Summer Party

2. Mia

Et c'est repartie, moi qui pensais en avoir fini avec tous ses trucs associatifs, ses mères aux foyers qui ne trouvent rien de mieux à faire que de dîner ensemble un vendredi par mois. J'avais prévenu ma mère que le mois dernier était mon dernier repas. Et bien entendu, elle a encore eu gain de cause.

Mes études ne vont pas se faire toutes seules, encore moins mes révisions. Il faut aussi que je perfectionne ma prise de vue, parce d'après mon professeur, je ne suis pas assez stable dans mes gestes. Une photo n'est jamais ratée, elle ouvre une différente perspective de l'image.

« Ce sont les vacances, profite de ta jeunesse. »

Sont les seuls mots que ma mère a à la bouche depuis le début de ses affreuses vacances. Il m'était impossible de m'imaginer plus barbant que de rester sur le campus, sans personne, être seule avec moi-même, mes fiches révisions, et mon année qui aurait commencée sur un bon pied.

Eh bien non, me revoilà avec une robe rouge, préalablement choisie par ma mère. Avoir vingt-deux ans et ne pas pouvoir faire ses choix seule, c'est frustrant. Encore quelques mois à tenir, et je partirais définitivement de chez ma mère. Je prendrais mon envol n'importe où du moment que j'ai obtenu mon diplôme et que je puisse monter ma propre boîte, devenir photographe pour les mariages, ou encore pour tout type d'événements, ou bien j'ouvre une galerie avec mes photos de paysages, je me tâte encore.

Mais avant, je me change, hors de question de rester habillé comme ça. J'enfile quelque chose de plus confortable. Un jean et un chemisier.

Dix-huit heures et trente-deux minutes.

Le temps est incroyablement long, la musique qui se diffuse dans les enceintes est trop lente. Les gens parlent comme s'ils venaient de la haute société, les enfants jouent au chat et à la souris, ils courent partout et renversent des verres sur leurs passages, les ados sont scotchés à leur portable, certainement à regarder la dernière mise à jour des réseaux sociaux.

Un remue ménage attire mon attention. Un jeune homme, vêtu d'un jean, d'une chemise blanche où les deux premiers boutons ont sautés, une casquette à l'envers sur la tête, arrive avec une grosse mallette qu'il traîne plutôt qu'il ne porte. Il scrute la salle rapidement, un sourire gêné sur le visage. Le mien s'élargit, il me fait rire. Sa tête se baisse quand la présidente se présente à lui. Le rouge lui monte aux joues, et je lâche malgré moi un petit rire.

Malheureusement, il a dû l'entendre car son regard part dans ma direction. Mia la reine de la remarque ! Je tourne la tête dans le même sens que lui, pour faire style que ce n'était pas moi. Quand mon visage reprend sa première direction, il n'est plus là.

Ouf.

Un serveur passe avec du champagne et des petits fours, sans attendre, je lui attrape son plateau, lui prend une coupe et m'en vais chercher une place un peu plus loin pour pouvoir les déguster tranquillement. C'est bien la seule chose que je trouve cool ici, les boissons et les amuses-bouches à volontés.

Cachée dans mon coin depuis une bonne trentaine de minute, le niveau sonore de la musique change, il augmente progressivement, et des chansons plus ressentes passent enfin. J'ai bien cru qu'on allait se taper des musiques d'ascenseurs toute la soirée. Je ne suis pas une grande spécialiste de musique, mais je sais ce que j'aime et ce que je n'aime pas, mais ce qui passe en ce moment, j'aime bien.

— Mia, est-ce que tu pourrais donner un coup de main à Martha s'il te plaît ?

Ma mère et ses ordres. En plus d'être venue, faire acte de présence, il faut en plus que je participe aux taches.

Super !

Comme voulu par ma mère, je vais rejoindre cette pauvre Martha qui a désespérément besoin d'aide de ma part.