amour philosophique
7h30. Mon réveil sonne. Les vacances sont finies et j'ai rangées les miennes dans des valises en carton..
Voilà le premier jour de la rentrée, ça me déprime de voir tous ces gens dans ma classe qui se plaignent de mon odeur; je cite « OUVREZ LA FENÊTRE VOILÀ VICTOR LIMONADE!! ». J'en ai assez, personne ne me soutient...
Je me lève et prends mon petit déjeuner, des céréales molles du fond du placard, merci,maman....
Je ne me douche pas, comme chaque matin, je ne trouve pas le temps...
Je prends le bus, direction mon lycée.
Arrivés au bahut, tous les élèves se précipitent sur les feuilles ou sont inscrit les noms des professeurs, en espérant en avoir des meilleurs que l'an dernier..Tiens, je suis en TL2, et mon professeur se prénomme Monsieur...Kiwi ? Joli nom.. J'espère qu'il sera gentil et me défendra vis à vis des autres dans la classe. C'est peut être lui mon ultime solution.
Pff...Tous ces escaliers pour monter en salle 610 où je retrouve tous les zouaves de l'année passée. Dans les rangs pourtant déjà, mon regard se pose furtivement sur un tout nouvel élève.. Je le contemple un instant et remarque son élégance rare : manteau long et droit, pantalon droit, col roulé, lunettes rondes qui soulignent son regard perçant...Il a l'air sérieux et autoritaire, mais avec une touche de malice dans ses yeux...
L'idée de lui adresser un mot me parcourt l'esprit, je m'avance vers lui, tentant d'engager avec lui une conversation des plus banales, juste pour entendre le son de sa voix. Quand des lors, je sursaute, il s'écrit « ALLEZ Y RENTREZ » en ouvrant la porte.
Quel malentendu ! Celui que je prenais pour un élève n'était autre que mon professeur de philosophie... J'aurais pourtant tant apprécier à lui parler et peut être même lui dire les mots bleus..ceux qu'ont dit avec les yeux..
REPRENDS TOI VICTOR!
J'étais encore dans les nuages suite à notre rencontre lorsque j'entends une voix grave provenant du bureau : « LIMONADE Victor? »
Cette voix. C'est la sienne. Il m'appelle.
« Oui? Qu'y a t il ? »
« Rien. Je ne faisais que l'appel. »
Je lui réponds alors que je suis présent, alors que mon esprit, lui, était ailleurs, bien trop occupé à essayer de comprendre ce qu'il m'arrive. Mon coeur rate un battement quand il nous ordonne d'ouvrir nos cahiers et de prendre un stylo en main. Quelle autorité masculine et naturelle....
Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. J'ai déjà fréquenté des filles auparavant pourtant, mais aucune d'entre elles ne m'a rendu dans un tel émoi. Bon sang que se passe t il?? Je remarque tous les détails chez lui.
Lors d'une blague puérile d'unes de mes camarades de classe- qui n'a pas de sourcils, soit dit en passant- sur son visage pourtant peu expressif un sourire. Léger. Nos regards se croisent pendant ce dernier. Sa moustache se redresse un petit peu, assez pour pouvoir le remarquer...Est ce que je lui fais cet effet aussi?
Tout à coup, la sonnerie retentit, c'est déjà la fin du cours, le temps passe si vite à ses côtés, je n'ai pas vu passer l'heure, mes yeux rivés sur son doux faciès.
Je prends mon courage à demain en partant et lui lance un simple mais courtois « au revoir, M.Kiwi », auquel il répond sur son ton monocorde qui lui est propre un poli « au revoir. ». Sans le savoir, son au revoir résonnera dans mon âme toute la journée, et même toute la nuit...
