— J'arrive de suite.
Après quelques courts mots échangés, il raccrocha enfin. Je soupirai doucement en posant mon téléphone sur ma table de chevet, puis me retourna. A mon plus grand regret, Aella était déjà parti, probablement à cause de mon appel et de son heure de rendez-vous. J'aurai bien voulu m'assoupir un moment, mais ma présence était demandée.
Comme elle l'avait fait tantôt, je me préparai à mon tour en allant me doucher, puis m'habiller pour sortir de ma résidence. Je me rendis au garage et pris ma voiture. Ma destination était le bâtiment principal, précisément à la zone scientifique. Sa meneuse m'affirmait au téléphone avoir trouvé un indice concernant la venue des soeurs à Zodiacera. Il était temps après tout.
J'arrivai rapidement au QG, dans une quinzaine de minutes, puis montai à l'étage correspondant au pôle de la recherche.
— Steafan.
Une silhouette familière marcha à mes côtés ; il n'était pas nécessaire de me retourner vers elle pour savoir de qui il s'agissait. C'était Nyada, ma collègue et mon adjointe, qui avait sûrement été appelée à son tour pour récolter cette fameuse information. Cette dernière devait être vraiment valorisante pour que l'on soit tous les deux déplacés. Généralement, l'un de nous était mis au courant, puis renseignait l'autre lors de retrouvailles, ou dans un message. Je la saluai alors sans m'arrêter, jusqu'à ce que l'on soit arrivés à la zone scientifique. En nous voyant, les gardes ouvrirent les portes pour nous laisser entrer, ce que l'on fit rapidement avant qu'ils ne les referment derrière nous.
Nous marchâmes alors dans les différentes pièces, nous dirigeant vers le bureau de la meneuse, puis son laboratoire qui était juste à côté. Mon amie toqua à la porte, et nous eûmes l'autorisation de nous rendre dans la salle. Une fois à l'intérieur, notre attention était portée vers notre collègue qui était en plein mouvement, une fiole, une pipette jaugée et une plaque à la main, avec un microscope à quelques mètres d'elle. Nyada et moi se tûment pour ne pas la perturber, l'observant tranquillement.
— On a découvert des similitudes entre le sang d'Eléonore et le nôtre.
Melanctha n'avait pas terminé de poser le liquide sur la plaque qu'elle avait déjà abordé le sujet, qui était d'ailleurs surprenant, ce qui pouvait se lire sur notre visage. Des semaines auparavant on avait dit que les soeurs avaient une ADN totalement humaine, pour ensuite nous dire le contraire. Elle était encore en mouvement, et semblait en pleine concentration, nous poussant à ne pas répondre immédiatement à ce qu'elle venait de dire. Lorsqu'elle eut terminé, elle soupira doucement, enleva ses gants et ses lunettes, puis se tourna vers nous.
— J'ai prélevé le sang des filles avant qu'elle ne parte pour avoir ces résultats, mais nous sommes sûrs et certains que ce n'était pas les mêmes quand elles sont arrivées.
En effet, c'était perturbant, et cela demandait réflexion. Je me tournai vers mon adjointe qui n'avait pas quitté son air réfléchi, fixant le microscope que Melanctha venait d'utiliser. Sans attendre, ma collègue se déplaça vers une chaise près de la scientifique qui se poussa pour lui laisser la place, et continua les explications.
— Les humains, qui sont dans la police scientifique, utilisent des techniques pour différencier le sang d'un de leur semblable à celui d'un animal. Pour cela, ils font diluer le sang, trouvé dans la scène de crime, dans du sérum physiologique. Les anticorps du sang vont se mélanger à cette solution, puis nous ajoutons dedans du sérum antihumain contenant des anticorps immunoglobulines. Nous savons qu'il s'agit du sang d'un humain lorsque nous obtenons une agglutination antigène-anticorps.
Après avoir entendu cela, je me dirigeai vers les femmes pour voir ce qui se trouvait dans l'oculaire de ce microscope. Lorsque Nyada termina son analyse visuelle, elle se retira et me laissa m'asseoir sur sa chaise.
— Nos ascendants scientifiques ont créé un sérum antizodia grâce à cela au cas-où l'occasion se présentait, poursuivit-elle. Eléonore et Laëna sont les premières à le tester réellement.
Je me penchai légèrement afin d'avoir la vision microscopique de cette plaque. La scientifique m'expliqua qu'une agglutination, c'est la réunion en amas d'un antigène sous l'action d'anticorps spécifiques. Il y avait des rassemblements de plusieurs points, ce qui m'indiquait que c'était bien le sang d'une zodia.
— Pourquoi est-ce que c'est différent par rapport à la première fois ?
C'était bien la question que l'on devait poser. Je me retirai à mon tour et me tournai vers Melanctha, écoutant la conversation dont les interlocuteurs étaient principalement elles. La chercheuse se leva doucement en déboutonnant sa blouse, puis nous fait projeter des images, celles qu'elle avait montrées lors de notre première réunion concernant les humaines.
— La première analyse s'est faite une journée après leur arrivée. Comme vous le voyez là, et vous l'avez vu le jour-même, nous n'avions pas de réunion antigène-anticorps, ce qui est différent d'aujourd'hui. Nous avons fait l'hypothèse que leur identité du zodiaque se manifesterait à des moments précis.
Nous comprenions. Lorsqu'elles employaient le terme scientifique lié à une supposition, cela voulait dire qu'une demande allait se faire, mais elle n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit que Nyada la dévança.
— Fais autant de prise de sang que tu penses nécessaire, autorisa-t-elle, tu as carte blanche. Concernant la petite, j'imagine qu'elle est aussi concernée par ce changement bien que tu ne nous en ais pas parlé. Cependant, vu son âge, je préfère qu'on ne le fasse pas trop sur elle, voire pas du tout. Eléonore nous suffit amplement.
Melanctha le comprenait, elle ne pouvait que faire cela d'ailleurs. Elle hocha la tête en guise de compréhension ce qui mit fin à notre petite réunion improvisée. Par contre, c'était bien loin d'être celle de la journée, qui sera aussi longue que d'habitude. Sans un mot, nous partâmes de la zone et prenâmes un chemin différent. Pour ma part, c'était vers mon bureau où, sur la table, était déjà posé plusieurs documents. Il s'agissait des résumés faits par les meneurs sur les rapports envoyés par les membres de leur pôle. Ils devaient le faire toutes les semaines, et moi je devais les lire avant le dimanche pour préparer la réunion du lundi lorsque cela me semblait nécessaire. Aella n'allait pas rentrer avant quelques jours, alors il suffisait que je fasse passer le temps en analysant ces dossiers pour profiter de sa présence lors de son retour, bien que c'était pour quelques jours.
Or, il fallait bien que j'arrive à me motiver, et ce n'était pas en restant coincé entre ces quatre murs. Rapidement, je pris un sac-à-dos qui était dans mes placards, puis rangea les documents dans une pochette que j'emportai avec moi, accompagnée d'une bouteille dos et de quoi grignoter. Je sortis enfin de la pièce et du bâtiment pour me rendre pas très loin, au Jardin de Zodiacera où jouaient des enfants. C'était un endroit apaisant, malgré les bruits qui pouvaient surgir à cause des petits, et impeccable pour lire des documents.
Je m'allongeai sur l'herbe, posant mon sac à côté de moi, puis pris la pile de papiers entre mes mains pour les lire entièrement un à un. Ces rapports étaient tous intéressants, et lorsqu'il y avait quelque chose de nouveau et d'important, je les notais dans un carnet à côté de moi. L'habitude de cette même tâche cependant me fatiguait ; c'était loin d'être le meilleur poste.
Quelques heures après que ma lecture avait commencée, mon téléphone vibra et émit un son en même temps, m'indiquant que quelqu'un tentait de me contacter. Je soupirai doucement, puis me redressai afin de récupérer mon portable, puis appuya sur un bouton avant de l'approcher à mon oreille.
— Steafan, tu dois assister à une audience.
Je haussai un sourcil à cette annonce. Il s'agissait de Leyja, la meneuse du jugement et donc, celle qui s'occupait des procès importants de Zodiacera. C'était très rare de recevoir un appel de sa part, et lorsqu'elle disait que ma présence était indispensable, cela voulait dire qu'il s'agissait d'une grosse affaire. Je n'eus pas besoin de poser la question qu'elle me répondit de suite.
— Egeria a une liaison amoureuse.
Sa voix était assez sévère, comme en son habitude, mais un peu plus cette fois-ci. Les gens pensaient qu'en tant que chef, j'étais celui qui faisait le plus respecter la loi de Zodiacera. C'était faux, c'était Leyja et personne d'autre qui était la plus sérieuse dans sa tâche de meneure. En effet, une règle qui aurait été écrite par les ancêtres, c'était que tous les dirigeants des zones n'avaient pas le droit d'avoir une relation amoureuse, et non sexuelle, avec quiconque. Elle était présente afin que les meneurs puissent être sûrs de leur volonté d'assister au poste, et pour qu'ils soient complètement concentrés dans leur rôle et rien d'autre. Les responsabilités d'un chef étaient très grandes ; les négliger revenait à laisser tomber une partie de Zodiacera ce qui était très grave dans les principes des habitants.
— Quand ?
Je ne voulais pas y participer, mais le choix ne m'était pas donné. Lorsqu'elle m'aura donné la date de l'audience, à moins d'avoir une réelle raison d'annuler, ne pas accorder ma présence aux juges serait incorrect. Et puis, surtout, ce n'était pas dans ma volonté de faire douter ma relation avec Aella, et il était hors-de-question de lui apporter des problèmes.
— Regarde tes messages dans la soirée.
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Zodiacera [ EN PAUSE ]
FantasíaNotre monde est peuplé d'humains, d'individus qui côtoient la vie, qui la chérissent comme ils peuvent la détester. Un jour, peut-être, ils se rendront compte qu'ils courent à leur propre perte. En attendant, les zodias, ceux qui vivent dans un mond...