Quand on parle de voie sans issue, généralement on imagine une impasse, un cul-de-sac, un chemin qui n'aboutit nulle part et qui oblige à rebrousser chemin. C'est la définition la plus utilisée de voie sans issue, mais paradoxalement, il est fort possible d'en envisager une autre interprétation. Que diriez-vous d'un très long couloir, un tunnel infini. On aperçoit une lueur aux deux extrémités, donc que l'on parte d'un côté ou de l'autre, il y a bien une sortie...Mais elle est si loin ! ...Il n'y a plus de gauche ou de droite, plus de devant ou de derrière. Même après le choix d'une direction, la lumière est vraiment très loin et ne semble jamais vouloir se rapprocher. En théorie il y a bien deux issues mais elles sont tellement inaccessibles qu'on se voit comme dans une impasse, une double impasse.
Eh bien voilà ! C'est exactement ce que je ressens aujourd'hui. Depuis que j'ai paraphé ce fichu papier, je suis au milieu du couloir. Ma signature est un engagement, comme dans un tunnel sans fin. Je n'ai plus d'autre solution que d'avancer, avancer encore et toujours. Même si j'arrive au terme de ce voyage, pas de retour possible.
Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Pourquoi j'ai accepté ce contrat. Il est bien temps de regretter !!! C'est vrai qu'elles étaient alléchantes toutes ces propositions, paradisiaques même. Et ces promesses d'un monde meilleur, comment refuser ? De la manipulation ? Un concours de circonstance ? Un nouvel espoir ? L'enthousiasme du moment. Un peu tout ça à la fois, très certainement...
Mais aujourd'hui, à quelques heures à peine du grand départ, J'ai peur d'avoir fait une sacrée boulette. J'ai la gorge serrée, une boule à l'estomac, bien plus grosse qu'une boulette... Je frissonne... Je ne suis pas seul dans ma galère, d'autres passagers patientent.
Un mouvement imperceptible agite la masse des voyageurs en attente dans la salle d'embarquement. C'est l'heure ! Départ pour le voyage sans retour !
« -didaa ! didaa ! Les passagers à destination de Mars sont priés de se présenter porte C. »
