Le fauteuil du grand-père | 37 mins | (Myroire)
La pièce sombre sentait le tabac, comme d'habitude.
Le ventilateur au plafond avait beau être allumé, les puissants cigares du grand-père imprégnaient la pièce de leur odeur fétide.
Aujourd'hui était censé être un grand jour.
Valan était revenu de son voyage, les mains remplies de cadeaux et la tête de souvenirs.
Rott et Pongo, les cadets jumeaux avaient fait préparer un véritable festin par les domestiques.
Adriellia racontait ses dernières amourettes avec force détails, comme elle se plaisait si souvent à le faire.
Mais aujourd'hui devait surtout être un grand jour car grand-père mariait sa petite fille a Versice, un ami de la famille depuis longtemps.
Moi, Giulio Brando, j'étais le seul à ne pas avoir de bonne nouvelles à rapporter.
Des nouvelles fort déplaisantes à dire vrai.
Pris d'un léger mal de ventre, je m'étais excusé, prenant le temps, dans la salle de commodités, de reprendre mes esprits et de me préparer à tout avouer.
Une longue respiration, puis deux.
Je m'étais relevé.
J'avais lentement traversé le corridor.
J'avais repoussé la porte.
Maintenant, j'y suis.
La pièce sombre sent toujours le tabac, comme d'habitude.
Le tabac froid.
Prit de tremblement j'observe la scène.
Le silence, seulement interrompu par les saccades des pales du ventilateur.
Valan s'est écroulé dans son assiette, empoisonné.
Adriella est au sol une balle en pleine tête.
Pongo agonise, sanglant, dans les bras sans force d'un Rott, cœur boutonné d'un stylet.
Quant à grand-père, il a connu le même sort funeste.
Il ne reste que moi.
Je met un temps à comprendre, à accepter.
Je m'approche lentement de chacun d'entre eux, mort ou condamné. Je vérifie néanmoins.
Finalement j'arrive devant le vieil homme poignardé.
Je me penche et le serre contre moi pour lui dire adieu, lui retire sa chevalière, puis le soulève et l'entasse avec les autres corps.
Je m'assied dans le fauteuil de grand-père et tire sur la cordelette.
Les domestiques arrivent, avec un autre homme. Parfait, c'est lui que j'attendais.
Ils se tiennent devant moi, choqués par l'horrible scène.
Je leur dit simplement :
- Occupez vous de ces corps, proprement, avec respect. Et toi, Gino, c'est bien ça ?
- Oui monsieur.
- Tu as bonne réputation dans la famille, alors je te souhaite à mes côté comme bras droit. Acceptes-tu ?
Il s'approche.
Je lui tend ma main.
Il embrasse la chevalière.
Depuis le fauteuil de grand père, je donne mon premier ordre :
- Mon petit Gino, répand la nouvelle. Et pour ce qui est des fiancés ... et bien il n'y a plus de raison de les pourchasser. Si possible, qu'on les informe du changement, sinon, qu'on les laisse en paix.
- Comment cela ? Y aurait-il un problème avec eux ?
- Ils ont prévu de s'enfuir loin de la famille. J'étais censé l'annoncer à grand-père, mais ... je suppose que ce n'est plus nécessaire, comme ils se sont entre-tués.
- Très bien, ce sera fait.
Il me salue et part.
Je croise les jambes sur la table, j'attrape un des fameux cigares de grand-père et le coince entre mes lèvres.
Aujourd'hui est effectivement un grand jour, car moi, Giulio Brando, ai pris la place de parrain, à la tête de cette grande famille.
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Le fauteuil du grand-père
Short StoryNouvelle de la série quotidienne de "Écris donc !". Sujet du jour, Le fauteuil du grand père. Univers : Myroire Kono Giulio Brando ni wa yume ga aru ! Retrouvez la page de "Écris donc !" sur Facebook, pour écrire ou lire des nouvelles quotidienne su...