quart de nuit

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Ce n'était pas le fort du climat d'Islemer, petite région coincée entre mer et montagnes, de faire dans la mesure. Les temps chauds étaient brûlant, voire caniculaires, les hivers secs et glacials et les pluies torrentielles. L’une d’entre elles s'abattait justement en ce moment même avec violence contre les volets fermés des habitations. Les bâtisses les plus fragiles tremblaient pendant que des ruisseaux se créaient le long des trottoirs de la ville. Une véritable tempête couvrait le ciel et s'infiltrait dans les rues. Rues d'ailleurs désertes, à quelques audacieux près qui rentraient chez eux à toute allure, bien à l'abri dans leurs véhicules. Ce fut le cas d'une petite Fiat qui roula sur une énorme flaque avec une telle vitesse qu'elle éclaboussa par la même occasion le jeune homme qui attendait devant la vitrine fermée d'une épicerie. 

“Putain!” grommela le garçon à présent trempé jusqu'aux os. 

Son t-shirt lui collait à la peau d'une façon foutrement désagréable. Il espérait qu’on le ferait bientôt entrer.
Après dix longues minutes, l'étudiant attendait toujours devant cette porte fermée. Elle-même semblait lui rire au nez. Il frappa à nouveau contre celle-ci, plus par rage que pour que quelqu'un l'entende. Il n'avait plus vraiment d'espoir de ce côté là, et se doutait bien qu'on l'ignorait volontairement. Tant pis, il se laisserait mourir de froid, et ce uniquement par la faute de celui qui l'abandonnait à cet orage. Le garçon aux cheveux argentés espérait bien que cela lui reste sur la conscience.

Il se laissa alors glisser contre le mur jusqu'au béton mouillé. De toute façon, lui-même ne pourrait l'être davantage. 

Ses yeux fatigués observèrent la rue grise et agitée de l'autre côté de ses mèches aplaties. Tout semblait complètement flou à cause de la pluie, comme une photo prise en amateur. Elle aurait pu être prise par le lâcheur qui profitait probablement de la chaleur de son appartement à l'heure qu'il était. Il était aussi mauvais en photographie qu'en amitié. 

Le garçon secoua la tête, il devait arrêter de penser à lui. Bientôt Chan s'en voudrait et l'étudiant aurait sa vengeance émotionnelle. C'était récurrent chez Minho de faire payer les autres en leur mettant sur le dos tout le malheur qui lui arrivait, même quand il en était l'unique responsable. Il n'avait aucune idée de pourquoi il agissait de la sorte, pourquoi il se faisait du mal pour faire souffrir les autres, mais c'était ainsi depuis toujours.

Finalement, alors que son corps n'avait même plus la force de grelotter et que sa peau virait doucement au violet, il sursauta. La porte derrière lui venait de s'ouvrir brusquement sur un garçon blond. Ce dernier tenait fermement la poignée et fusillait du regard Minho qui gisait au sol. 

“Tu mériterais que j'te laisse mourir de froid, mais j'ai l'impression que cette situation te ferait trop plaisir.”

Minho ne répondit pas. Il se contentait de fixer Chan avec une tristesse douteuse. Évidement, l'épicier n'y croyait pas. Il détourna les talons et retourna à l'intérieur sans un mot de plus pour le plus jeune. Cet abruti pouvait désormais se mettre à l'abri ; mourir de froid était à présent de sa propre responsabilité. 

Lorsque Minho se décida finalement à entrer, Chan était déjà remonté dans son appartement. Le grisé referma la porte derrière lui, penaud. Son plan n'avait pas vraiment fonctionné. Il traversa ensuite l'épicerie jusqu'à l'arrière boutique pour rejoindre les quartiers habitables.

La petite bâtisse appartenait à un vieil homme qui peinait à s'occuper de son commerce auquel il tenait pourtant beaucoup. C'était une affaire de famille qui s'éteignait doucement. Sentant son déclin, le vieil homme avait embauché Chan, qui en échange de son aide à la boutique pouvait loger dans l'appartement du dessus 

Boy of the Storm | minchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant