au domaine du Sieur Robert

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Le coq venait tout juste de chanter.
Le jour commençait à se lever. Il était temps pour Siméon de faire de même.
Il s'assit dans la paille de sa couche de son recoin d'écurie, se frotta les yeux et ébouriffa ses cheveux pour les débarrasser des petits débris végétaux qui parsemaient encore sa chevelure dorée. Il écarta la couverture brunâtre qui l'enveloppait toutes les nuits depuis qu'il travaillait comme palefrenier au domaine du sieur Robert. Il fallait maintenant qu'il se presse un peu de faire ses corvées sinon le maître le battrait.
Résolu, il se redressa, secoua sa couverture qu'il plia en huit et rangea dans le coin. Il enfila son pantalon par-dessus son caleçon, passa sa chemise de coton, chaussa ses sabots et sortit de l'écurie pour des ablutions sommaires. Au puits, il se rafraîchit le visage. L'avantage avec cette eau froide, c'est que maintenant il était tout à fait réveillé. Il allait pouvoir s'atteler à son labeur.

Comme tous les matins, il commencerait par nettoyer les stalles. Ensuite, signalée par une cloche agitée vigoureusement, viendrait l'heure du petit déjeuner dans l'arrière cuisine de la grande maison. Il guettait ce signal. Il ne fallait surtout pas être en retard sous peine de voir sa ration engloutie au profit des autres employés du domaine. Mais il savait aussi qu'il devait avoir fini de renouveler le foin pour ne pas se trouver confronter à la violente colère du maître.

Siméon avait mis quelques semaines avant de s'adapter au rythme de "la grande maison". L'apprentissage avait été difficile, il avait dû choisir entre subir les foudres de son employeur si les litières n'étaient pas propres ou se priver de soupe au lard pour ne pas avoir terminé ses tâches à temps.
Heureusement, la vieille Mathilde, la cuisinière, s'était prise d'affection pour lui et l'avait pris sous son aile. Il trouvait auprès d'elle un brin de réconfort et repartait avec un quignon de pain, une pomme fripée ou une poignée de noix. Au fil du temps, il avait acquis la bonne dynamique et pouvait, désormais, profiter de la soupe chaude du matin.

SiméonWhere stories live. Discover now