— Tu es belle aujourd'hui, Jade.
Ce n'était pas mon prénom.
— Et toi, tu es beau, Antoine chéri.
Ce n'était pas son prénom non plus. D'ailleurs, notre conversation n'avait aucune saveur, que de l'artificiel, mais franchement, ce n'était pas bien grave. Notre présence était déjà bien suffisante, et surtout l'un dans les bras de l'autre. Seulement, des individus étaient à nos côtés et nous jetaient parfois des regards, gestes qui nous incitaient à nous échanger des mots doux, bien que sans aucune pensée derrière. De toute manière, notre mission consistait à surveiller les moindres faits soupçonneux et en conclure la journée, pas de passer du temps ensemble en s'accordant de l'affection.
D'ailleurs, si j'avais eu la possibilité de refuser, je l'aurai fait. Malheureusement, on ne m'en donna pas le choix et je me retrouvai là, dans cette pièce, assistant à un mariage. Vous avez bien lu, un mariage, d'un individu que je ne connaissais même pas. Enfin, si, le problème étant que mes connaissances sur cette personne se portaient essentiellement sur un dossier que j'avais lu avant de me rendre dans cette grande salle remplie d'amour hypocrite et de cadeaux sans sincérité.
Mon partenaire pensait la même chose, c'était très certain, mais nous étions quand même collés devant ce buffet, sirotant un verre de vin en regardant tous ces couples qui dansaient sur la piste. C'était ennuyeux, et si cela ne tenait qu'à moi, mon départ aurait été très rapide, retournant à la Maison du Zodiaque, dans notre petit monde, mais non, ce n'était pas possible. On devait se contenter de ce que l'on avait, alors même si ce n'était pas possible de fuir ce mariage, nous pouvions quand même fuir cet endroit.
— Je vais aller arranger mon maquillage, lui dis-je en souriant.
Il n'eut pas eu le temps de répondre quoi que ce soit que je me dirigeai vers les toilettes. Et puis, cela m'aurait étonné qu'il ait dit quoi que ce soit, étant donné que cela aurait été inutile, et il avait bien raison. Bien évidemment, plusieurs garçons m'abordèrent et me parlèrent dans une langue étrangère, mais j'ignorai et poursuivis mon chemin.
Désormais devant un miroir, ou plutôt quatre, comme dans un automatisme, ma respiration se fit un peu plus forte mais plus calme. Mes paupières s'abaissèrent, alors que mon cerveau semblait se détendre, se concentrant sur mon souffle. Cela faisait du bien d'avoir un moment pour soi, afin de réfléchir, prendre le temps d'analyser toute la situation. Plusieurs heures s'étaient écroulées, mais il ne s'était absolument rien passé durant la journée. Le document était pourtant clair, nous devions enquêter sur un bandit qui ferait parti des membres de cet évènement, dont on ne connaissait pas l'identité et donc, que l'on devait démasquer. Ce n'était pas réellement un criminel, mais tout simplement un individu qui tenterait de se cacher des Gardiens du Zodiaque, ce qui avait éveillé la curiosité de ces derniers qui avaient ainsi tenter de connaître la vérité. Les messages avaient été explicites, cette personne était dans cette salle. Le renseignement principal que nous avions, c'était qu'il s'agissait une personne qui comptait faire du mal à une autre, surtout après ce mariage, ce qui n'était pas une tâche si facile que cela, puisqu'il fallait d'abord trouver les concernés, et ensuite les actes, puis l'endroit.
Je jetai une énième fois un oeil sur ma machine de communication, et rien n'apparaissait sur mon écran, me faisant soupirer. Le nombre d'individu présent dans la salle de fête était encore le même, et même quand il changeait, ces personnes voulaient tout simplement passer au toilette, appeler quelqu'un ou tout simplement prendre l'air. Maur et Blanche auraient été des amours s'ils pouvaient me sortir de là.
Ces deux personnes étaient nos informaticiens, nos communicateurs, ceux qui établissaient l'échange entre nous et le monde du Zodiaque. Ils surveillaient nos faits et gestes lorsque nous étions en mission, non pas pour rapporter toutes nos bêtises, mais pour qu'en cas de problème ils puissent directement contacter les forces de l'ordre ou les supérieurs. Ces acolytes prenaient très à coeur leur travail, mais cela leur arrivait très souvent de se chamailler, surtout que l'ironie du sort étant que Maur ne parlait pas beaucoup, et Blanche lui en faisait énormément la remarque alors qu'elle était bien trop adorable et petite pour qu'on la prenne réellement au sérieux.
— Quelqu'un s'approche de ta localisation, Ael'.
Sa voix était facilement reconnaissable depuis le temps, cette petite tête derrière l'ordinateur me regardant enlever mon rouge à lèvres en compagnie de sa partenaire. Je ne réagis pas réellement, attendant patiemment la nouvelle venue dans la pièce, tandis que je pris le tube avec la même couleur pour en remettre sur ma bouche. La porte s'ouvrit sur une femme en robe de mariée de couleur marron foncée et dorée, avec une voile sur la tête et des accessoires sophistiqués, s'introduisant dans la pièce alors qu'elle se mit à son tour face à un miroir, se regardant, se lavant les mains, s'imbibant le visage d'eau, et soufflant doucement.
— C'était une longue journée ?
Ce n'était pas trop mon genre de commencer une conversation avec une inconnue, surtout dans les toilettes, mais c'était mieux lors des missions puisque les informations se récoltaient plus facilement. Il fallait se fondre dans la masse pour ne pas se faire repérer. Le petit problème étant qu'elle n'avait pas répondu, ne m'accordant même pas de l'attention, comme si elle était bien trop occupée à être dans ses pensées.
— Vous allez bien ?
— Je ne peux pas.
Elle m'avait répondu instantanément, pourtant, elle n'avait pas l'air d'être complètement prise dans la conversation. La demoiselle se regarda, durant quelques secondes sans rien dire, avant de fondre en larmes.
— Je ne survivrai pas.
Stupéfaite, je la regardai. Je me demandai ce qui pouvait bien se passer dans ce bocal cranien. Durant toute la fête, elle souriait à tous les invités, même à moi qu'elle ne connaissait pas. Et voilà que le jour de son mariage, elle se met à pleurer, à un moment où elle aurait pu se retrouver toute seule.
— Vous voulez en parler ?
Ce n'était pas mon boulot de poser ce genre de question, ou bien de le faire tout simplement, mais mon rôle me mettait quand même dans ce genre de situation assez souvent. Ma zone était celle qui regroupait le plus d'éléments d'autres zones, tellement que cela nous arrivait de demander à nos communicateurs s'ils pouvaient chercher d'autres individus. En dehors de cela, mon partenaire et moi étions complètement indépendants et autonomes, bien que parfois, on nous poussait à ne pas l'être.
— Est-ce que... vous seriez capable d'abandonner ce que vous aimez faire, ce que vous avez construit pour le bonheur d'autres personnes ?
Ainsi se passait cette scène, la femme me posant une question à laquelle je ne pouvais réellement répondre. De mon monde et de mon éducation, on nous avait appris très jeune que notre unique rôle était de protéger celui-ci, de faire un sorte qu'il ne parte pas complètement à la dérive. Il n'était jamais question de privilégier nos envies, la survie de cette planète était bien plus importante que notre propre vie, et de ce fait je ne pouvais réellement répondre avec sincérité. Il fallait que je me mette à la place d'un quelconque humain un minimum sage, comme on m'avait enseignée, pour lui dire ce qu'elle devrait entendre pour avancer, bien que ce n'était pas toujours facile.
— Si ces personnes ne sont pas heureuses de mon bonheur, je n'ai aucune raison de me soucieur du leur.
J'entendis un long soupir de sa part, alors qu'elle abaissa doucement ses paupières, comme si ce n'était pas ce qu'elle attendait. Cela attira mon attention, me faisant lever un sourcil. Cette réaction m'avait surprise puisque je pensais avoir dit quelque chose de correct en suivant tous mes cours, mais une impression me poussait à croire qu'il manquait des informations. La réflexion demeura en moi tandis que plusieurs secondes passèrent. Mon cerveau s'agita, mon regard toujours rivé vers la demoiselle.
— Mh... Est-ce que ce serait trop tard de repartir...?
Un mariage. Elle souhaitait s'en aller de son propre mariage, alors qu'elle s'était déplacée de la France jusqu'ici, en Inde, pour épouser son fiancé et ainsi rendre leur relation plus qu'officielle et culturelle. Cette femme voulait se retirer d'un évènement qui était censé être l'un des plus beaux de sa vie. Et tout cela me fit réfléchir, me fit recoller des morceaux qui étaient pourtant si évidents et simples à comprendre.
Doucement, ma main rangea le maquillage que j'utilisais dans ma trousse, et rangea cette dernière dans mon sac. Je regardai la mariée à travers le miroir, qui elle avait la vision vers un lavabo. Ses larmes menaçaient de couler sur son doux visage, qui avait gardé une beauté juvénile. Les soupirs qui atteignirent mes tympans par mon oreillette m'indiquèrent que mes acolytes avaient eux aussi, compris.
On avait trouvé celui qu'on cherchait.
— Il n'est jamais trop tard, répondis-je. Vous devez partir d'ici, et de cette vie qu'on vous impose.
Elle leva les yeux vers moi. Quelques secondes passèrent et elle finit par hocher la tête en signe de compréhension, et son regard pour la première fois de toute la journée, donnait l'impression qu'elle voyait une lueur d'espoir. Il suffisait qu'une personne la stimule pour qu'elle puisse en être consciente, alors que derrière, rien n'était encore prévu, et tout pouvait s'éclater dans sa figure en un claquement de doigt. Je sus que cet effet durerait seulement quelques instants, puisqu'elle serait retournée rejoindre ses autres invités et son mari, mais c'était dans mes obligations de l'aider, et moralement, il m'était inconcevable de la laisser seule. Les gens n'avaient pas toujours le réflexe de faire les choses de suite pour changer leur vie, mais dès qu'un miracle apparaît et amorce le geste, ils suivent et vont jusqu'au bout de cet acte.
Je vérifiai que les toilettes étaient vide et que personne n'allait entrer, et m'approchai de la jeune femme pour commencer à lui proposer mon aide. Je savais exactement ce qu'il fallait. Cependant, un bruit strident se mit à surgir de l'entrée, m'arrêtant complètement. Je me dirigeai automatiquement vers la porte, l'ouvris à quelques centimètres et remarqua l'agitation qu'il y avait à l'extérieur. On pouvait entendre des cris, des gémissements, des appels à l'aide, tout qui revenait à la peur, et qui animait la scène qui se déroulait sous mes yeux.
Ce n'était pas évident de suivre ce qui était en train de se passer. Du point de vue où je me trouvais, je ne voyais que des individus courant dans tous les sens, des tables se retrouver par terre, l'ensemble des invités et le mari de la soirée sortant de la pièce. Mon partenaire ordonnait aux gens de s'en aller, et faisait attention à ce qu'ils soient éloignés d'un endroit en particulier pour une raison que j'ignorai encore, avant que la menace ne surgisse soudainement. C'était un serpent qui se baladait dans la salle de fête, mais il était spécial, il était différent des autres de son espèce ; on aurait dit un dessin. Il semblait tellement réel, mais la couleur des écailles était bleutée, avec des sortes de débordement de feutre sur les bords.
— Nîdra, nous ne sommes pas en sécurité ici.
Sans attendre un quelconque avis de sa part, j'ouvris la porte en plus grand et la fit sortir des toilettes, et nous nous rendîmes en direction de la sortie où les personnes se rendaient pour se mettre à l'abri de cette créature plus que suspecte, et dont la nature faisait déjà paniquer à beaucoup. Alors que nous étions en train de fuir, mon acolyte visa le serpent avec sa dague, et toucha sa tête qu'il avait alors décapité. Je ralentis en voyant cela, arquant un sourcil. C'était tellement facile que cela en était douteux.
— Il l'a tué..?
La mariée m'avait posée cette question, mais mon attention se portait vers le concerné, qui s'était mis à bouger au bout de quelques secondes. La tête du serpent se liquéfiait, tandis que le corps se reculait doucement. Lorsque le liquide était complètement présent, il se déplaça vers l'autre partie coupée, et en reforma une autre en espace d'un tout petit instant.
Les cris et les pleurs se firent de plus en plus fort, et en entendant Nîdra jurer, je me retournai automatiquement vers elle et la poussa vers l'extérieur de la salle, faisant sortir les autres individus qui n'avaient pas eu le temps de s'en aller en même temps que les autres. La jeune femme m'avait appelée pour me dire ce que je faisais et que je devais partir avec elle, mais j'ai tout simplement adressé un regard à son égard, lui faisant comprendre que je restais mais que je ne l'oublierai pas. J'ai ensuite violemment fermé la porte, et me retournai vers la créature et mon partenaire, et une troisième personne qui s'était rajoutée avec discrétion dans la scène.
Je ne l'avais jamais vu, aussi bien dans la fête que lors de mon petit séjour en Inde où je m'occupais d'analyser les endroits et les croisements. C'était une femme d'une taille moyenne, sa chevelure attachée en une queue de cheval dont la couleur était d'un gris très foncé. Elle était semblable à celle de ses gros iris avec ses pupilles bien noires et présentes. C'était un doux visage qui se présentait devant nous, et pourtant, on sentait qu'on devait se méfier. Le serpent se rendit en direction de cette quidane, avant que des planches en bois se mirent à apparaître au fur et à mesure qu'il avançait, tandis qu'il alla en direction du plafond, où l'animal se plaça sur le bras de la demoiselle. Elle ne paniquait aucunement, et au contraire, semblait attendre patiemment alors que le serpent se frayait un chemin et s'était incrusté dans sa peau, se transformant de plus en plus en dessin ; c'était un tatouage, et l'animal ne bougeait plus du tout de sa position, attendant la direction de sa propriétaire.
— Bonsoir, Gardiens du Zodiaque, c'est un plaisir de me tenir devant vous.
Son sourire était un peu trop sournoise pour ne pas douter de ses paroles, ce qui avait provoqué le croisement de mon regard avec celui de mon collègue, ce qui ne durait qu'une toute petite seconde.
— Jaycen, attention !
Cela avait été un réflexe de lui faire cet avertissement pour qu'il pose ses yeux sur la créature qui avait apparu derrière lui, qui avait le même genre d'apparence que le serpent rencontré précedemment. Elle s'était soudainement jetée sur sa figure en faisant sortir ses griffes et ses crocs, et un automatisme me poussa à aller dans sa direction pour l'aider. J'en fus cependant empêchée par un amas de formes cubiques qui se précipitait devant ma localisation, avant que petit-à-petit, une silhouette masculine se présentait devant moi.
— Pressée, mademoiselle ?
Je levai la tête vers le visage d'un homme, qui faisait une demi-tête de plus que moi, et qui ressemblait parfaitement à l'inconnue aux tatouages, la même teinte et la même mélanine. La supposition qui me venait en tête était qu'ils avaient un même lien de parenté, ce qui était tout-à-fait probable voire certain, mais ce n'était clairement pas le moment pour réfléchir à cela. Je n'avais pas attendu qu'il fasse le premier pas, mon poings s'était brutalement dirigé vers son corps dans le but de le violenter, attaque qu'il arrêta aisément en l'empoignant de sa main. Ce n'était qu'un début, je ripostai rapidement en attrapant une arme blanche qui était cachée sous mon bas et à laquelle mes doigts étaient déjà posés afin de me mettre à lui faire une coupure au niveau du bras, l'incitant à me lâcher instantanément, gémissant de douleur.
La perte de temps était déconseillée lors d'une confrontation directe ou dans tout domaine. Alors, le temps qu'il se remette de sa blessure à laquelle il supportera rapidement. J'ôtai le voile sur ma tête histoire d'être un peu plus à l'aise, avant de l'enrouler autour du cou de l'homme et de me positionner derrière lui, tirant légèrement, non dans le but de tuer mais non plus pour qu'il puisse être en mouvement.
— Vous êtes des marginaux ? A moins que vous ayez une autorisation, vous savez qu'on doit vous ramener à Zodiacera. Pourquoi donc faire autant de bruit dans ce monde-ci ?
Malgré la position dans laquelle nous étions, je m'adressai à lui de manière professionnelle, chose qui pourrait changer s'il décidait de répondre par la violence physique. J'attendais qu'il dise quelque chose, mais au lieu de ça, il ricanait, et mon emprise se fit un peu plus légère. Sa tête et son cou s'étaient transformés en un amas de formes cubiques qui était là tout-à-l'heure, qui se déplaçait hors du tissu de la femme qui avait fini par lâcher en voyant qu'elle ne tenait rien entre ses doigts. Je arquais un sourcil, le reste de son corps était encore présent et dans la même posture.
Je n'eus pas le temps de me poser des questions, de jurer, de faire quoi que ce soit qu'un coup me bouscula soudainement de mon front, comme si l'on avait provoquée un choc physique directement par la tête sur la mienne. Cela me fit reculer de quelques pas, et me fit lâcher mon voile par terre, surprise par la situation, alors que le visage de l'homme était à nouveau visible, et qu'il se retournait vers moi.
— Vous n'êtes pas le centre du monde, Gardienne. La population de Zodiacera et celle de la Terre ne sont pas les seules.
Mes sourcils se froncèrent, accompagnés de mon étonnement. Un humain qui possédait de la magie pouvait n'être qu'un citoyen de notre civilisation et rien d'autre, il ne me semblait pas qu'il y avait d'autres possibilités. Et si c'était réellement le cas, il fallait bien une raison à ce que ces deux êtres magiques venant d'un dit autre monde décident de nous attaquer ce jour-là.
De nombreuses questions avaient pris mon cerveau en otage, mais il devait fonctionner pour autre chose à ce moment précis. Je laissais alors ces interrogations dans un petit coin de ma tête et, après avoir lancé un regard à mon partenaire m'approchai le plus que possible de mon adversaire dont le sourire démontrait son amusement face à la situation. J'accélérai le pas et me mis même à courir pour que l'élan soit plus grande. Il se prépara, me regardant comme s'il était face à une baroudeuse insolente et inconsciente. A quelques mètres de moi, il leva l'une de ses mains où se trouvait une dague extrêmement pointue, prêt à l'utiliser contre ma personne.
Je me jetai alors vers lui, me trouvant ainsi dans les airs, alors qu'il prit de l'élan pour me poignarder, avant que l'acte ne parte. La lame ne me toucha cependant pas, et ne se présenta même plus devant moi en petites secondes. Une fois les pieds hors-du-sol, mes positions devinrent de plus en plus belliqueuses mais réfléchies, tandis que ma vision physique changea brusquement. Des flammes mauves apparurent autour d'un cercle devant moi, traversé par mon corps avant que ce dernier ne se retrouve soudainement derrière. L'homme était dos-à-moi, n'avait aucun moyen visuel de me voir à moins de se retourner. J'élançai l'un de mes pieds qui l'attaqua, au niveau des épaules et presque sur le visage, le déstabilisant assez pour qu'il se puisse déplacer de plusieurs pas.
Il fut alors bousculé mais ne se laissa pas abattre et se tourna dans ma direction, avant que son corps, à l'exception de sa tête et de ses jambes, ne se décompose une nouvelle fois en plusieurs formes cubiques qui se dirigèrent soudainement vers moi, m'assaillant de coups qui finirent par me mettre à terre. Je me protégeai tant bien que mal avec mes bras, mais bien évidemment, cela n'aidait pas réellement.
— Attention !
A l'entente de mon prénom de mon compagnon, je le regardai et vis avec surprise que le même serpent de tantôt était près de moi, près à me mordre. Un autre cercle de flamme mauve avait apparu, tandis que le bras de mon allié sortit de ce portail de téléportation avec une arme qui transperça l'animal, le laissant clouer sur le sol, avant que Jaycen l'emporta avec lui, faisant disparaître la forme circulaire.
— Les renforts sont bientôt là, tenez bon.
C'était les mots de Maur, celui qui parlait dans mon oreillette lors de la fête avec Blanche. Il avait dû appeler les individus de la zone de sécurité pour nous venir en aide tandis que nous nous battions, comme à chaque fois que l'on avait besoin en mission. L'information me donna plus de motivation, m'incitant à faire plus que ce que je faisais déjà, observant mon adversaire qui avait cessé ses attaques en me voyant sur le sol.
— Lève-toi, Gardienne. Je ne veux pas battre aussi facilement quelqu'un qui est supposé protéger ce monde.
Je l'observai. Rien ne m'indiquait d'où ils venaient exactement, à moins qu'ils aient menti et qu'ils venaient bien de Zodiacera. Cela m'aurait étonné que ce soit des humains, aucun d'entre eux n'a montré de spécificité magique pas même les enfants issus d'une relation clandestine entre un terrien et un zodia, à moins d'être quelqu'un d'exceptionnel.
— Vas-tu me tuer ?
C'était une simple question qui me permettait de mettre les choses au clair, pour que je puisse au moins me situer sur son objectif actuel. En même temps que je faisais la conversation, je profitais du manque d'attention de mon interlocuteur pour arracher la partie du bas de ma jupe, diminuant le risque de marcher sur le tissu et de tomber en plein mouvement physique et agressif. Si je m'engageais dans un combat, il fallait bien que je mette toutes les chances de mon côté lorsque je suis consciente de la force de mon adversaire. Et en l'occurrence, ceux-là n'étaient en aucun cas négligeables.
— Je n'en ai ni l'envie nécessaire, ni l'ordre.
Des paroles intéressantes, me donnant un renseignement important ; il agissait pour quelqu'un. Ce n'était pas un activité indépendant, avec cette femme, mais bien des actes qui se faisaient sous les demandes ou l'influence de quelqu'un, ou même d'un groupe de personnes. Cela n'éclairait cependant pas la raison pour laquelle ils s'en étaient pris à nous, mais ce n'était pas le meilleur moment pour y réfléchir, à moins qu'ils décidaient de coopérer avec nous pour que l'on ai pas à creuser une matière inconnue seuls.
— L'ordre que l'on m'a donné, est celui de vous menacer.
Au moins, c'était français, clair et franc. Il ne passait pas par quatre chemins, bien que d'autres questions s'étaient soulevées en même temps dans ma réflexion. Si cela était la raison de leur présence et de leur hostilité, cela voudrait dire que nous avions des ennemis dont on n'avait jamais connu l'existence, et qu'ils nous disaient explicitement qu'ils veilleraient à ce que l'on ne mène pas à bien nos missions et même, à nous détruire.
Après avoir terminé d'arranger mon habillement qui était ma foi très beau, je m'étais doucement levée, tenant tête une nouvelle fois à mon adversaire qui soupirait. Je lui souris, de manière insolente, telle une enfant qui semblait être totalement inconsciente de la situation. Il faisait le premier pas en se dirigeant vers moi, se décomposant une nouvelle fois alors qu'il était sur le point de m'attaquer une nouvelle fois avec ses formes cubiques. Alors qu'il était tout près de moi, je me mis à la distance idéale pour le surprendre, m'empoignant d'une structure métallique sous mon bas, la sortant d'une poche qui était accrochée autour de mon genou droit. Des bruits de transports terrestres et aériens se firent entendre, m'indiquant l'avancée de la situation qui était très correcte. Je positionnai mes derniers doigts dans les quatre trous de l'arme blanche contondante avant de fermer mon poings, puis de prendre l'élan et de frapper avec l'énergie de l'ensemble de mon corps l'amas des éléments qui étaient sur le point de me toucher. Au contact physique de mon attaque, une bonne partie de ces particules se virent propulsées à plusieurs mètres de moi alors qu'un gémissement atteignit mes tympans et que l'homme se recomposait peu à peu par mon attaque.
— Allons-nous en, Qays.
Je me dirigeai vers la voix féminine qui n'appartenait à nulle autre personne que sa coéquipière. Elle était à plusieurs mètres de mon acolyte qui était entouré de plusieurs petites créatures dessinées mais dangereuses, alors qu'il était arme de son éternelle machette qu'il savait manier avec une telle précision que parfois, cela me surprenait. En d'autres termes, nous n'étions plus en mouvement beliqueux, les deux attaquants décidant même de se retirer de ce combat qu'ils avaient provoqué.
— Pas question.
C'était censé être prononcé en un chuchotement, mais le son de ma voix s'était un peu plus élevé ce qui avait dû attirer leur attention. Mon adversaire avait refusé évidemment, et des particules formant un cercle apparurent ; il s'agissait d'un portail de téléportation. Il était différent du nôtre qui habituellement était beige éclairé avec des espèces de paillettes autour. Celui-ci était de couleur grise, avec une ambiance assez froide qui ne me donnait personnellement pas l'envie de m'y rendre, à moins que ma curiosité était réellement plus forte.
Je voulais savoir d'où ils venaient, le contexte de leur attaque et prévention. Je me remettais en question, me demandant ainsi s'il existait bien un autre monde que le nôtre, et pourquoi est-ce qu'il se manifestait après tout ce temps de notre ignorance en nous offrant une telle animosité. C'était probablement la seule occasion pour moi de le savoir, il me fallait une réponse maintenant ou ce serait trop tard. Ils se retournèrent, se retrouvant dos à nous, me laissant alors profiter de cet instant pour agir une énième fois. Je jetai nonchalemment l'un de mes coups-de-poing américains par terre avant d'appuyer sur un bouton qui se trouvait sur l'autre arme similaire, où se trouvait aussi une forme pointue utilisée en guise de dague. La commande permettait cependant de faire apparaître une seringue automatique, où il n'y avait donc pas de piston, ce qui facilitait la tâche.
En levant la tête, un autre portail de téléportation avait apparu, mais c'était celui de mon acolyte qui avait surgi devant celui de nos adversaires, les empêchant ainsi de s'en aller. Il était face à la femme, encore une fois, qui l'insulta et l'ordonna de s'en aller en criant qu'il n'avait pas de temps à perdre avec lui, ce qui n'était pas suffisant pour qu'il obéisse évidemment. Face à ce manque d'attention de mes ennemis, je pris assez d'élan et d'énergie pour lancer la seringue en direction du dénommé Qays.
La destination n'était pas celle que j'espérais. L'embout n'avait même pas touché une once de sa peau. Le concerné s'était retourné et avait eu le temps d'attraper l'objet de ses deux doigts, avec une telle finesse que cela m'avait impressionnée.
— Pourquoi tant de violence ? Il aurait suffi de me demander.
C'était bien osé de me dire cette phrase après avoir gâché une fête, bien que ce mariage n'avait pas lieu d'être, et de s'être permis de nous menacer. La suite était incompréhension sur le coup, me faisant froncer les sourcils. Il avait pris la seringue entre la paume de sa main, et en m'accordant un regard, il se mit à l'implanter lui-même dans sa peau. La petite machine avait alors mécaniquement absorbé une partie de son sang qui était dans son organisme, ce qui se voit par un clignotement de couleur verte. Un bruit ressemblant à l'ouverture d'une serrure atteignit nos tympans, et il ôta alors l'embout de sa peau, avant de me la jeter en l'air pour que je la récupère.
— A bientôt, Aella.
Je soupirai doucement en voyant qu'il connaissait mon prénom ce qui était loin d'être un bon signe. Mon acolyte avait observé la scène, ainsi que la femme qui avait durant tout ce temps un sourire facétieux. Cette dernière créa un nouveau portail, que Jaycen n'avait pas pris la peine de bloquer en voyant que j'avais bien récupéré un échantillon, bien que la manière était inattendue.
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Zodiacera [ EN PAUSE ]
FantasyNotre monde est peuplé d'humains, d'individus qui côtoient la vie, qui la chérissent comme ils peuvent la détester. Un jour, peut-être, ils se rendront compte qu'ils courent à leur propre perte. En attendant, les zodias, ceux qui vivent dans un mond...