Damage

Chapter Two

Lavé, débarbouillé, décrassé, Baekhyun se retrouve rapidement propre comme un sous neuf, la peau brillante, le teint frais. Et nu comme un ver.
Terriblement gêné, il se tortille au milieu de la pièce en cachant son entrejambe derrière ses paumes, attendant les joues rouges que les demoiselles se décident sur sa tenue. Ces dernières s'affairent autour de lui, choisissant les tissus de sa nouvelle et première tunique « impériale » en comparant les déclinaisons qui lui iraient le mieux.

Très vite, le choix se rapporte à une fine tunique couleur beige aux fils d'or doté de deux épaisseurs. Les différents tissus, si doux sur sa peau, épousent son corps frêle avec une telle légèreté qu'il esquisse quelques gestes pour s'assurer qu'il est bien vêtu. Le pantalon de lin qu'il enfile est fait dans les même tons, et le blondinet n'en revient pas lorsqu'on lui apporte une paire de sandales pour ses pieds abîmés.

Rien de cela ne vaut les belles tuniques et les beaux ensembles colorés des demoiselles comme des gardes, ainsi que leurs jolis souliers ou leurs robustes bottes, mais Baekhyun ne s'en importune pas. Jamais avant il n'a reçu de chausses de sa vie, et son cœur tambourine vivement dans sa poitrine tandis qu'un frisson d'excitation cavale sur sa peau.
Alors, lorsque les femmes autour de lui se dispersent pour s'assurer qu'il est prêt, le blond se voit enfin dans les grands miroirs qui recouvrent le mur de pierre en face de la porte, restant bouche-bée.

Avec ses cheveux blonds qui étincellent comme les rayons du soleil et ses yeux bleus resplendissant de leur éclat saphir, puis son teint clair rehaussé par son ensemble beige aux fils d'or, nul doute que Baekhyun est atypique. Ses doigts se portent à ses joues, les pinçant doucement pour tordre son visage dans une grimace. Il est si différent des autres...

Leurs cheveux sombres et leurs yeux couleur charbon, leurs vêtements colorés ainsi que leurs visages rieurs qui contrastent avec le sien, si triste... Même leurs peaux légèrement halées par le soleil n'a rien à voir avec la pâleur de son teint... Tout, tout du peuple de Myvlyrie le différencie d'eux...
La tristesse s'empare à nouveau de son être face à sa différence, la solitude lui brisant une nouvelle fois le cœur. Seul, il se sent si seul...

Les doigts des demoiselles s'emparent soudain du jeune homme, le tirant vers la porte en se chamaillant entre elles au sujet de leurs tâches respectives. Mais il ne les entend pas, il n'entend pas leurs voix. Elles ne sont que fond sonore sur l'algorithme de ses pensées.
Seul le silence du couloir le ramène à la réalité lorsque les portes de la salle des bains se referment derrière lui. Le silence, et, l'accueil chaleureux des gardes qui l'encerclent à nouveau de leurs pointes d'acier pour lui poser ses fers aux poignets.

Las, le blond reprend le circuit des couloirs du palais. Il est promené à nouveau, sans un mot, vers une destination inconnue. Les colonnes se succèdent les une aux autres, les couleurs toujours aussi flamboyantes, les rayons du soleil éclatants.
Baekhyun en profite pour apprécier la vue, ne sachant quand ce manège va s'arrêter. Les gardes sont étonnamment silencieux, comme si sa présence les importunait. Il le sent bien, le dédain qu'ils lui portent.

Ce n'est qu'une dizaine de minutes plus tard qu'ils s'arrêtent enfin au pied d'une immense et lourde porte sculptée. Sur chaque panneaux de bois sont peints et taillés des dragons d'or, recouvrant l'immense surface couleur pourpre où trônent fièrement en leur centre deux énormes heurtoirs en or représentant le reptile sacré, emblème de l'empereur.
Ébahi, le blond n'a pas le temps de contempler l'immense porte plus longtemps, deux des gardes se plaçant devant lui en le fixant d'un air de dégoût.

– Toi, tu la boucle ou je te tranche la langue devant son impériale excellence.

Devant le ton menaçant que prend le garde à sa droite, Baekhyun sait que c'est un avertissement. Vu la répulsion qu'ils lui portent, il sait que le moindre faux pas sera prétexte à mettre cette menace à exécution. Par n'importe lequel d'entre eux.
Être pomponné et « escorté » ainsi par le service impérial est un traitement de faveur hautement supérieur à son rang, médiocre et insignifiant, accentué par le dégoût de sa laideur.
Mais le jeune homme a également conscience que cela est synonyme de danger. Un esclave apprêté dans une cage dorée ? Cela sent mauvais.

Les deux premiers gardes attrapent chacun un heurtoir en main, tapant six grands coups contre le bois. Les panneaux s'écartent alors avec lenteur, tandis que l'escorte s'avance et entraîne le blondinet à l'intérieur de ce qui se dévoile sous ses yeux, être la grande salle du trône.

– Le cadeau de l'empereur !

Une voix puissante annonce Baekhyun de nulle part tandis que les regards tombent sur lui. L'agitation se fait aussitôt autour d'eux, les courtisans s'affolant à sa vue excentrique, voir même à leurs yeux, surnaturelle. La confusion et l'horreur se lisent sur les visages, faisant baisser au blondinet avec honte ses yeux si clairs. Il se sent extravagant, insolite et grotesque.
Le jeune homme sait que la satisfaction se lit pleinement sur les visages des gardes derrière lui, autant que leur mépris maintenant partagé par la cour.

Son escorte s'arrête au pied de l'immense trône de jade qui surplombe sur une estrade de marbre l'assemblée, aux côtés d'un soixantenaire voûté qui le fixe avec dédain. Son ancien propriétaire. Ce dernier le fusille d'ailleurs du regard à la vue de son apparence si soignée, affichant clairement ce qu'il pense de son traitement de faveur à l'égard de son statut.
Pourtant Baekhyun ne le regarde pas. Non, il a timidement levé les yeux vers le trône de jade, avant de les baisser aussi vite à la vue de l'empereur qui le fixe avec curiosité.

– Votre majesté impériale, s'exclame le soixantenaire voûté d'une voix forte, un présent pour le retour de guerre de son altesse impériale.

Baekhyun relève la tête, stupéfait, comprenant enfin et avec effroi entre les mains de qui sa vie vient d'être placée. Ou plutôt, entre les griffes de quel monstre...

***