échec

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J'ai toujours voulu écrire : raconter des histoires, au moins mentir...

Je n'ai jamais su écrire. Ça n'a jamais était jolie, il y avait des coquilles et des mauvaises idées. Maman n'aimait pas mes histoires et personne n'aimait entendre mes mensonges. Je faisais de mon mieux, sur papier ou sur l'ordinateur mais ce n'était jamais bien. Maman n'aimait pas. Je n'aimais pas. Je n'ai jamais aimé, et pour l'instant je n'aime toujours pas. C'est mal formulé, il y a des fautes et puis ça veux rien dire. J'ai continué à écrire et c'est toujours mauvais ou simplement superficiel. Le seul texte que j'ai réussi à créer de mes propres neurones et à aimer de mes propre neurones, puisque que le cœur est juste une pompe pour le sang, personne ne l'a aimé. Personne ne l'a compris, personne n'a trouvé ça beau. C'est bizarre d'être nulle à quelque chose qu'on fait depuis si longtemps avec passion.

J'ai voulu apprendre la musique aussi. Je n'ai jamais été capable de suivre mes leçons de solfège. Je pleurais à chaque cours de piano, même si j'ai finalement réussi à en tirer quelque chose de beau. Mais j'ai arrêté parce que ne pleurais trop. J'aurai dû, d'ailleurs, m'arrêter là. L'histoire aurait pu bien finir. Le saxophone ne faisait pas de bruit car je perds mon souffle quand je pleures. J'ai gratté mes doigts aux cordes d'une guitare, j'y croyais vraiment, j'ai vraiment cru en moi. J'ai gratté jusqu'au sang mes poignées pour me faire mal, parce que je n'ai pas réussi à faire bien.

La seule chose que j'ai su faire correctement c'est m'asseoir sur une chaise devant un bureau, sans vie. Écouter une personne que je haïssais me raconter l'histoire, parler en chiffre ou en anglais. Écrire comme un zombie, apprendre par cœur des phrases inutiles, avoir les meilleures notes. C'est tragique d'être seulement douée à la chose qu'on déteste le plus. Tellement tragique que ça m'a cassé. Je ne peux plus y aller maintenant. Je ne peux plus m'en approcher. Je ne peux plus y penser maintenant. Je ne veux plus en entendre parler, jamais. Mais les adultes en parlent sans arrêt. Ils ne parlent que de ça, comme si c'était la seule chose qui existait. Ils parlent d'avenir, de travail, d'argent, de discipline, d'éducation. Il me demande si c'est de sa faute, qu'est-ce que j'en sais ? La seule chose que je veux maintenant c'est ne plus être seule. Je ne veux plus jamais être seule, pas une seule seconde. Mais je suis seule maintenant. Seule dans un grenier froid, écrivant en plein milieu de la nuit comme si je pouvais faire quelque chose de beau.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 05, 2020 ⏰

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