≍ 62. Captive - partie 2 ≍

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Cela faisait maintenant trois jours qu'elle était enfermée dans cette pièce blanche. Elle savait que trois jours s'étaient écoulés grâce aux repas quotidiens que venaient lui apporter Himiko. Soixante-douze heures seule, assise sur un vieux matelas, avec une constante lumière éclatante. Sa peau à l'origine déjà blanche lui paraissait maintenant translucide. Elle pouvait voir avec une facilité déconcertante ses veines remplies de liquide noire sous sa peau. Était-ce à cause de la lumière artificielle ? 

Elle se leva pour faire un peu d'exercice. Ce n'était pas parce qu'elle était prisonnière qu'elle devait rester inactive. Faire des pompes et des abdominaux lui permettaient d'entretenir son corps, mais cela l'empêchait aussi de devenir folle à ne rien faire. Elle était comme un lion en cage. 

Une éternité plus tard, la porte se déverrouilla une autre fois, faisant hausser un sourcil de surprise à Kana. Le temps qu'elle avait compté depuis la dernière fois qu'elle s'était ouverte était plus court que les autres fois. 

Une belle femme, vêtue d'une robe qui moulait parfaitement son corps, apparut dans l'encadrement de la porte. Sa chevelure noire tombait en cascade sur ses épaules et sa poitrine et ses yeux de biches, encadrés par de longs cils semblaient la juger. Elle ne l'avait jamais vu, mais Kana comprit qu'il s'agissait de quelqu'un d'important. Sa façon de se tenir, sûre d'elle, et ce sourire en coin qui ne semblait pas quitter ses lèvres irritait l'adolescente sans qu'elle ne sache pourquoi. 

C'est donc toi, Kana ? demanda alors la femme en refermant la porte derrière elle.

Kana ne répondit pas. Elle la connaissait ? Mais comment ? De la même façon que les autres de la Légion de Shigaraki ? Ou d'une autre manière ? Elle sentait que la dernière question était la bonne, et elle mourait d'envie de la lui poser, mais elle préféra garder ses mots pour elle, pour le moment. 

Tu as bien grandi depuis la dernière fois que je t'ai vu.

Ecarquillement des yeux. Kana ne se souvenait absolument pas d'elle. Elle était perdue. 

Tu dois te demander qui je suis, je suppose. C'est normal, tu n'étais encore qu'une petite fille, ça doit bien dater de dix ans maintenant, continua la femme en faisant quelques pas sur le côté. 

Mais de quoi vous parlez ? Je ne vous connais ! s'étonna Kana en se mettant debout face à elle. La femme baissa les yeux pour regarder l'adolescente qui commençait à s'affoler devant elle. 

Tu ne me connais pas, mais moi je te connais Kana. Tu peux m'appeler Reverse.

Reverse ? tilta Kana. C'était le nom prononcé par la fausse Himiko, le nom que Dabi ne voulait pas qu'elle entende. L'adolescente garda le silence, attendant de voir ce que l'inconnue devant elle allait ajouter.

Il y a dix ans, je me promenais en ville, et une voiture a renversé une petite fille. Et cette petite fille, c'était toi.

Soudain, ce cauchemar, cette vision qu'elle avait sans cesse de son passé sembla s'illuminer. Cette femme aux longs cheveux noirs, qui s'était approchée d'elle en tentant de la rassurer avec des mots doux, c'était elle. Reverse. Son visage se superposa au sien.

La veille, j'avais perdu mon frère. Dans un triste accident. Enfin, c'est ce que je croyais, rit la femme. Ton coeur était endommagé, et sur un coup de tête, j'ai décidé de te donner le sien. Mais tu as eu de la chance, vous étiez compatibles.

Kana porta ses mains à sa poitrine, et effleura sa cicatrice à travers son costume. À six ans, on lui avait greffé un nouveau coeur. Elle savait qu'elle avait eu énormément de chance. Trouver un donneur compatible en si peu de temps était quasiment impossible, même avec une mère infirmière avec quelques bonnes relations.

Maiko Buto - La danse de la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant