Ne jamais tuer un prince

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  Une explosion. Une explosion de sang accompagna l'impact de la flèche dans le corps de l'héritier. Tar sortit paisiblement du buisson derrière lequel il s'était tapi. Il avait à nouveau fait mouche du premier coup, sa flèche avait traversé le blindage de la limousine princière dans un éclat de tessons de verre. Il allait toucher une somme considérable pour cet assassinat de haut vol. Son employeur lui avait promis un salaire dix fois supérieur à son revenu habituel pour ce genre d'opération.

  Les gardes du corps commencèrent à s'activer vivement autour de la voiture du défunt prince de Suède. Tar se fondit aisément dans l'obscurité grâce à ses vêtements noirs. Il entra dans le métro de Stockholm en direction son hôtel. Son arc et son carquois dans son sac.

                                                                        *

  Devant l'hôtel, une berline était stationnée en face de la porte. Une femme se trouvait au niveau de la portière, elle portait une robe mauve et des collants contre le froid polaire de ce pays. C'était Gène, cheveux d'or, yeux bleus, sourire radieux. Dans un autre monde Tar aurait été épris d'elle. Sa profession si spéciale ne le permettait pas, pas de temps pour l'amour. Gène lui ouvrit la portière et lui dit :

-Bien joué.

Il entra dans le véhicule ; son employeur (dont il n'avait jamais appris le nom véritable) l'attendait.

-Encore un coup d'éclat, déclara-t-il.

Tar lui répondit par un haussement d'épaules prétentieux :

-Vous ne m'auriez pas engagé sinon.

Son employeur lui tendit une enveloppe que l'assassin prit et s'en alla avec un hochement de tête en guise de remerciement.

Arrivé dans sa chambre, Tar se regarda dans le miroir fixé au mur. L'assassin portait un sweat noir et un jean assortis, comme d'habitude. Il se déshabilla et, fatigué, se dirigea vers son lit.

                                                                  *

  Le lendemain, après avoir avalé son petit-déjeuner, il alluma l'écran posé sur une table et écouta les informations. Le pays était en émoi quant à la mort de son héritier, Erling, comme il venait de l'apprendre. Le général de police, interrogé sur les avancés de l'enquête, dit qu'un commando avait été dépêché pour traquer l'assassin. A ce moment Tar apprit qu'il avait été filmé et que son visage avait été aperçu :

-Et merde ! s'exclama-t-il en renversant la poubelle située à proximité d'un coup de pied.

  Il fut néanmoins soulagé de voir que son arc n'avait pas été aperçu. Une arme comme la sienne ne courait pas les rues, un manche vertical avec les bords inclinés à quatre-vingt-dix degrés offrant une puissance accrue lors de la frappe.

  Il allait falloir qu'il quitte le pays. Il appela son patron pour lui demander une exfiltration, il tomba sur sa messagerie. Merveilleux. Il était devenu le fugitif le plus recherché du pays et il venait de perdre son seul allié. Il sentait une rage monter en lui. Il décocha quelques coups de pied à la poubelle, s'assit sur le lit et se calma. Deux options s'offraient à lui, il devait ou bien fuir le pays ou bien se terrer dans cette chambre. Il opta pour la première option.

  Tar se rendit à l'évidence qu'il ne pouvait pas fuir par la voie des airs, ses armes ne passeraient pas. Il se dit qu'il fuirait en voiture. Les idées s'accélérèrent dans son esprit, il était seulement au premier étage de l'hôtel, il pouvait facilement atteindre une voiture de son emplacement. Il choisit d'attendre la soirée pour mettre son plan à exécution afin d'éviter les témoins potentiels.

Ne jamais tuer un princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant