Art de Brume

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Un visage scultpé dans le crystal. Des iris de moissanite. Une créature issue d'un moule. Aucun artiste sur Terre n'aurait eu les mains assez fines pour créer une telle œuvre d'art. Sirius même lui aurait envié sa lumière, le diament même lui aurait envié son éclat.

Le garçon était admiratif, absorbé par ses mouvements gracieux, par sa lumière rayonnante. Il pourrait se brûler les yeux à l'observer. Il pourrait se briser le poignet à le dessiner. Son carnet de dessin était plein, plein de sa grâce, plein de sa féerie, plein de sa beauté aphrodisiaque, de ses courbes sensuellement taillées dans sa peau de velour. Il était un être de désir et d'innocence à la fois. De grâce, d'élégance, d'aménité... Plus, il en fallait toujours plus. Il fronça les sourcils, jettant soudainement son crayon, arrachant la page de son carnet pour la froisser. La frustration le prenait, elle lui attarapait les mains, l'empêchant de dessiner librement. Plus parfait... Jamais assez parfait. Cette créature à la beauté qu'une simple feuille de papier et un crayon ne pouvaient que trahir. Cette beauté intranscriptible. Non, il n'y arrivait pas. Il était trop magnifique pour que des mains aussi sales et abîmées que les siennes puissent lui rendre honneur. Il avait l'impression de lui voler sa beauté, de lui arracher sa lumière.

Alors il resta assi appuyé contre un arbre, ne quittant jamais, au grand jamais, cette silhouette chaloupée qui se mouvait plus légèrement que l'air. Cette silhouette à l'aisance qui défiait la gravité. Il était centre de gravité. Du moins, il était son centre de gravité, il était attiré par cette créature plus que par la gravité, une attirance presque perverse, presque grave. Mais il s'en fichait. S'il pouvait admirer sa beauté ne serait-ce qu'un instant alors il était prêt à tous les vices. Alors il le regarda s'envoler, ou presque, il le regardait danser, encore et encore, il était bien trop doué à ça.

Puis dans un dernier mouvement, dans une dernière souplesse, il termina sa danse dans une position statuesque. Il resta ainsi quelques secondes, seuls ses cheveux ébènes se mouvaient doucement avec la brise. Le temps n'était pas ensoleillé, le ciel était recouvert d'un voile blanc, le paysage plongé sous une fine brume humide, les minuscules particules d'eau se posaient sur son visage de crystal, créeant des milliers de petits diaments sur sa peau laiteuse. La nature était si bien faite. Le paysage était féérique. Au milieu de cette étendue d'herbe, entre des arbres aux feuilles d'un vert émeraude, près d'un lac clair qui reflétait le blanc pur du ciel, brillait la plus belle des pierres. Ou une fée, ou bien un ange, un être mythologique. Il se redressa finalement puis s'approcha du garçon assi auprès de l'arbre, qui le regardait s'avancer vers lui avec un sourire admiratif, stupide et pur collé au visage.

"Tu es absolument magnifique Sicheng." il avait dit quand sa muse était enfin arrivée à son niveau. Et ce dernier avait juste sourit, avant de s'asseoir auprès de lui. Ils restèrent un instant assis l'un auprès de l'autre sans parler, juste concentrés sur le calme ambiant. Si le paradis était sur Terre, il était certainement ici, certainement auprès de ce garçon. "Je peux voir ce que tu as dessiné ?" demanda soudainement Sicheng. Mais le garçon n'osa pas le regarder, il préfera plutôt baisser la tête et pincer les lèvres, honteux. Il n'y avait aucun moyen de retranscrire une telle beauté sur un bout de papier. "Je... Je n'ai pas dessiné... Désolé... Je n'y arrivais vraiment pas aujourd'hui." Il avait simplement répondu, n'osant toujours pas croiser son regard. "Ten, tes dessins sont magnifiques, n'en doute jamais. C'est normal de ne pas avoir confiance parfois, c'est la preuve que tu as un sens critique. Mais on est toujours plus dur avec soi-même. Si tu n'y arrives pas aujourd'hui, alors ce n'est pas grave, tu y arriveras mieux demain ou après demain. Tu dessines tellement souvent, parfois, il faut savoir s'éloigner un peu des choses qu'on aime pour mieux les apprécier." Et le-dit Ten avait simplement acquiescé. Mais s'il venait à être éloigné de lui trop longtemps, il deviendrait certainement fou, dingue, ou malade. Feu, brûlé, puis cendres.

Art de Brume [OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant