, elle jouait, presque machinalement, avec une mèche de ses longs cheveux blond foncé. Ses yeux marrons, reflétant habituellement une étincelle de joie constante, semblaient s'être remplis de vide. Elle ne laissait transparaître aucune émotion au travers de son regard, ce qui troublait le lycéen. Il connaissait cette fille depuis presque dix ans, et jamais il n'avait vu un air si neutre sur son visage si expressif d'habitude

- Je ne suis plus amoureuse de toi. Je peux plus supporter ce couple et j'arrive plus à voir un avenir entre nous. Je te jure que j'ai essayé Erwan, j'ai encore énormément d'affection pour toi... Mais pas autant que tu le voudrais. Je t'aime, mais plus de la même manière.

Elle releva la tête, attendant une réponse, un signe, quelque chose. Elle se détestait à cet instant présent mais se sentait pourtant bien moins oppressée qu'elle ne l'était durant les heures qui avaient précédé sa rupture.

- Si j'ai bien compris... On est plus ensemble. Enfin ouais, logique, on est plus ensemble, vu que tu m'aimes plus, dit Erwan d'une voix cassée
- Dis pas que je t'aime plus, c'est juste que...

Erwan ricana nerveusement, faisant un geste de la main pour que son ex se taise. Sa voix douce et posée lui était devenue insupportable . Il se prit la tête entre les mains. Il haïssait cette fille devant lui et l'aimait passionnément. Il voulait l'embrasser, pleurer, la supplier de ne pas le laisser, lui faire une longue liste de ses défauts, lui hurler de s'en aller, tout ça à la fois.

- Tu m'aimes plus, Solène. Tu m'aimes plus pareil.

Il se leva brusquement et s'éloigna dans l'allée déserte du parc sans rien dire de plus. Quand il fut assez éloigné de celle à qui il vouait un amour non réciproque, il éclata en sanglots et continua son chemin.

Solène attendit quelques minutes, toujours assise par terre face au banc, tremblant comme une feuille. Quelle idée d'avoir donné rendez-vous à Erwan au parc, un soir de Février ! Riant de sa propre stupidité, l'adolescente grimpa sur le banc, et rapprocha ses genoux de sa poitrine. Elle observa ses mains, tremblantes, rougies par le froid, et instinctivement, les fourra dans ses poches. Dans sa poche droite, sa main fit la rencontre d'un tissu chaud et duveteux. Des gants rouges, un peu trop grands pour ses mains. Ceux d'Erwan. Devait elle le rattraper et les lui rendre ? Ou attendre qu'il les redemande lui même ? Les garder pour elle ? Les mettre dans sa boite aux lettres ? Elle soupira.

- C'est stupide. Là maintenant je pense que c'est pas ses gants qu'il veut récupérer.

Le son de sa propre voix, un peu étouffée, la fit rire, et elle remit la paire de gants dans sa poche. Solène était confuse et son sentiment de culpabilité ne cessait de grandir. Ce n'était pas seulement parce qu'elle venait de mettre fin à une idylle lycéenne d'un an, deux mois et trois jours. Ce n'était pas non plus parce qu'elle venait de perdre son ami d'enfance. Il y avait autre chose. Se sentant suffoquer à cause de la panique qui l'envahissait petit à petit, elle composa difficilement, les doigts toujours engourdis, un numéro qu'elle connaissait par cœur. Elle avait besoin d'entendre la voix qui l'apaisait, la rassurait. Elle avait besoin d'entendre son meilleur ami. Pour qui, peut être, elle ressentait quelque chose de plus fort.

Solène avait besoin d'entendre Aaron.

Loving someoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant