l'épouvantail

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Mathilde était excédée par ces satanés oiseaux qui n'attendaient même pas que les fraises de son potager soient mûres pour en faire leur festin. Siméon, toujours bienveillant, compris qu'il pouvait à son tour l'aider en lui confectionnant un épouvantail qui, campé au milieu des fraisiers sauverait les tartes et confitures de la vieille cuisinière des Robert. Il se pressa donc encore un peu plus à accomplir sa besogne quotidienne pour pouvoir rassembler les éléments nécessaires. Dans l'écurie traînait une vieille fourche ; elle lui servirait de squelette. Auprès des autres domestiques, il réussit à récupérer, ici, une chemise maintes fois recousue, là, un pantalon sur lequel on comptait plus d'accrocs que de doigts aux deux mains, ici encore un galurin mité jusqu'à la trame. Pour la paille, il savait où la trouver ! Il fabriqua son pantin, l'habilla des hardes récoltées. Il voulait son épouvantail efficace, donc effrayant. Il piqua dans les épaules des branches d'épineux ornées de lambeaux de guenilles et ajouta au chapeau des plumes d'oie et de corneilles en tous sens. Fier de son arme contre les oiseaux ravageurs de fraises, il planta sa fourche au milieu des rangs de gariguettes. Pour renforcer, l'aspect terrible, il emprunta une faux au jardinier dont il dota son guerrier.

Sa création fut à la hauteur. Elle dépassa même ses espérances.

S'il ne lui avait pas barré le chemin, cette pauvre Mathilde courrait encore. 

SiméonWhere stories live. Discover now